Quoi de neuf en 2020 contre la trisomie 21 ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 12 mars 2020

Depuis trente ans, l’espérance de vie des personnes atteintes de trisomie 21  s’est nettement allongée grâce aux nombreuses recherches menées pour améliorer le fonctionnement intellectuel des patients, dépister plus précocement cette maladie et mieux traiter les pathologies associées. Tour d’horizon des dernières avancées sur le sujet.

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 La trisomie 21 : une maladie de mieux en mieux connue

La trisomie 21 (ou syndrome de Down) désigne une maladie causée par une anomalie au niveau des chromosomes avec la présence de trois chromosomes 21 au lieu de deux. Ce déséquilibre dans l’organisation du matériel génétique engendre un retard mental permanent et un retard de développement chez la personne atteinte. On estime à environ 8 millions le nombre de personnes porteuses d’une trisomie 21 à travers le monde, dont 60 000 en France.

À savoir ! Dans la grande majorité des cas, cette maladie n’est pas héréditaire, c’est-à-dire qu’elle ne se transmet pas des parents à leurs enfants.

L’été dernier, la Trisomy 21 Research Society a organisé à Barcelone sa troisième conférence internationale. L’ampleur de cet évènement prouve l’intérêt croissant suscité par cette anomalie chromosomique qui peut varier en sévérité selon les individus. Les recherches sont d’ailleurs toujours plus nombreuses pour tenter de mieux connaître ce syndrome et améliorer les performances intellectuelles des patients.

À savoir ! Le chromosome 21 comporte 250 gènes dont certains, impliqués dans la cognition, sont surexprimés par la trisomie, ce qui provoque des dysfonctionnements cellulaires et neuronaux à l’origine de difficultés de représentation mentale et de mémorisation chez le patient.

Parmi les gènes présents sur le chromosome 21, plusieurs font l’objet d’études internationales parmi lesquels :

  • Le gène DYRK1A (Dual specificy tyrosine-phosphorylation-regulated kinase1A) : un gène impliqué dans la cognition mais aussi dans la maladie d’Alzheimer, le cancer, l’obésité.
  • Le gène APP (Amyloid precursor protein) : responsable de la production de protéine bêta-amyloïde, associée à la maladie d’Alzheimer.

Dans ce contexte, plusieurs molécules sont à l’essai dans le but d’améliorer le fonctionnement intellectuel des patients atteints de trisomie 21.

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Des molécules thérapeutiques au banc d’essai

L’utilisation de modèles cellulaires ou de modèles animaux (souris et rats trisomiques) est une technique appréciée des scientifiques car elle leur permet d’analyser le fonctionnement des gènes impliqués dans la cognition. C’est ainsi que  des sociétés de biotechnologies internationales testent des molécules inhibitrices corrigeant la surexpression de ces gènes (dont le gène DYRK1A) dans l’espoir d’améliorer le développement cognitif des patients trisomiques. En Espagne, c’est un dérivé du thé vert, l’EGCG (épigallocatéchine gallate),  inhibiteur naturel de DYRK1A, qui fait l’objet d’un essai clinique. Pour l’heure, les scientifiques estiment que les résultats, aussi intéressants soient-ils, restent encore dans l’attente de validation. D’autant que le thé vert peut présenter certaines toxicités.

Par ailleurs, il est fréquent d’observer chez les enfants atteints de trisomie 21 un dysfonctionnement dans la régulation de la thyroïde, d’autant plus problématique que les hormones thyroïdiennes jouent un rôle clé dans le fonctionnement psychomoteur. Les scientifiques suspectent également un déficit en folates chez les patients trisomiques. La littérature scientifique rapporte à travers quelques études le bénéfice d’une supplémentation en folates et les interactions positives potentielles sur le développement entre folates et hormones thyroïdiennes. C’est ainsi qu’une étude intitulée ACTHYF, a été mise en place en double aveugle contre placebo à l’Institut Jérôme-Lejeune, chez 175 enfants de 6 à 18 mois pour tester durant 1 an les effets de la L-thyroxine ou de l’acide folique en monothérapie ou en association. Les résultats sont toujours en attente.

Un autre essai cherche enfin à déterminer si le dépistage puis le traitement précoce de l’apnée du sommeil, qui est plus répandue chez ces enfants, améliore les acquisitions de compétences au cours des premières années de vie.

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Vers une meilleure prise en charge des maladies associées

A l’occasion de la conférence internationale organisée à Barcelone, plusieurs études ont décrit les pathologies fréquemment associées à la trisomie 21. Parmi elles, l’hypotonie et la faiblesse musculaire des enfants trisomiques. Associée à un déficit modéré du système immunitaire, cette hypotonie musculaire pourrait contribuer au développement d’infections pulmonaires chez les enfants trisomiques. Le risque infectieux majoré  est donc un paramètre à surveiller chez ces jeunes patients.

Les malformations cardiaques sont aussi souvent le lot des patients trisomiques. Même si les enfants porteurs d’anomalie sont rapidement opérés, il demeure important pour eux de pratiquer une activité physique pour éviter les problèmes de surpoids.

Quant aux leucémies aiguës, le risque est multiplié par 20 chez les patients trisomiques ! Les leucémies aiguës myéloblastiques (LAM), parfois transitoires chez les nourrissons trisomiques sont souvent de bon pronostic, alors que les leucémies lymphoblastiques (LAL) sont de pronostic un peu moins bon que chez les enfants non trisomiques. Des recherches sont actuellement en cours à travers le monde pour améliorer les traitements existants.

Enfin, vu que de plus en plus de patients trisomiques atteignent l’âge de 60 voire 70 ans, se pose le problème de la survenue et du dépistage de la maladie d’Alzheimer. Pour cela, plusieurs pistes ont été évoquées par les équipes de chercheurs :

  • Réaliser des tests de fluidité verbale pour repérer plus tôt cette affection neurologique.
  • Sensibiliser et aider les cliniciens à différencier trisomie et premiers signes de dégradation évoquant une maladie d’Alzheimer

Dans cette optique, une grande étude de cohorte a été mise en place chez des patients trisomiques adultes à l’Institut Jérôme Lejeune, pour étudier les caractéristiques cliniques et paracliniques de la maladie d’Alzheimer.

Force est de constater qu’à ce jour, aucune étude thérapeutique sur la maladie d’Alzheimer n’a enrôlé des personnes atteintes de trisomie 21.  La donne pourrait bientôt changer vu que l’institut national de la santé américain recommande aujourd’hui l’inclusion de patients trisomiques dans les études sur la maladie d’Alzheimer.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Trisomie 21 : les dernières avancées. EGORA. Consulté le 28 février 2020.