Le sommeil et le cerveau des adolescents

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Rédigé par Estelle B. et publié le 25 mars 2017

L’adolescence est souvent marquée par une réduction du temps de sommeil, liée à différents facteurs. Cette perte de sommeil impacte-t-elle le développement cérébral des adolescents ? Une récente étude française révèle un effet sur la matière grise du cerveau.

sommeil adolescent matière grise

Adolescence et sommeil

Au sortir de l’enfance, les adolescents ont tendance à réduire leur temps de sommeil quotidien, et ce, pour différentes raisons :

  • Des horaires scolaires, qui imposent une heure de lever toute la semaine ;
  • Un décalage important entre le rythme de la semaine et du week-end, avec l’apparition des sorties les vendredis et samedis soirs ;
  • Une heure d’endormissement plus tardive, associée à plusieurs facteurs :
    • Des modifications de l’horloge biologique au niveau du système nerveux central ;
    • Des aspects sociaux : amis, téléphone, écrans, jeux, … ;
    • Un accroissement des devoirs scolaires.

Ainsi, une étude menée en 2010 montrait que près de 30 % des 15-19 ans étaient en dette de sommeil et qu’à 15 ans, 25 % des adolescents dormaient moins de 7 heures par nuit. Or, la quantité et la qualité du sommeil sont capitales pour leur santé. Dans un rapport publié en 2006, un médecin recommandait pour les adolescents entre 8 et 9 heures de sommeil quotidien, avec une heure de coucher qui ne devrait pas dépasser 22h00.

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Quantité et qualité du sommeil altérées

Les conséquences du manque de sommeil sur la santé sont nombreuses. Il entraîne de la fatigue, une irritabilité, une somnolence au cours de la journée, une baisse des performances scolaires et une altération des défenses immunitaires. Au niveau cérébral, il est bien connu que le sommeil impacte directement la mémoire, la mémorisation ayant principalement lieu au cours du sommeil paradoxal (l’une des phases du sommeil). Mais qu’en est-il de l’effet du manque de sommeil sur le développement du cerveau des adolescents ?

Des chercheurs de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) ont étudié le cerveau et les habitudes de sommeil de 177 adolescents (âge moyen 14 ans), vivant en région parisienne, afin d’évaluer l’importance du sommeil sur le développement cérébral.

En moyenne, en semaine, ils se couchent à 22h20 et se lèvent à 7h06. Le week-end, ils se couchent à 23h30, pour se lever à 9h45. De très fortes disparités sont observées entre les jeunes. Outre une durée de sommeil jugée trop courte pour un adolescent, les chercheurs ont noté une altération de la qualité du sommeil. L’un des facteurs les plus importants est le décalage entre les horaires de la semaine et du week-end. Les adolescents semblent essayer de rattraper le week-end leur dette de sommeil accumulée sur la semaine. Mais ils se retrouvent dans un état, qui s’apparente au décalage horaire que l’on ressent après un voyage à l’autre bout du monde.

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Le sommeil impacte le développement cérébral

En dessous de 7 heures de sommeil quotidien, le cerveau des adolescents montre une diminution du volume de la matière grise, au niveau de plusieurs régions cérébrales :

  • Le cortex frontal, siège de grandes fonctions cognitives comme le langage, la mémoire ou le raisonnement ;
  • Le cortex cingulaire antérieur, qui joue un rôle dans les émotions, l’empathie ou la prise de décision ;
  • Le precuneus, très largement impliqué dans l’activité cérébrale au repos.

A savoir ! Dans les tissus nerveux, deux substances ou matières sont distinguées :

  • La substance grise, située à la périphérie du cerveau et qui définit le cortex cérébral ;
  • La substance blanche, localisée sous la substance grise.

Le nom de ces deux substances est lié à leur différence de coloration, lorsqu’elles sont observées par des techniques microscopiques.

L’adolescence est un moment clé pour la maturation cérébrale, au cours de laquelle se produit une sélection des synapses (connections nerveuses). Certaines seront conservées jusqu’à l’âge adulte, d’autres seront éliminées. Il semblerait que ce processus soit directement affecté par le manque de sommeil. Parallèlement, le développement des émotions est primordial au sortir de l’enfance. Chez les adolescents qui dorment le moins, les chercheurs ont ainsi observé l’apparition de symptômes anxieux et dépressifs.

Dormir est capital pour être en bonne santé. Une vérité qui se révèle d’autant plus importante chez les adolescents, qui développent à cet âge leur cerveau de futur adulte.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie


Sources :
Les adolescents se couchent trop tard. INPES. 24 octobre 2013.
Sleep habits, academic performance, and the adolescent brain structure. Urrila, A. S. and al. Scientific Reports 7:41678. DOI: 10.1038/srep41678. 2017.

  • raphael-ken muamba says:

    le sommeil.est bien pour la vie quand nous respectons ces regles mais il a aussi ces desavantages

Ou

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