Implicity, le futur de la cardiologie connectée

Actualités Cardiologie Innovations

Rédigé par Yasmine Z. et publié le 15 novembre 2016

Implicity futur cardiologieInnovation Implicity, start-up créée en Mai 2016, est la grande gagnante du concours Facebook Innovation Days, évènement visant la promotion de l’innovation en matière de santé connectée. Arnaud Rosier, cardiologue rythmologue au sein de l’hôpital privé Jacques Cartier à Massy et fondateur d’Implicity, nous dévoile l’intérêt du suivi à distance, chez les patients qui possèdent un implant cardiaque, via sa plateforme d’intelligence artificielle. Cette prouesse technologique, actuellement en développement permettrait de recueillir et de trier les données des implants cardiaques connectés et de les transmettre rapidement au médecin, en cas d’alerte avérée.

A savoir ! Les cardiologues électrophysiologistes ou rythmologues, sont des cardiologues spécialisés dans la pose de pacemakers ou de défibrillateurs cardiaques.

Le cœur du patient, connecté à son cardiologue

Citation Implicity Arnaud Rosier

« Depuis une dizaine d’années, les pacemakers et défibrillateurs connectés sont des prothèses cardiaques électroniques que l’on implante chez les patients. Ces derniers possèdent une Box chez eux, qui contient un téléphone et qui permet de transmettre l’information au site du fabricant de l’appareil. Le médecin peut avoir accès à cette information », explique Arnaud Rosier. Toutefois, il souligne lors de l’interview Santé sur le Net, que les alertes générées par les appareils ne prennent pas en compte le dossier médical patient, si bien que 9 alarmes sur 10 ne sont pas le signe d’un danger réel, mais sont de faux positifs : cela correspond à une alarme générée par l’implant cardiaque, qui nécessiterait l’intervention du médecin, alors que la situation ne présente pas de danger réel pour le patient dans 90% des cas. « La conséquence est que de nombreux médecins ne font pas ou peu de télésurveillance », précise le cardiologue rythmologue.

La jeune start-up, se propose de résoudre ce problème : « Notre société Implicity, développe une plateforme cloud sécurisée couplée à un programme d’intelligence artificielle qui permettra aux médecins de suivre à distance les patients qui sont équipés de dispositifs implantables cardiaques (pacemakers et défibrillateurs connectés) et d’intervenir uniquement pour les cas pertinents. Le tri des alertes réelles ou non étant effectué en amont de la transmission des données au médecin, par le programme d’intelligence artificielle, qui analyse les données dans le cadre du dossier médical de chaque patient. »

Lire aussiPourquoi ne sentons-nous pas notre cœur battre ?

Qui est concerné ?

Seront potentiellement concernés par cette innovation qui devrait voir le jour courant 2017, tous les patients porteurs d’un implant cardiaque de type pacemaker ou défibrillateur, mais pas seulement confie Arnaud Rosier : « À l’avenir, il y aura vraisemblablement d’autres types d’implants, tels que des stents connectés, des capteurs ou enregistreurs connectés implantables, et cette technologie peut déjà s’appliquer aux externes comme les tensiomètres. » L’une des particularités d’Implicity est que cette plateforme intelligente est destinée à un utilisateur final qui est, non pas le patient mais le médecin. L’objectif étant d’apporter de meilleurs soins aux patients, en offrant aux médecins un outil permettant la surveillance des implants cardiaques de façon sûre et sécurisée.

Une innovation pour l’hôpital du futur…

Implicity s’adresse surtout aux centres hospitaliers, puisque les cardiologues électro-physiologistes (ou rythmologues) opèrent, soit dans des structures privées, soit dans des hôpitaux publics, « Nous nous adressons généralement aux hôpitaux, mais nous visons aussi à fournir ces données aux cardiologues libéraux qui sont leurs correspondants », précise Arnaud Rosier. Bien qu’un certain nombre de centres français soient déjà intéressés, leur stratégie de développement est également à l’échelle internationale et notamment dans les pays où il y a un remboursement de l’acte de télésurveillance. « Dans un certain nombre de pays en Europe et aux États-Unis, la télésurveillance est remboursée pour les médecins en tant qu’acte spécifique, ce qui n’est pas encore le cas en France. 

Notre stratégie de développement à l’international est aussi liée au fait que les fabricants de ces dispositifs médicaux sont les mêmes, partout dans le monde. Il y en a cinq en tout, Medtronic, Boston Scientific, St. Jude Medical, Biotronik et Livanova. Que l’on se trouve à New-York, Chicago, Singapour ou Paris, les attentes restent les mêmes, en termes d’usage de la technologie. »

Lire aussiMaladie de Huntington, bientôt un objet connecté

Où en est la e-santé en France ?

En France, la législation des dispositifs médicaux est complexe et doit répondre à certaines normes réglementaires, critères pris très au sérieux par Implicity : « Nous souhaitons être conforme à cet environnement réglementaire, il est important que les données de santé soient sécurisées, et l’approche culturelle française est légitime, nous sommes quasiment déjà conforme avec la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) et les hébergements de données santé, par le biais d’un partenaire. 

Par ailleurs, en France, il n’y a pas encore de remboursement des différents actes de télémédecine, les médecins qui l’utilisent le font donc bénévolement, ce qui est un frein monstrueux à l’usage. On estime qu’il y a environ 5% des patients en France qui se sont vu proposer la télésurveillance et qui sont en suivi à distance. Pourtant, les bénéfices sont énormes en termes de confort (moins de déplacements et d’hospitalisations), mais aussi en termes de survie avec une mortalité réduite de moitié, par la télésurveillance, dans certains cas. Il est anormal que tous les patients n’en bénéficient pas. »

Actuellement en France le seul remboursement de la télémédecine est au titre de l’article 36, permettant un remboursement de cet acte dans le cadre d’une expérimentation. Cette technologie utilisée depuis 2003 par les médecins, est bloquée pour des raisons administratives et de facturation. « Il est vrai que l’on a du mal à comprendre que cela ne puisse pas être proposé aux patients, pour des raisons techniques, alors même que les bénéfices pour la santé des patients sont là, et que l’on sait que cela permet une économie de l’ordre de 500 euros par an et par patient, à la sécurité sociale. » souligne Arnaud Rosier, avant de conclure : « À Implicity, nous pensons que cette technologie étant bénéfique pour tout le monde, il est nécessaire de la rendre disponible au plus grand nombre. Nous travaillons aujourd’hui en ce sens. »

Découvrez Implicity !

Yasmine Z., Journaliste Scientifique.


Source :

Interview. Propos recueillis par Yasmine Z. Novembre 2016

Les commentaires sont fermés.