Corps humain : autant de bactéries que de cellules?

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 1 février 2016

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Une étude canadienne publiée dans Cell (1) a réévalué le nombre de bactéries que renferme le corps humain. L’ancien ratio, longtemps brandi comme une référence absolue, était de 10 bactéries pour 1 cellule (10:1). Cette étude suggère un ratio de 1 bactérie pour 1 cellule (1:1).

Une bactérie pour une cellule : un ratio qui peut changer la donne

Des grands médias aux amphithéâtres de médecine, il était unanimement enseigné que le corps était composé de 10 fois plus de bactéries que de cellules humaines. Un chiffre « coup de poing » qui avait l’avantage de mettre en valeur l’importance du microbiome. Seulement, cette valeur était basée sur l’hypothèse selon laquelle une bactérie est 1000 fois plus petite qu’une cellule. Une approximation grossière puisque la taille d’une cellule humaine ou d’une bactérie est extrêmement variable.

Les chercheurs du Weizmann Institute of Science ont donc eu l’idée de recalculer cette estimation en prenant en compte des ordres de grandeur plus justes. Aussi, ceux-ci ont pris en compte le nombre de bactéries passagères qui ne sont présentes que transitoirement dans le corps.

Le résultat se fait sentir : le corps contiendrait en moyenne 40 000 milliards de bactéries et 30 000 milliards de cellules. Un chiffre qui divise l’ancien ratio bactéries-cellules par presque 10. Selon l’un des chercheurs, Ron Milo, cette erreur est due au fait que la communauté scientifique se concentre davantage sur les données qualitatives que les données quantitatives. Ces résultats ne devraient pas changer l’importance de la relation microbiome-hôte. Mais celui-ci affirme que la quantification est essentielle pour comprendre des systèmes « hautement dynamiques et variables » à l’échelle tissulaire et cellulaire. (2)

Microbiome et intestin : une voie de recherche porteuse

L’intestin est un organe qui étonne. Longtemps considéré comme une simple barrière d’échanges, la recherche prouve régulièrement qu’il s’agit d’un système complexe à plusieurs niveaux. Il est désormais établi que le tube digestif contient autant de neurones que la moelle épinière, ou encore qu’il existe un lien fort entre la flore microbienne et une bonne digestion. Mieux, une étude de la Harvard School of Public Health a prouvé qu’il était possible de définir une « carte d’identité » individuelle en calculant les proportions des 10 000 populations d’espèces bactériennes de la flore intestinale. (3) La preuve que ces proportions microbiennes sont relativement stables dans le temps.

L’étude canadienne évoquée dans la première partie confirme que la grande majorité des bactéries vivent dans l’intestin. Elles sont plus présentes dans cet organe que dans tout le reste du corps. Leur quantité varie non seulement entre les individus, mais aussi selon les heures de la journée. Après déjection, le nombre de bactéries corporelles est diminué d’un tiers. Après une préparation pour coloscopie, la quantité de bactérie peut être affectée encore plus profondément et pour plusieurs jours – baissant le ratio à moins de 1:1.

Autant d’éléments qui montrent un équilibre fin et individuel entre un hôte et sa population bactérienne.

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Hadrien V. Pharmacien


Source :
1. Ron Sender & al. « Are We Really Vastly Outnumbered? Revisiting the Ratio of Bacterial to Host Cells in Humans ». Cell. Consulté le 01/02/16
2. « Germs, humans and numbers: New estimate revises our microbiome numbers downwards ». ScienceDaily. Consulté le 01/02/16
3. Eric A. Franzosa. « Identifying personal microbiomes using metagenomic codes ». PNAS. Consulté le 01/02/16