Méningites virales, méningites bactériennes, méningites fongiques


Rédigé par Estelle B. et publié le 30 avril 2024

Méningites

Les méningites désignent des inflammations d’origine infectieuse des méninges, les trois enveloppes protectrices du cerveau. Dans la majorité des cas, elles sont d’origine virale et moins fréquemment liées à une infection bactérienne. Les plus connues et les plus dangereuses des méningites bactériennes sont les méningites à méningocoques.

Qu’est-ce qu’une méningite ?

Une méningite est une inflammation des méninges (les 3 enveloppes qui protègent le système nerveux central, c’est-à-dire le cerveau, ses annexes et la moelle épinière) provoquée par différents micro-organismes pathogènes :

  • Le plus souvent des virus (méningite virale) ;
  • Moins fréquemment des bactéries (méningite bactérienne) ;
  • Plus rarement des champignons microscopiques (méningite fongique).

À savoir ! Dans des cas exceptionnels, la méningite peut être d’origine parasitaire, en lien avec le parasite responsable de la toxoplasmose.

L’agent pathogène en cause infecte le liquide cérébrospinal (anciennement appelé le liquide céphalo-rachidien) dans lequel baigne le système nerveux central.

schéma cerveau

La méningite est dite « aiguë » lorsqu’elle dure moins d’un mois (cas général) en opposition aux méningites chroniques beaucoup plus rares.

Quelles sont les causes de méningite ?

Les méningites aiguës sont liées à des infections par différents organismes pathogènes, qui parviennent à atteindre le liquide cérébrospinal.

Les méningites virales, les plus fréquentes, sont le plus généralement bénignes chez les patients non immunodéprimés. Les virus les plus observés dans les méningites virales sont des virus de la famille des entérovirus. D’autres maladies virales peuvent provoquer un syndrome méningé, notamment :

Après les virus, les bactéries sont la seconde cause de méningite. Les méningites bactériennes sont moins fréquentes que les méningites virales, mais plus graves, voire mortelles (dans environ 10 % des cas et malgré des traitements antibiotiques adaptés). Selon l’âge du patient, différentes bactéries sont principalement retrouvées :

  • de 0 à 6 mois : les streptocoques du groupe B (bactéries présentes dans l’intestin et les organes génitaux féminins), Escherichia coli et Listeria monocytogenes (la bactérie responsable de la listériose) ;
  • de 6 mois à 5 ans : Haemophilus influenzae, Neisseria meningitidis (le méningocoque, germe présent dans le rhinopharynx chez les humains) et Streptococcus pneumoniae (pneumocoque, bactérie qui appartient au genre des streptocoques) ;
  • après 5 ans : Neisseria meningitidis (méningocoque) et Streptococcus pneumoniae (pneumocoque) ;
  • chez les personnes âgées : Haemophilus influenzae ou Streptococcus pneumoniae ;
  • chez les immunodéprimés : Listeria monocytogenes et Mycobacterium tuberculosis (agent de la tuberculose).

Le plus souvent, une autre pathologie ORL ou respiratoire précède la méningite bactérienne. Contrairement aux méningites virales, les méningites bactériennes sont des urgences vitales, qui mettent en jeu le pronostic vital des patients.

Enfin, les méningites peuvent être provoquées par des champignons microscopiques. Les méningites fongiques sont rares, mais très sévères. Le principal champignon impliqué est le Cryptococcus neoformans. Il est présent, entre autres, dans les fientes de pigeons et est responsable d’infections opportunistes, principalement chez les patients atteints du SIDA. On retrouve aussi des méningites fongiques à Candida albicans, chez des sujets immunodéprimés.

À savoir ! Les infections opportunistes sont le plus souvent observées chez les individus immunodéprimés. Elles profitent de la faiblesse des défenses immunitaires pour s’installer, alors qu’habituellement elles sont peu susceptibles d’entraîner une maladie

Quels sont les symptômes de la méningite ? Comment reconnaître une méningite ?

Les symptômes principaux de toutes les méningites sont les signes du syndrome méningé, qui associe :

  • une fièvre plus ou moins élevée ;
  • des maux de tête violents (céphalées) ;
  • des nausées ou vomissements ;
  • une intolérance à la lumière (photophobie) ou au bruit (phonophobie) ;
  • une raideur de la nuque (absente chez les nourrissons).

Au syndrome méningé, s’ajoutent différents symptômes en fonction de l’organisme pathogène en cause et de l’état de santé initial du patient. Dans les méningites virales, le patient a le plus souvent un état général préservé et le syndrome méningé est souvent le seul signe de méningite. La méningite guérit spontanément en quelques jours, sans traitement ni séquelles, chez les sujets en bonne santé.  Dans les méningites bactériennes et fongiques, l’état de santé peut se dégrader rapidement et aller jusqu’au coma, avec des signes parfois spécifiques de certaines causes de méningite, comme le purpura fulminans de la méningite à méningocoque.

Comment établir le diagnostic d’une méningite ?

Le diagnostic d’une méningite nécessite la réalisation d’une ponction lombaire, devant des signes évocateurs d’une méningite, en particulier l’existence d’un syndrome méningé. Son analyse permet d’identifier la présence et la nature de l’agent infectieux.

Si les symptômes persistent malgré le traitement, le médecin peut prescrire un bilan complémentaire (scanner, IRM ou nouvelle ponction lombaire) pour rechercher une éventuelle complication.

Quels sont les traitements de la méningite ?

Les méningites virales guérissent le plus souvent spontanément, sans traitement antiviral spécifique. Néanmoins, des formes graves de méningites herpétiques peuvent nécessiter des traitements antiviraux.

Les méningites bactériennes peuvent être traitées par des antibiotiques adaptés. Certaines méningites bactériennes peuvent également être prévenues chez l’enfant et l’adulte, grâce à la vaccination :

  • contre les infections invasives à pneumocoques, chez les enfants et les adultes fragiles ;
  • contre les infections invasives à Haemophilus influenzae de type b, chez les enfants ;
  • contre les méningites à méningocoques, avec différents vaccins selon les sérogroupes.

Dans le cas de la méningite bactérienne, l’instauration du traitement antibiotique doit être effectuée en urgence à l’hôpital par voie veineuse, sans attendre l’identification de la bactérie en cause (traitement antibiotique probabiliste).

Dans le cas des méningites fongiques ou parasitaires, des traitements antifongiques ou antiparasitaires sont administrés, généralement en milieu hospitalier.

La méningite à méningocoque

La méningite à méningocoques est une infection bactérienne grave causée principalement par la bactérie Neisseria meningitis (différents sérogroupes sont retrouvés : A, B, C, W et Y). Elle est caractérisée par une inflammation des méninges. Il s’agit d’une pathologie rare en France, qui touche principalement les enfants et les jeunes adultes de moins de 24 ans, mais dont le pronostic vital peut être fatal (10 % des cas). Depuis la fin de la pandémie de la Covid-19, les spécialistes observent une recrudescence de ces formes graves de méningite.

À savoir ! Le sérogroupe est un groupe de bactéries avec plusieurs variétés possédant un facteur caractéristique en commun.

La bactérie se transmet par un contact étroit, à courte distance, direct et prolongé (d’une durée supérieure à une heure) à partir des sécrétions respiratoires et salivaires des malades et des porteurs sains : salive, baiser, toux ou encore postillons. La période de contagion débute 10 jours avant les signes cliniques et se termine 24h après le début du traitement antibiotique. La période d’incubation (délai entre la contamination par la maladie et l’apparition des premiers symptômes) est de 2 à 10 jours.

Le plus souvent la présence de la bactérie au niveau du rhinopharynx est asymptomatique. De nombreuses personnes sont dites « porteuses saines ». Les signes cliniques surviennent généralement chez les moins de 5 ans, les adolescents et les jeunes adultes de moins de 25 ans. Un syndrome infectieux est souvent associé à un syndrome méningé avec différentes manifestations dont :

  • une fièvre plus ou moins élevée ;
  • des maux de tête violents (céphalées) ;
  • des nausées ou vomissements ;
  • une intolérance à la lumière (photophobie) ou au bruit (phonophobie) ;
  • une raideur de la nuque (absent chez les nourrissons) ;
  • une léthargie (sensation de lenteur), fatigue, courbatures intenses ;
  • des troubles de la conscience ;
  • une agitation, convulsion, voire coma ;
  • un teint gris, marbré ;
  • des taches rouges violacées hémorragiques sous la peau (purpura).

L’évolution vers des complications graves comme l’état de choc, le coma ou la mort, peut être très rapide (en quelques heures). La mortalité de ces méningites reste élevée, même avec un traitement antibiotique approprié. Parmi ceux qui survivent, jusqu’à 20 % souffrent de séquelles, comme une surdité, des lésions cérébrales, la perte d’un membre ou un retard mental.

L’apparition de taches rouges, violacées hémorragiques sous la peau (purpura), s’étendant progressivement (purpura extensif), est un critère de gravité de l’infection. Cette complication est appelée « purpura fulminans » et provoque un choc septique mortel dans un tiers des cas.

Le plus souvent, le traitement antibiotique est rapidement efficace, les symptômes disparaissent et la méningite guérit. Chez les enfants, une surveillance particulière est mise en place, sur plusieurs années après la guérison pour surveiller l’apparition de séquelles à distance de l’infection.

Pour les personnes ayant été en contact direct, étroit ou prolongé avec une personne malade (généralement vivant sous le même toit), un traitement préventif (prophylaxie) est mise en place en fonction des décisions des autorités de santé publique :

  • un traitement antibiotique, ou antibioprophylaxie, dans les 10 jours qui précèdent le dernier contact et plus particulièrement dans les 48 heures qui suivent le diagnostic ;
  • pour les sérogroupes A, C, Y ou W, la prévention par la vaccination permet de compléter le traitement antibiotique instauré et peut être proposée à tous les sujets ayant eu des contacts proches et répétés avec un malade et des enfants en bas âge vivant en collectivité, où la promiscuité est grande.

Cette prise en charge permet de protéger les personnes à risque d’empêcher la contamination entre les individus et la circulation de la bactérie.


Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Méningite. www.ameli.fr. Consulté le 24 avril 2024.
– MÉNINGITES À MÉNINGOCOQUES. www.pasteur.fr. Consulté le 24 avril 2024.
– Méningites. www.vidal.fr. Consulté le 24 avril 2024.

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