Un cancer observé depuis la première cellule mutée

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 12 février 2016

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Des chercheurs Américains ont pour la première fois observé la formation de tumeurs à partir d’une seule cellule cancérigène. Selon l’équipe, ces travaux devraient contribuer à la compréhension des tumeurs malignes de la peau, si ce n’est plusieurs cancers.

Une cellule avec un caractère embryonnaire

Le début d’un cancer implique l’activation d’un oncogène et la perte d’un gène suppresseur de tumeur. Pour mieux comprendre les premières étapes de la cancérisation, l’équipe de Leonard Zon a eu l’idée de déclencher et d’observer des naissances de tumeur chez le poisson zèbre – modèle très utilisé en recherche génétique. Pour ce, ils ont utilisé des poissons zèbres qui n’expriment plus le gène suppresseur de tumeur p53, et chez lesquels le gène humain muté BRAFV600E, impliqué dans la formation des mélanomes, est exprimé dans les mélanophores, les cellules pigmentées du poisson-zèbre (équivalent de nos mélanocytes).

Les cellules pigmentées sont des cellules différenciées, c’est-à-dire qu’elles sont ultra spécialisées, produisent de la mélanine, et ne se divisent plus. Grâce à des techniques de fluorescence, les chercheurs ont observé dans les cellules pigmentées en voie de cancérisation l’activation de gènes de cellules souches pigmentaires. Tout se passe comme si ces cellules, activées par le gène muté, revenaient à un état de cellule souche. C’est une fois de retour à cet état que les divisions cellulaires prendraient le pas pour former des tumeurs. A propos des cellules en voie de cancérisation, Leonard Zon affirme que pendant leurs observations, « elles sont devenues des tumeurs dans 100% des cas ».

Quels apports pour la compréhension du cancer ?

C’est d’abord la confirmation expérimentale d’une vieille théorie en cancérologie : le champ de cancérisation. Typiquement, on parlait de champ de cancérisation pour les zones de la peau exposées de façon chronique et intensive au soleil. Selon ce modèle, les mutations entrainées par l’exposition au soleil ont la capacité d’activer des oncogènes et de désactiver des gènes suppresseurs de tumeurs.

Pour eux c’est donc la preuve qu’un tissu normal peut générer un cancer cutané à partir d’une seule cellule. Mais la principale découverte est la nécessité, pour la cellule cancérigène, de revenir à un état embryonnaire primitif pour se multiplier et induire la tumeur.

Les chercheurs de l’Hôpital pédiatrique de Boston espèrent pouvoir développer de nouveaux tests génétiques pour la surveillance des grains de beauté suspects. Aussi, ils pensent que des mécanismes épigénétiques impliqués dans la formation des tumeurs pourraient être ciblés par des médicaments. Un moyen de stopper le mécanisme de cancérisation des grains de beauté chez les personnes à risques.

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Hadrien V. Pharmacien & H. B. PhD


Source
Charles K. Kaufman & al. “A zebrafish melanoma model reveals emergence of neural crest identity during melanoma initiation”. Science. 29/01/16

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