Le « dopage cérébral », une pratique nouvelle chez le sportif

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 17 mars 2016

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Améliorer les performances de l’athlète grâce à l’électro-stimulation transcrânienne est une pratique qui tend à se développer. Indétectable au contrôle antidopage, la méthode fait l’objet de plusieurs études pour déterminer sa réelle efficacité. Santé sur le Net décrypte le phénomène.

Entre espoir et inquiétude

Halo Neuroscience a mis à la disposition du grand public son premier dispositif d’électro-stimulation du cortex moteur. Une nouvelle qui suscite l’attention des comités sportifs. La société californienne vente les mérites d’un appareil qui serait capable de réduire la perception de la fatigue et d’augmenter la dextérité chez ses utilisateurs.

La communauté scientifique est perplexe. Les recherches sur ce type de technique sont encourageantes mais n’ont toujours pas été menées à grande échelle. Dylan Edwards, neurophysiologue à l’Institut Burke, bien qu’optimiste sur les résultats préliminaires s’interroge sur les effets à long terme pour le cerveau.

Une façon d’optimiser l’athlète

L’Association Américaine de Ski et de Snowboard (USSA) a accepté de tester le concept sur 7 de ses plus grands champions de ski nordique. Quatre athlètes ont reçu, quatre fois par semaine durant deux semaines, des stimulations transcrâniennes. Trois autres ont subi la même procédure mais sans application de stimuli. Les quatre athlètes ayant eu recours à la vraie électro-stimulation auraient montré une augmentation de 70% de la force et de 80% de la coordination aux tests de saut sur plateforme instable.

Une autre étude, anglaise, a été menée sur des cyclistes de haut niveau. Une nouvelle méthode comparative a été imaginée pour évaluer l’efficacité de l’électro-stimulation ciblée (partie du cortex cérébral contrôlant la fonction des jambes) sur l’endurance. Il a été demandé aux coureurs de pédaler jusqu’à épuisement. Les sportifs réellement électro-stimulés ont été capables de prolonger leur effort deux minutes en moyenne.

Dopage ou pas ?

Tout l’objet du débat est de déterminer si l’électro-stimulation prévient la fatigue ou change la perception de cette fatigue. Autrement dit, il s’agit de savoir si l’athlète trouve des ressources supplémentaires dans son effort ou s’il s’expose davantage à une blessure par shuntage de la douleur.

La question de l’usage intensif est également à explorer. Pour l’instant, personne ne sait si le cerveau s’expose à des risques de maladies neurodégénératives ou cancéreuses après plusieurs années d’utilisation. En effet, les travaux scientifiques se sont appuyés sur de petits groupes et des périodes d’à peine quelques semaines.

Ces interrogations devraient être d’actualité à l’approche des Jeux Olympiques de Rio. Les instances antidopages ont de quoi être préoccupées : l’électro-stimulation est indécelable par les techniques biochimiques classiques.

L’électro-stimulation à des fins thérapeutiques

Outre la cacophonie de la sphère sportive, la recherche a de quoi se réjouir : un nouveau volet thérapeutique s’ouvre peut-être sous nos yeux. Si un tel appareillage est capable d’améliorer la dextérité ou l’endurance chez les sportifs, le sera-t-il pour un traumatisé crânien ?

Selon Dylan Edwards, des outils plus sophistiqués pourraient permettre de cartographier le cortex selon les effets de l’électro-stimulation transcrânienne. Des réactions potentiellement bénéfiques pourraient trouver leur place dans la médecine moderne. Le chercheur évoque déjà la « prescription personnalisée de stimulation cérébrale ».

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Hadrien V. Pharmacien


Source
Sara Reardon. “Brain doping’ may improve athletes’ performance“. Nature. 11/03/16

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