Endocardite infectieuse


Rédigé par Charline D. et publié le 8 octobre 2022

coeur humain endocardite infectieuse

L’endocardite infectieuse est une cardiopathie rare et sévère causée par des bactéries, ou plus rarement des champignons. On compte entre 30 et 40 cas par million d’habitants par an en France. La mortalité durant la phase aigüe de la maladie est estimée à environ 20%. L’incidence annuelle augmente avec l’âge. Elle est, par ailleurs, deux fois plus élevée chez l’homme que chez la femme.

La maladie se manifeste par des troubles cardiaques (essoufflement, œdème, douleurs, etc.) souvent associés à une fièvre modérée. Les conséquences d’une endocardite infectieuse peuvent être dramatiques, notamment chez les individus souffrant déjà d’une pathologie cardiaque. Une hospitalisation est nécessaire. Le diagnostic de la maladie est à la fois clinique et radiologique. La prise en charge d’une endocardite implique la mise en place d’un traitement antibiotique pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Lorsque la valve cardiaque est trop endommagée, une intervention chirurgicale visant à la réparer ou à la remplacer est nécessaire.

L’endocardite infectieuse, Définition et symptômes

Chaque année, près de 2000 cas d’endocardite infectieuse sont diagnostiqués en France. Cette affection survient dans 60% des cas chez un individu ayant déjà des antécédents cardiaques. Cependant, dans 40%, l’endocardite est diagnostiquée sur un cœur sain.

Il s’agit d’une inflammation de l’endocarde (enveloppe cardiaque) touchant principalement les valves cardiaques et le plus souvent d’origine infectieuse.

Les valves cardiaques sont des clapets permettant d’assurer le passage du sang dans un sens unique. Elles sont localisées :

  • Entre l’oreillette gauche et le ventricule gauche pour la valve mitrale ;
  • A la base des vaisseaux en partance du cœur, soit à gauche la valve aortique, et à droite la valve pulmonaire.

Les valves cardiaques sont des membranes protégées par une fine couche cellulaire appelée endothélium. Ce dernier assure leur défense en cas d’invasion bactérienne. Lorsque l’endothélium est lésé, les valves cardiaques sont plus vulnérables face aux infections.

Les staphylocoques (et Staphylocoques à coagulase négative) occupent la première place des bactéries incriminées devant les streptocoques (oraux , digestifs ) et les entérocoques.

En dehors de ces trois principales familles bactériennes, de nombreux autres micro-organismes peuvent être responsables de l’endocardite infectieuse (notamment les levures). Lorsque les germes passent dans la circulation sanguine (bactériémie ou fongémie), ils vont pouvoir adhérer et coloniser la surface des structures valvulaires participant à la formation de masses friables de quelques millimètres ou centimètres appelées végétations.

A partir de ces végétations, l’infection peut s’étendre à l’ensemble de la valve générant une destruction progressive avec possible perforation et ulcération valvulaire, rupture de cordages et abcès annulaire. Ces lésions anatomiques altèrent le fonctionnement des valves ce qui se traduit par une insuffisance et plus rarement par une sténose valvulaire. Les atteintes concernent à 75% le cœur gauche avec une valve aortique plus fréquemment touchées que la mitrale (soit insuffisance aortique ou mitrale).

L’endocardite affecte deux fois sur trois des valves cardiaques déjà fragilisées par une autre pathologie. Les patients les plus à risque de développer une endocardite infectieuse sont ceux présentant une valvulopathie rhumatismale ou dégénérative, une cardiopathie congénitale, les porteurs d’une prothèse valvulaire, les transplantés cardiaques, et les porteurs de stimulateur cardiaque.

Les portes d’entrée des germes pathogènes sont multiples : buccopharyngée, digestive, urinaire ou encore respiratoire. Ainsi, les chirurgies dentaires invasives et les procédures chirurgicales d’une muqueuse préalablement infectée (bronches, tube digestif, arbre génito-urinaire) sont des gestes à haut risque d’endocardite infectieuse qui doivent être accompagnés d’une antibioprophylaxie chez les patients ayant une cardiopathie à risque. Les patients à risque doivent consulter sans délai en cas d’infection (notamment cutanée) et observer une stricte hygiène bucco-dentaire.

Certains patients sont, en effet, plus à risque de développer une endocardite infectieuse :

  • Les personnes de plus de 60 ans. L’endothélium s’abîme avec l’âge ;
  • Les individus ayant des antécédents cardiaques (chirurgie des valves cardiaques, maladie congénitale, etc.) ;
  • Les individus de sexe masculin ;
  • Les patients immunodéprimés, soit à cause d’un traitement (immunosuppresseurs) ou d’une pathologie (VIH ou cancer par exemple) ;
  • Les diabétiques ;
  • Les personnes souffrant d’addiction et/ou d’alcoolisme chronique.

Symptômes de l’endocardite infectieuse

Parmi les symptômes de l’endocardite infectieuse, on observe :

  1. Un syndrome infectieux se traduisant par un épisode fébrile dans 90% des cas ;
  2. Des signes cardiaques : l’apparition d’un souffle d’insuffisance valvulaire ou plus rarement de sténose (végétation obstructive), un tableau d’insuffisance cardiaque gauche (œdème aigu du poumon) ou droite (œdème des membres inférieurs, turgescence jugulaire, hépatomégalie) peut apparaître ;
  3. Des manifestations emboliques (formation de caillots sanguins) : les accidents vasculaires cérébraux sont fréquents.

Une endocardite peut survenir rapidement, on parle alors d’endocardite aiguë, ou de façon progressive, en cas d’endocardite dite chronique.

Si une endocardite infectieuse n’est pas rapidement prise en charge, elle peut générer diverses complications :

  • Une insuffisance cardiaque en lien avec la destruction des valves cardiaques ;
  • Un choc septique ;
  • Des troubles rénaux ;
  • Des troubles du rythme cardiaque ;
  • Un accident vasculaire cérébral ;
  • Le décès du patient dans 15 à 20% des cas.

Comment diagnostiquer et traiter une endocardite infectieuse ?

Le diagnostic d’une endocardite infectieuse est établi compte tenu d’un faisceau d’arguments cliniques (symptômes vus précédemment) mais aussi échocardiographiques et microbiologiques :

  1. Des images échocardiographiques typiques telles qu’une végétation appendue sur la valve, un abcès, une perforation valvulaire, la désinsertion d’une prothèse peuvent être observées.
  2. Une hémoculture positive (présence de pathogènes dans le sang) est retrouvée dans 90% des cas. Cependant, l’hémoculture peut être négativée par la prise d’antibiotique ou lors d’une endocardite infectieuse due à des pathogènes à croissance lente et difficile ou intracellulaire.

Prise en charge de l’infection

Le traitement repose sur une antibiothérapie prolongée, adaptée aux micro-organismes incriminés, associée pour 50% des patients à une chirurgie valvulaire. Généralement, une bithérapie par voie intraveineuse est préférée. La prise en charge d’une endocardite infectieuse nécessite toujours l’hospitalisation du patient.

A noter ! un traitement antibiotique est administré d’emblée dès la suspicion d’une endocardite. Dans un second temps, le choix de l’antibiotique peut être adapté en fonction du résultat des hémocultures. La durée du traitement antibiotique est de minimum 6 semaines.

Dans les cas les plus graves, lorsque la valve cardiaque est trop endommagée par l’infection, une intervention chirurgicale est nécessaire, soit pour poser une prothèse de valve, soit pour reconstruire la valve abimée.

Concernant les patients à haut risque de contracter une endocardite (port de prothèses de valve cardiaque, antécédent d’endocardite, maladie cardiaque congénitale), des mesures préventives peuvent être mise en place. Un traitement antibiotique préventif est prescrit pour certains gestes médicaux, par exemple :

  • Certains soins dentaires (détartrage, arrachage de dent, pose de prothèses, etc. ;
  • Une chirurgie digestive, urogénitale, de la peau ou des vaisseaux ;
  • Une intervention ORL (soins des sinus, retrait des amygdales) ;
  • Les soins sur un tissu infecté (drainage d’un abcès).

Publié le 16 octobre 2015 par Lolita P. Pharmacienne. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 8 octobre 2022.

Sources

– Endocardite infectieuse. vidal.fr. Consulté le 8 octobre 2022.


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