Alimentation des enfants : Attention danger !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 5 octobre 2016

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Garantir une alimentation saine aux enfants de moins de 3 ans est une préoccupation quotidienne pour de nombreuses familles. Mais à quels polluants exposons-nous ces petits êtres fragiles en diversifiant leur alimentation ?

Un panel de 670 substances recherchées

L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) vient de publier les résultats d’une vaste étude sur l’alimentation des enfants de moins de 3 ans (non allaités). Pas moins de 6 années de travail ont été nécessaires pour réaliser plus de 200 000 analyses et couvrir ainsi 97 % du régime alimentaire des enfants de moins de 3 ans. Les aliments sont évalués tels qu’ils sont consommés (achetés, stockés, lavés, épluchés, cuits, assemblés dans un plat, etc.). Au total, 670 substances ont été recherchées parmi 9 catégories :

  • Les métaux (plomb, cadmium, mercure, aluminium, arsenic….) ;
  • Les polluants organiques persistants comme la dioxine et les furanes, qui se caractérisent par une dégradation lente, une accumulation dans les organismes vivants, une potentielle toxicité et une diffusion importante dans l’écosystème ;
  • Les additifs alimentaires ;
  • Les substances issues des matériaux au contact des denrées alimentaires comme les bisphénols et les phtalates ;
  • Les composés nouvellement formés au cours de la préparation des aliments ;
  • Les mycotoxines (toxines de champignons) ;
  • Les stéroïdes naturels (dérivés d’hormones) ;
  • Les phytoestrogènes, substances végétales dont la structure est proche de celle des hormones œstrogènes ;
  • Les résidus de pesticides (469 substances recherchées dont 92 % n’ont pas été détectées) ;

Par ailleurs, les apports en 12 minéraux essentiels (calcium, sodium, fer, cuivre, zinc…) ont été déterminés pour évaluer la couverture des besoins nutritionnels spécifiques des enfants.

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Des polluants dans l’alimentation infantile

Les niveaux d’exposition alimentaire chez les enfants de moins de 3 ans ont pu être déterminés pour 500 substances. Pour 400 d’entre elles, le risque sanitaire a été évalué. Si 90 % des substances restent inférieures aux seuils toxicologiques de référence (valeurs maximales d’exposition garantissant une absence d’effets nocifs), 16 sont pointées du doigt et nécessitent une réduction de l’exposition. Les 9 premières requièrent une action prioritaire immédiate, car de nombreux enfants sont exposés à des valeurs supérieures aux seuils toxicologiques de référence :

  • L’arsenic, présent dans le riz et les céréales infantiles à base de riz, dans l’eau de consommation ;
  • Le plomb, dans l’eau et les légumes ;
  • Le nickel, issu des produits à base de chocolat à destination des enfants de plus d’un an ;
  • Des polluants organiques persistants (dioxines et furanes), dans le lait, les poissons et les aliments trop cuits ou brûlés ;
  • Les polychlorobiphényles (utilisés comme isolants électriques) dans les poissons ;
  • Des mycotoxines (toxines des champignons) dans les préparations infantiles, les boissons lactées à base de céréales, les petits pots de fruits et de légumes, les biscuits et le pain ;
  • L’acrylamide (ingrédient de l’industrie plastique) dans les petits pots de légumes avec ou sans viande, les pommes de terre et les biscuits ;

Les 7 autres présentent un risque marqué seulement pour certaines catégories de populations. Les enfants consommant de grandes quantités de poissons sont fortement exposés à l’aluminium, au cobalt, au strontium, au méthylmercure, au sélénium et au cadmium, tandis que les consommateurs de soja et produits dérivés sont exposés à la génistéine (molécule du soja qui possède un fort pouvoir anti-oxydant mais aussi des effets de perturbateur endocrinien).

A savoir ! Certaines substances détectées au cours de cette étude sont aujourd’hui interdites en France (bisphénol A, certains pesticides et polluants organiques persistants). Cependant, les enfants peuvent encore être exposés à ces substances qui restent présentes sur de plus ou moins longues périodes dans la terre, les plantes, les animaux, etc.

Comment nourrir nos enfants en toute sécurité ?

Les apports en minéraux constatés sont globalement en adéquation avec les besoins nutritionnels des enfants. Des insuffisances d’apports ont néanmoins été observées pour les 13-36 mois en calcium, en magnésium et en cuivre, pour les 7-36 mois en fer et en zinc. Parallèlement, des excès d’apports ont été décelés chez les enfants de moins de 6 mois pour le calcium, chez les 1-3 ans pour le manganèse, le sélénium et le cuivre. Les excès d’apport en calcium chez les moins de 6 mois correspondent à la consommation de lait, plus riche en calcium que le lait infantile ou maternel.

Par ailleurs, une alimentation diversifiée entraînerait une exposition accrue aux polluants par rapport à l’utilisation de préparations infantiles. Ces observations amènent l’ANSES à recommander un début de diversification alimentaire seulement à partir de l’âge de 6 mois pour retarder l’exposition à certains polluants. La diversification alimentaire doit être progressive avec une multiplication optimale des sources d’approvisionnement.

Les poissons s’avèrent un fort contributeur de plusieurs polluants à risque, ce qui conduit l’ANSES à recommander seulement deux portions de poissons par semaine, dont une de poissons gras riches en acides gras polyinsaturés. Par ailleurs, la consommation de lait a été notée chez des enfants de moins d’un an. L’ANSES insiste sur l’importance de la consommation de lait maternel ou de préparations infantiles chez les enfants de moins de 1 an, les autres laits ne permettant pas de couvrir les besoins nutritionnels des bébés.

A la suite de cette étude – la première au monde de cette ampleur chez l’enfant -, l’ANSES projette des investigations complémentaires sur l’origine des substances nocives dans l’alimentation des enfants et la prise de mesures adéquates pour limiter l’exposition des enfants à ces substances. L’eau de reconstitution des biberons doit également faire l’objet d’une surveillance particulière et d’une modification de réglementation si nécessaire. L’ANSES envisage également des études approfondies sur certains aspects :

  • L’effet perturbateur endocrinien de certaines substances ;
  • La présence de contaminants dans le lait maternel ;
  • La présence de nanoparticules dans l’alimentation.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie


Sources

ANSES. L’Anses présente les résultats de son étude sur les expositions alimentaires aux substances chimiques des enfants de moins de trois ans. Dossier de presse. 28 septembre 2016. 17 pages.
ANSES. Étude de l’alimentation totale infantile Tome 1. Avis de l’Anses. Synthèse et conclusions. Septembre 2016. 96 pages.

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