Pourquoi internet est devenu l’ennemi du vaccin

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 1 juin 2016

Pourquoi internet est devenu ennemi vaccin

Depuis l’avènement du patient 2.0, le vaccin est devenu la cible de toutes les suspicions. Et ce, particulièrement en France. Une étude publiée dans Médecine et maladies infectieuses montre l’importance des réseaux sociaux et d’internet dans la dissémination des informations sur les vaccins.

Une méfiance française

Le scepticisme des parents sur la sécurité des vaccins est à son comble. Jamais les politiques de prévention des maladies infectieuses n’ont été aussi fragiles. Les professionnels de santé et les autorités craignent que ce type de comportement mène à une augmentation des épidémies dans l’Hexagone, comme récemment observé aux Etats-Unis pour la poliomyélite, la coqueluche et la rougeole.

Point historique ! En juin 2013, le Ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires Sociales a levé ses recommandations pour le vaccin anti-papillomavirus humain (PVH) suite à une série d’allégations d’effets indésirables ayant alimenté le doute du grand public sur sa sécurité d’usage. 

L’étude montre une méfiance grandissante des Français : 3,14% des messages négatifs concernant les vaccins à travers le monde sont publiés en France, contre 0,49% des messages positifs ou neutres. Les vaccins les plus touchés seraient ceux du méningocoque et du PVH. Mais comme le souligne l’article, le phénomène est logique : « Pourquoi une mère s’exprimerait quant au bon déroulement de la vaccination de son enfant ? ». Face aux proportions de messages négatifs, les parents sont inévitablement induits en erreur.

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Les médecins désarmés

Au-delà des vaccins, c’est la relation patient-professionnel qui est affectée. Le rapport montre une grande difficulté des médecins pour rassurer les patients et réinstaurer la confiance. En effet, il a été rapporté qu’au moins 10% des parents se tournent vers internet pour peser le pour et le contre de la vaccination de leur enfant.

Même problème pour le vaccin du papillomavirus, prescrit dans le cadre de la prévention des lésions génitales précancéreuses et des condylomes acuminés. Entre 2010 et 2014, le taux de jeunes filles de 14-15 ans vaccinés lorsque le médecin a conseillé la vaccination est passé de 48% à 30%. Une chute attribuable à la mauvaise presse du vaccin.

A savoir ! Chacun d’entre nous peut tenter l’expérience : il suffit de taper « les vaccins s » dans un moteur de recherche pour observer des suggestions telles que « les vaccins sont des poisons », « les vaccins sont inefficaces et dangereux » … dans les premières propositions!

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Derrière l’exemple du vaccin, une évolution sociétale

Internet chamboule l’ordre établi. La multiplication des données en libre accès amène naturellement à la problématique suivante : « Peut-être que les patients ne devraient plus être appelés ‘patients’ pour accompagner cette évolution ? ». Un pavé dans la mare selon les uns, un changement logique selon les autres. Le docteur Sue Swanson l’avait déjà formulé auparavant : « Nous pouvons commencer nos soins hors de la chambre d’examen. Nous pouvons commencer à diffuser des outils pédagogiques de façon asynchrone ». Quoi qu’il en soit, n’oublions pas que la génération ‘digital native’ ne représente encore qu’une faible part de la patientèle.

Les études montrent que les efforts devraient être aussi bien axés sur la mise à disposition de bases de données partagées entre professionnels de santé et patients, que sur l’établissement d’une stratégie d’optimisation de référencement sur le web. Autrement dit, le but serait de multiplier les contenus objectifs sur la vaccination, mais aussi de rendre ces contenus facilement accessibles via les moteurs de recherche. Internet, source majeure de suspicion, a le potentiel de devenir le meilleur allié des politiques sanitaires préventives.

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Hadrien V. & Adrien L. Pharmaciens


Source
J.-P. Stahl & al. The impact of the web and social networks on vaccination. New challenges and opportunities offered to fight against vaccine hesitancy. Médecine et maladies infectieuses. 14/03/2016