Du sport pour gommer les effets néfastes de l’alcool

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Rédigé par Estelle B. et publié le 1 janvier 2018

Près de 40% des 15-75 ans déclarent au moins une alcoolisation ponctuelle importante dans l’année. Si les effets néfastes de l’alcool sur la santé sont bien identifiés, qu’en est-il de l’association sport et alcool ? Une étude semble montrer que le sport pourrait atténuer certains effets de l’alcool.

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Alcool et santé

Les effets de l’alcool sur l’organisme sont largement étudiés depuis des années. Il exerce des effets immédiats sur l’organisme, en particulier sur le cerveau :

  • Une augmentation du temps de réaction;
  • Une diminution des réflexes, de la vigilance et de la résistance à la fatigue ;
  • Une altération de la vision et de la coordination des mouvements ;
  • Une désinhibition ;
  • Une tendance à l’agressivité.

Ces effets immédiats apparaissent quelques minutes après la consommation d’alcool et peuvent durer plusieurs heures. Ils sont en grande partie responsables des comportements à risques qui y sont liés (conduite de véhicules sous son emprise, violences et délits, rapports sexuels non consentis).

Autre effet immédiat, le coma éthylique. La consommation d’une grande quantité d’alcool expose en effet à un risque grave de coma, caractérisé par une perte de connaissance, une chute de la tension artérielle et de la respiration et une diminution de la température corporelle. Sans traitement d’urgence, le coma éthylique peut être mortel.

Au-delà de ces effets immédiats généralement liés à de grosses prises d’alcool, ses effets néfastes se manifestent surtout à moyen et long termes, même en cas de consommation modérée :

  • Cancers : à partir d’un verre d’alcool par jour, le risque de développer certains cancers (bouche, gorge, œsophage, foie, côlon, rectum et sein) augmente, proportionnellement à la quantité consommée.
  • Maladies cardiovasculaires : la consommation d’alcool augmente le risque d’hypertension artérielle, d’accidents vasculaires cérébraux et d’infarctus du myocarde. L’absorption d’une grande quantité en peu de temps expose par ailleurs à des troubles du rythme cardiaque et donc à un risque de mort subite.
  • Maladies digestives : principalement la cirrhose du foie dont la cause principale est l’alcool. La cirrhose hépatique est une maladie chronique du foie, associée à une destruction progressive du foie. Elle évolue inexorablement vers une insuffisance hépatique, où le foie ne peut plus exercer ses fonctions vitales. La cirrhose peut également évoluer en cancer du foie.
  • Maladies neurologiques : des troubles de l’attention, de la mémoire ou de l’humeur. Le syndrome de Korsakoff est une complication grave de l’alcoolisme chronique, marqué par une altération importante et irréversible de la mémoire.
  • Troubles psychiques avec une tendance à l’anxiété et à la dépression.

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Le sport, remède miracle ?

Les effets néfastes de l’alcool sont ainsi nombreux à court, moyen et long terme. Parallèlement, pas une semaine ne passe sans que les autorités de santé ne vantent les mérites de l’activité physique pour préserver la santé. L’activité physique pourrait-elle alors réduire ses effets néfastes ? Des chercheurs australiens, britanniques et canadiens ont entrepris de répondre à cette question.

L’analyse compile les résultats de 8 enquêtes épidémiologiques réalisées entre 1994 et 2006 au Royaume-Uni. Au total, 36 370 hommes et femmes, âgés de plus de 40 ans, ont participé à cette étude. Parmi eux, 14,6% ne boivent jamais d’alcool et 13,3% en consomment plus que la dose hebdomadaire maximale recommandée.

À savoir ! En France, les autorités de santé ont établi des recommandations sur la consommation maximale d’alcool. Pour les consommateurs réguliers : pas plus de 2 unités d’alcool en moyenne par jour chez les femmes et pas plus de 3 unités en moyenne par jour chez les hommes. Pour les consommateurs occasionnels : pas plus de 4 unités en une seule occasion et 1 unité = un verre standard = 10 grammes d’alcool pur.

Boire de l’alcool, même de manière modérée, est associé à une augmentation de la mortalité (+13%, toutes causes de décès confondues) et en particulier de la mortalité par cancer (+36%) par rapport aux personnes qui ne boivent jamais d’alcool. Mais cette augmentation de la mortalité est atténuée chez les personnes qui pratiquent une activité physique modérée (au moins 150 minutes par semaine) ou intense (au moins 300 minutes par semaine). Le sport supprime même l’augmentation du risque de décès par cancer.

Les résultats de cette étude montrent ainsi que la pratique d’une activité physique peut atténuer certains effets néfastes de l’alcool sur la santé.

À savoir ! Dans cette étude, les auteurs ont considéré les effets de l’éthanol contenu dans les différents alcools (alcools forts, vins, bières, etc.). C’est donc la quantité d’éthanol absorbée qui provoque les effets, et ce indépendamment du type d’alcool consommé.

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Sport et alcool : une question de modération

Chez les personnes ne pratiquant pas d’activité physique régulière, la mortalité et le risque de décès par cancer augmentent, même pour des faibles consommations d’alcool. La mortalité par cancer augmente ensuite proportionnellement à la quantité consommée, de 38% pour une consommation modérée à 74% pour une consommation très importante. Or cette relation entre la dose et l’effet ne se vérifie pas chez les personnes pratiquant une activité physique régulière. Chez ces personnes, seules une consommation abusive d’alcool est associée à une augmentation de la mortalité et du risque de décès par cancer.

La pratique d’une activité physique modérée à intense pourrait ainsi gommer les effets d’une consommation d’alcool inférieure aux recommandations des autorités de santé. Mais attention, faire du sport ne permet pas de réduire les effets d’une consommation abusive d’alcool sur la santé. Dans tous les cas, voilà une énième bonne raison de se mettre au sport…

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Perreault, K. et al. Does physical activity moderate the association between alcohol drinking and all-cause, cancer and cardiovascular diseases mortality? A pooled analysis of eight British population cohorts. 2016. Br J Sports Med. doi:10.1136/bjsports-2016-096194.
alcool-info-service.fr Consulté le 25 novembre 2016.