Érythème infectieux

Le mégalérythème ou érythème infectieux, plus communément appelé la cinquième maladie, est une maladie infantile éruptive liée à une infection virale. Bénigne dans la très grande majorité des cas, elle ne nécessite généralement aucun traitement particulier, en dehors de médicaments pour soulager les symptômes et améliorer le confort de l’enfant. Toutefois, chez certaines personnes fragiles (femmes enceintes, sujets atteints d’hémopathies chroniques), cette maladie peut être associée à un risque de complications.

Qu’est-ce que l’érythème infectieux ou cinquième maladie ?

Chez les jeunes enfants, les épisodes de fièvre associés à une éruption cutanée peuvent être fréquents. Pour les parents, une question se pose : quelle est la maladie en cause ? L’érythème infectieux, également appelé le mégalérythème ou la cinquième maladie, est une maladie infantile, d’origine virale, entraînant une éruption cutanée. Le terme « cinquième maladie » s’explique car l’érythème infectieux est la cinquième maladie de l’enfance à provoquer des éruptions cutanées, après :

• La scarlatine ;
• La varicelle ;
• La rougeole ;
• La rubéole.

On peut en ajouter une sixième, la roséole, justement appelée la sixième maladie.

D’où vient l’érythème infectieux ?

L‘érythème infectieux est une maladie infantile due à l’infection par un virus, le parvovirus B19. Ce dernier pénètre dans l’organisme par les voies respiratoires (nez, bouche, gorge), avant d’envahir l’ensemble du corps.

La maladie touche généralement les enfants entre l’âge de 5 et 10 ans, provoquant des épidémies localisées, mais elle peut également survenir chez l’adulte. Elle survient volontiers sous la forme d’épidémies saisonnières, en fin d’hiver et au printemps.

L’érythème infectieux est une maladie très contagieuse, qui se transmet essentiellement par les gouttelettes respiratoires (postillons, crachats, sécrétions nasales, salive) ou le contact avec des surfaces souillées (poignées de porte, vaisselle, …). La contagiosité est maximale quelques jours avant l’apparition de l’éruption cutanée, avec un risque majoré en cas de contacts étroits et répétés. Par ailleurs, cette infection virale peut également se transmettre par deux autres moyens :

• Par voie sanguine (plaie, transfusion sanguine) ;
• Par voie materno-fœtale à travers le placenta.

Comment reconnaître l’érythème infectieux ? Les symptômes de la 5^ème maladie

Les premiers symptômes de la maladie n’apparaissent qu’après une période d’incubation de 4 à 20 jours. Durant cette période, l’enfant peut parfois avoir des frissons ou ressentir des douleurs musculaires, des symptômes qui passent le plus souvent inaperçus. Un rhume peut également précéder le début de la maladie.

La maladie se manifeste ensuite par une éruption cutanée caractéristique, qui évolue en trois stades :

1/ Un érythème maculo-papuleux (coloration rouge de la peau associée à des boutons) au niveau des joues avec un aspect dit en « paire de claques » ou de « joues giflées » ;

2/ Trois à quatre jours plus tard, des macules (boutons) rosées, à centre clair et coloration périphérique, apparaissent sur le tronc et les membres. Elles forment des plaques, dont la disposition prend la forme de « carte de géographie » ou de « dentelle ». Les macules sont légèrement prurigineuses (elles démangent) ou parfois purpuriques (très rouges avec un aspect hémorragique).

3/ L’éruption disparaît en une dizaine de jours. Elle peut toutefois resurgir pendant plusieurs semaines ou mois, lors des expositions à la chaleur ou au soleil, ou encore après un exercice physique ou un stress émotionnel.

À savoir ! L’éruption cutanée localisée sur les joues permet souvent de différencier l’érythème infectieux des autres maladies infantiles éruptives. Néanmoins, une consultation médicale est conseillée pour s’assurer de l’origine de l’éruption cutanée de l’enfant

Chez les adultes, l’éruption est souvent localisée aux extrémités des membres, avec une répartition dite en « gants et chaussettes ». Outre l’éruption, la maladie s’accompagne d’une fièvre modérée (autour de 38°C) et de maux de tête. Chez les adolescents et les adultes, peuvent également survenir des douleurs articulaires (arthropathie), un gonflement des articulations et des douleurs abdominales.

Chez certains enfants ou adultes, l’infection peut passer totalement inaperçue, car elle ne provoque aucun symptôme particulier (formes asymptomatiques).

L’érythème infectieux est-il grave ?

L’érythème infectieux est une maladie bénigne dans la très grande majorité des cas, avec un risque exceptionnel de complication sous forme d’encéphalite aigüe (infection du cerveau). Néanmoins, cette infection peut s’avérer dangereuse chez certaines catégories de personnes, en particulier :

• Les personnes atteintes de maladies chroniques hématologiques : le virus peut s’attaquer aux cellules de la moelle osseuse et bloquer transitoirement la production des cellules sanguines, provoquant une anémie sévère, une baisse des globules blancs et/ou des plaquettes (aplasie).
• Les personnes immunodéprimées : la maladie peut être plus sévère avec une anémie importante et durer plusieurs mois.
• Les femmes enceintes : la contamination par le parvovirus B19 au cours de la grossesse peut avoir des conséquences très graves pour le fœtus. Seule la moitié des femmes seraient déjà immunisées avant leur grossesse. Au cours du premier trimestre, il existe un risque d’avortement spontané par mort fœtale. Au second et au troisième trimestres, l’infection peut provoquer un anasarque fœto-placentaire (anémie fœtale sévère associée à un œdème généralisé) mettant en jeu le pronostic vital du fœtus. En revanche, l’érythème infectieux n’entraîne pas de risques de malformations ou de handicaps mentaux.

Les risques de complications de l’érythème infectieux sont donc limités à certaines catégories de personnes fragiles, qui doivent prendre quelques précautions, notamment en limitant les contacts avec des jeunes enfants enrhumés.

Comment savoir si mon enfant a un érythème infectieux ?

L’érythème infectieux ou 5ème maladie est une maladie encore largement méconnue. Son diagnostic est établi à partir des symptômes caractéristiques présentés par l’enfant, et en particulier de l’évolution typique de l’éruption cutanée. Chez les enfants en bonne santé, elle ne nécessite pas de consultation médicale, ni de prise en charge particulière. Les enfants guérissent spontanément en deux à trois semaines. En cas de doute sur l’origine de l’éruption cutanée, il est conseillé de consulter le médecin ou le pédiatre.

Si le diagnostic est uniquement clinique chez les jeunes enfants en bonne santé, il est important de confirmer une infection par le parvovirus B19 chez les personnes fragiles, en particulier les femmes enceintes. Des tests sanguins sont prescrits pour rechercher la présence du virus et confirmer l’érythème infectieux.

Si le diagnostic est confirmé, d’autres examens sont prescrits chez la femme enceinte pour surveiller son état de santé et celle du fœtus. Des contrôles sanguins et des échographies rapprochées sont notamment programmées.

Quels sont les traitements de l’érythème infectieux ?

L’érythème infectieux est une maladie virale et il n’existe pas de médicament antiviral capable de guérir l’infection. Comme la maladie est le plus souvent bénigne, le médecin ne prescrit pas systématiquement un traitement. En fonction des symptômes de l’enfant, des médicaments peuvent être conseillés pour baisser la fièvre, soulager les douleurs, réduire les démangeaisons et améliorer son confort. Le paracétamol est le médicament antalgique à privilégier en cas d’infection virale chez l’enfant.  

Chez les enfants fragiles présentant des risques de complications, des injections intraveineuses d’anticorps dirigés contre le virus peuvent être envisagées, mais restent limitées à de rares contextes.

En cas de maladie chez la femme enceinte, il n’y a pas de traitement de l’infection, mais une surveillance rapprochée de la femme enceinte et du fœtus est instaurée. En cas d’atteinte fœtale, des transfusions sanguines in utero peuvent être nécessaires.

Comment prévenir l’érythème infectieux ?

La cinquième maladie est une maladie virale très contagieuse, qui se manifeste sous la forme d’épidémies saisonnières. Le virus se propage rapidement dans les lieux d’accueil des enfants et des jeunes enfants : garderie, crèche, assistantes maternelles, écoles, ….

À savoir ! La cinquième maladie n’est pas une maladie à éviction scolaire. L’enfant peut toujours être admis à l’école, même si l’éruption cutanée est encore présente.

Pour les femmes enceintes et les sujets fragiles, exposés aux risques de complications de l’infection au parvovirus B19, il est primordial de prendre des mesures d’hygiène et de respecter les gestes barrière pour prévenir au mieux le risque de transmission :

• Un lavage soigneux des mains ;
• Le lavage des objets, du linge et des surfaces potentiellement souillées ;
• L’utilisation de mouchoirs jetables à usage unique ;
• Le port de gants jetables pour soigner une plaie ;
• La restriction des contacts étroits au sein de la fratrie ;
• L’absence de contacts avec des jeunes enfants malades ;
• L’absence de fréquentation des lieux publics (magasins, transports en commun).

Estelle B., Docteur en Pharmacie