Schizophrénie


Rédigé par Estelle B. et publié le 23 avril 2024

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En France, environ  600 000 personnes sont atteintes de schizophrénie, une maladie psychotique très invalidante. Les premiers symptômes débutent généralement entre l’adolescence et le début de l’âge adulte et sont marqués par des distorsions de la pensée, des perceptions, des émotions, du langage, du sentiment de soi et du comportement. Psychothérapie et médicaments neuroleptiques sont les deux principaux traitements disponibles actuellement.

Qu’est-ce que la schizophrénie ?

La schizophrénie appartient aux psychoses, des maladies mentales se caractérisant par des distorsions de la pensée, des perceptions, des émotions, du langage, du sentiment de soi et du comportement. Environ 600 000 personnes sont concernées en France. La maladie débute généralement entre l’adolescence et le début de l’âge adulte, avec un pic de diagnostic entre 15 et 25 ans. Il s’agit d’une maladie chronique, car aucun traitement ne permet aujourd’hui de guérir la schizophrénie.

À savoir ! Étymologiquement, le mot schizophrénie signifie : perte de l’unité (schize) de l’esprit (phrénie). Le résultat de cette perte d’unité psychique en est une triple incohérence : de la pensée, des propos et du comportement.

Selon les patients, la schizophrénie est plus ou moins symptomatique. Toutes les schizophrénies sont caractérisées par une perte de cohérence de la pensée et des comportements, ce qui peut donner des aspects de bizarrerie et d’imprévisibilité. Très invalidante, la schizophrénie impacte fortement la santé physique et mentale des patients et de leurs proches.

Compte-tenu du fardeau de la maladie, le risque de décès prématuré est supérieur chez les patients schizophrènes, multiplié par 2 à 3 par rapport à la population générale. Le risque de conduites suicidaires est majeur. Environ 50 % des patients feront au moins une tentative de suicide au cours de leur vie.

Quels sont les symptômes de la schizophrénie ?

La schizophrénie est une maladie caractérisée par 3 types de symptômes, qui peuvent se manifester de façon chronique ou épisodique :

  • Les symptômes productifs ou positifs : délires, hallucinations sensorielles, auditives (ce sont les plus fréquentes), visuelles, olfactives ou gustatives, sentiment de persécution (paranoïa), mégalomanie
  • Les symptômes négatifs ou déficitaires : le patient se met en retrait et s’isole de son cercle amical, familial ou social. Le patient manifeste une émotivité réduite. Il peut être apathique, ces symptômes ressemblent à ceux de la dépression.
  • Les symptômes dissociatifs (déficits cognitifs) : désorganisation de la pensée, de la parole, des émotions des comportements, difficultés de concentration, de mémorisation, de compréhension. Le patient peut avoir des difficultés à effectuer des tâches simples comme faire ses courses.

Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et schizophrénie

Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et schizophrénie peuvent être liés. La fréquence des TOC dans la schizophrénie se situe aux alentours de 15 %, chiffre bien plus élevé qu’en population générale où la prévalence vie entière se situe entre 2 et 3 %. En revanche, certaines formes atypiques et sévères de TOC peuvent être prises à tort pour une forme de schizophrénie. Il est donc capital de bien différencier les deux pathologies au moment du diagnostic, d’autant plus que la prise en charge est différente.

Les symptômes de TOC dans la schizophrénie sont indépendants des symptômes psychotiques et ne sont pas la séquelle d’une maladie schizophrénique, d’une hospitalisation ou d’un traitement neuroleptique. Dans la moitié des cas, les symptômes de TOC précèdent les symptômes de la schizophrénie. Un même patient peut ainsi être diagnostiqué pour un TOC et quelques années après pour une schizophrénie.

L’association chez un même patient de TOC et de schizophrénie constitue un facteur de mauvais pronostic.

Comment se passe une crise de schizophrénie ?

La schizophrénie est une maladie dont l’évolution est fluctuante, avec des symptômes chroniques auxquels se surajoutent parfois des phases aiguës. Ces phases aiguës sont parfois appelées des crises de schizophrénie, ou plus exactement des crises psychotiques. Le patient perd alors tout contact avec la réalité et se retrouve envahi par des hallucinations, des idées délirantes, des troubles de la pensée et des troubles du comportement. C’est dans ces moments que peuvent survenir des passages à l’acte, dangereux pour le patient ou pour les autres.  Une fois la crise passée, le patient ne se souvient souvent plus de ce qu’il s’est passé pendant la crise psychotique.

Chez certains patients, la crise de schizophrénie est l’événement initiateur de la maladie. Chez d’autres, elle survient lorsque le traitement ne permet pas de contrôler suffisamment les symptômes psychotiques.

D’où vient la schizophrénie ?

Les origines exactes de la schizophrénie restent encore mal connues. Il semble que la maladie soit multifactorielle et implique :

  • Des facteurs environnementaux ;
  • Une prédisposition génétique ;
  • Eventuellement des mécanismes auto-immuns.

Certaines variantes génétiques sont associées un risque plus important de développer la schizophrénie en cas d’exposition à des facteurs environnementaux. Chez des jumeaux qui possèdent le même patrimoine génétique, lorsque l’un est atteint de schizophrénie, le risque que le second développe la maladie n’est que d’environ 40 %.

Des études ont identifié des facteurs de risque de développer une schizophrénie :

  • L’exposition maternelle à la malnutrition ;
  • Le fait de contracter la grippe saisonnière au cours du 2ème trimestre de la grossesse ;
  • Un poids de naissance inférieur à < 2500 g ;
  • Une incompatibilité Rhésus lors d’une grossesse ;
  • L’hypoxie fœtale au moment de l’accouchement.

Des facteurs de stress environnemental peuvent déclencher l’apparition ou la récidive des symptômes psychotiques chez les patients vulnérables, entre autres l’usage de certaines drogues ou encore l’exposition à un stress social ou affectif (chômage, séparation, …).

Comment diagnostiquer la schizophrénie ?

Le diagnostic de schizophrénie est délicat, car les premiers signes de la maladie peuvent être confondus avec d’autres troubles de la santé mentale, comme :

Plusieurs années d’évolution des symptômes sont parfois nécessaires avant de confirmer le diagnostic. Pour poser ce diagnostic, le psychiatre doit s’assurer de la présence de deux éléments :

  • Au moins 2 symptômes caractéristiques (délire, hallucinations, parole désorganisée, comportements désorganisés, symptômes négatifs) sur une période minimale de 6 mois ;
  • Des signes atténués de la maladie avec une altération du fonctionnement social, professionnel ou négligence de soi pendant une période minimale de 6 mois qui comprend 1 mois de symptômes actifs.

Dans la majorité des cas, la schizophrénie n’apparait pas brutalement, mais commence par des symptômes atténués, souvent peu spécifiques, associés à des difficultés cognitives. Ces symptômes annonciateurs, ou « prodromiques », correspondent à un état mental avec un risque d’évolution vers un trouble psychotique. Les symptômes sont alors non seulement moins intenses, mais en outre moins fréquents ou moins durables. A ce stade, l’évolution vers la schizophrénie n’est pas inéluctable puisque, statistiquement, seul un tiers des personnes concernées évolueront vers un premier épisode psychotique, parmi lesquels un peu plus de la moitié évoluera ultérieurement vers une schizophrénie chronique.

Quels sont les traitements de la schizophrénie ?

La prise en charge des patients atteints de schizophrénie est multidisciplinaire et repose sur deux aspects complémentaires : la psychothérapie et les traitements médicamenteux. Les objectifs du traitement sont de réduire la gravité des symptômes psychotiques, de préserver la fonction psychosociale et d’éviter les réapparitions des épisodes symptomatiques.

Du côté des médicaments, les médicaments de première intention sont les médicaments neuroleptiques. Ces médicaments permettent de contrôler les symptômes positifs et négatifs de la maladie, mais n’ont pas d’action sur les déficits cognitifs. De plus, une proportion significative de patients répondent mal à ces traitements (formes pharmacorésistantes de schizophrénie). Selon les symptômes associés, d’autres psychotropes peuvent être utiles, comme des médicaments antidépresseurs et/ou anxiolytiques.

À savoir ! Des recherches sont menées pour mieux comprendre les mécanismes de la schizophrénie et ainsi développer des médicaments plus ciblés et plus efficaces en particulier pour les patients ne répondant pas aux neuroleptiques. L’intérêt de la stimulation magnétique transcrânienne fait également l’objet de recherches cliniques.

La psychothérapie est le second pilier de la prise en charge, en particulier les thérapies cognitivo-comportementales. Des séances de cognition sociale (sur la maladie, ses symptômes, son traitement), d’ergothérapie et/ou d’accompagnement sont également mises en place pour la réadaptation psychosociale.

L’éducation thérapeutique est incontournable dans la prise en charge. Avec des séances individuelles et collectives, elle permet au patient de mieux comprendre sa maladie, ses symptômes et son traitement. Elle favorise l’observance du patient.

À savoir ! L’électroconvulsivothérapie (ECT) est destinée aux cas sévères ou résistants. Elle consiste en l’administration d’un stimulus électrique au moyen d’électrodes placées de part et d’autre du cuir chevelu.

Pour en savoir plus sur la schizophrénie, rendez-vous sur notre site spécialisé : https://www.ma-schizophrenie.com/

Estelle B., Docteur en Pharmacie

 

Sources
– SCHIZOPHRÉNIE : SYMPTÔMES, CAUSES, TESTS ET TRAITEMENTS. institutducerveau-icm.org. Consulté le 16 avril 2024.
– Schizophrénie et troubles délirants de l’adulte. lwww.ameli.fr. Consulté le 16 avril 2024.

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