Allergies alimentaires : les premiers signes à la naissance ?

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Rédigé par Pierre M. et publié le 11 février 2016

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Les premiers signes de l’allergie alimentaire seraient présents dès la naissance, c’est ce qu’indique une étude publiée dans la revue Science Translational Medicine (1).

État des lieux des allergies alimentaires

Les allergies alimentaires touchent toutes les catégories d’âge, avec une prévalence chez les enfants. Elles sont caractérisées par des signes cliniques plus ou moins sévères (notamment des éruptions cutanées, des picotements dans la bouche, des symptômes gastro-intestinaux)  qui surviennent à la suite de l’ingestion d’aliments spécifiques. Si les allergènes sont connus, les causes pour lesquelles les enfants développent des allergies alimentaires restent peu connues.

Des cellules immunitaires suractivées dans le cordon ombilical

Pour les besoins de leurs travaux de recherche, les scientifiques ont suivi le devenir de 697 bébés participants à l’étude de Barwon. Cette étude prospective vise à suivre la santé de 1000 enfants nées dans la région de Borwon en Australie, entre 2010 et 2013. Les bébés incluent dans l’étude se sont vus prélevés quelques gouttes de sang de leur cordon ombilical à la naissance, et ont été testés pour des allergies alimentaires à l’âge de 1 an.

Les résultats des analyses sanguines ont montré une très grande quantité de cellules immunitaires appelées monocytes, dans le cordon ombilical des enfants qui ont développé une allergie alimentaire. Les monocytes sont des cellules spécialisées du système immunitaire qui sont activées lors d’une réaction inflammatoire. Pour les chercheurs, ces cellules immunitaires pourraient pousser les autres cellules à devenir sensibles aux allergènes alimentaires. Cette découverte pourrait permettre le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques pour prévenir les allergies alimentaires qui peuvent se révéler extrêmement dangereuses, voir mortelles, chez certains individus.

Des monocytes trop zélés ?

Pour mieux caractériser leur découverte, les chercheurs ont analysé le comportement de ces monocytes en présence de bactéries. Dans une situation physiologique normale, les monocytes vont attaquer la paroi des bactéries, et envoyer des signaux pour activer d’autres globules blancs du système immunitaire. Or, il semblerait que les monocytes des enfants allergiques soient trop actifs,  et envoient davantage de signaux moléculaires pour alerter les autres cellules intervenant dans la réponse immunitaire. Ce signal, appelé cytokine, pousserait les lymphocytes T, un type de globule blanc, à promouvoir la réaction allergique au lieu d’y mettre un terme. Ce qui peut être un avantage pour lutter contre des virus ou des bactéries, peut donc se révéler être un désavantage quand l’attaque se dirige contre des allergènes alimentaires non-pathogènes.

Les scientifiques apportent toutefois un bémol à leurs résultats. En effet, tous les enfants ayant un niveau élevé de monocytes sur-actifs ne développeront pas tous des allergies alimentaires à l’âge de 1 an. Il faudra donc comprendre pourquoi certains enfants présentant ces monocytes ultra-réactifs auront des allergies et d’autres non.

Source :

(1)    Cord blood monocyte–derived inflammatory cytokines suppress IL-2 and induce nonclassic “TH2-type” immunity associated with development of food allergy. Y. Zhang et al., Science Translational Medicine, 2016