Tabagisme passif chez les enfants et risques cardiovasculaires

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Rédigé par Julie P. et publié le 2 novembre 2017

Avec ce mois de novembre synonyme de la deuxième édition du « Mois sans tabac » en France, c’est l’occasion pour se motiver à en finir avec ses mauvaises manies liées à la cigarette. Mais, c’est aussi une bonne opportunité pour parler, une fois de plus, des dangers liés au tabagisme passif. Une nouvelle étude américaine montre que les très jeunes enfants ayant grandi dans un environnement de fumeur ont plus de chance de développer des maladies cardiovasculaires. Eclairage.

Danger cardiovasculaire du tabagisme passif chez les enfants

Un cœur plus fragile pour les enfants

Les liens entre le tabagisme passif et les risques cardiovasculaires chez l’adulte sont bien établis scientifiquement mais moins bien étudiés encore chez les enfants. Pour remédier à ce manque de connaissance, des chercheurs américains de l’école de Médecine de l’état d’Ohio, à Columbus, se sont attelés à la tâche.

Sur les 139 enfants âgés de 2 à 5 ans participant à l’étude, les chercheurs ont mesuré leur niveau d’exposition au tabac en évaluant le taux de nicotine retrouvé dans leurs cheveux.

A savoir ! Le dosage de la nicotine urinaire et/ou salivaire ont montré leurs limites pour évaluer la nicotine chez les personnes soumises au tabagisme passif. La mesure de la nicotine dans les cheveux est une solution. Cette méthode, mise au point en 2001, permet de reconstruire une histoire sur le long terme car 1 cm de cheveux correspond approximativement à une exposition d’un mois. Deux facteurs doivent être pris en compte : la vitesse de croissance des cheveux varie selon les personnes et l’exposition à certains produits chimiques (décolorants) modifiant le taux de nicotine capillaire.

En parallèle, ils ont mesuré tout un ensemble de paramètres biologiques liés à leur santé cardiovasculaire :

  1. La pression artérielle au réveil ;
  2. Le taux de sucre (glycémie) et d’insuline dans le sang ;
  3. Profil des lipides dans le sang ;
  4. Taux de protéine C-réactive (CRP) ;
  5. Marqueurs de l’inflammation et de l’oxydation cellulaire ;
  6. Marqueurs de stress des cellules de la paroi interne des vaisseaux sanguins (cellules endothéliales).

Après avoir réalisé l’ensemble de ces analyses biochimiques, les chercheurs ont analysé les relations entre les différentes données en leur possession.

Quelle est l’influence du tabagisme passif sur les constantes biologiques des enfants ?

Plus les taux de nicotine dans les cheveux étaient élevés, plus les enfants présentaient une pression artérielle haute et une CRP importante.

A savoir ! La CRP est la protéine C-Réactive. C’est une protéine synthétisée par le foie à la suite d’une inflammation de l’organisme. Elle apparaît suite à une agression de l’organisme (infection, blessures). Les CRP ont un rôle important dans la réponse immunitaire en mobilisant et activant les globules blancs.

Inversement, plus les jeunes enfants subissaient un tabagisme passif important, plus leur cholestérol HDL était bas tout comme leurs cellules endothéliales souches capables de régénérer le tissu vasculaire.

A savoir ! Le cholestérol est constitué de lipides circulant dans le sang. Le cholestérol HDL est considéré comme le « bon cholestérol  » car ses protéines transportent les mauvaises graisses qui s’accumulent dans les vaisseaux sanguins pour les acheminer au foie où elles sont détruites. Un taux élevé en cholestérol HDL est considéré comme favorisant la protection contre des complications cardiovasculaires, notamment coronariennes.

Finalement, les chercheurs ont montré que plus le taux de nicotine des cheveux était haut, plus les enfants avaient des « profils antioxydants » faible.

Ces résultats confirment une relation entre l’exposition passive au tabac des très jeunes enfants et plusieurs marqueurs de risque cardiovasculaire en amont de l’émergence d’une maladie.

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Les autres conséquences du tabagisme passif sur les enfants

Selon Santé Public France et la Fondation contre le cancer belge, fumer en présence d’un enfant entraîne également chez lui :

  1. Une irritation des yeux, du nez et de la gorge ;
  2. Une fréquence accrue des maladies du système respiratoire inférieur (bronchites, bronchiolites et pneumonies) ;
  3. Une faible diminution du développement du poumon ;
  4. Des affections de l’oreille (otite) ;
  5. Une augmentation du risque de difficultés d’apprentissage et de problèmes comportementaux comme l’hyperactivité ;
  6. Une augmentation du risque de survenue de certains cancers chez l’enfant (tumeurs du cerveau et lymphomes).

Sans oublier que pour éviter de faire subir le tabagisme passif à un enfant, il ne suffit pas d’éviter de fumer en sa présence.

En effet, dans des études antérieures, il a été démontré que les parents qui déclarent ne pas fumer à la maison mais uniquement à l’extérieur, ne protègent pas totalement leurs enfants. On retrouve chez eux des taux de nicotine intermédiaires entre les enfants dont les parents ne fument pas et ceux dont les parents fument à la maison.

Il faut donc bien avoir à l’esprit que la nicotine s’immisce partout : les vêtements, les meubles, les tissus et l’air. Ainsi, lorsque l’on a fumé dans une pièce, la nicotine y est encore détectée dans un délai de 12 heures.

Encore de bonnes raisons pour se motiver à en finir avec le tabac !

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Julie P., Journaliste scientifique

– Des marqueurs de risque cardiovasculaire chez les enfants exposés à un tabagisme passif. JIM. J.J Baudon. Le 26 octobre 2017.
– Secondhand smoke exposure and preclinical markers of cardiovascular risk in toddlers. The Journal of Pediatrics. JA Groner JA et al. – Consulté le 02 novembre 2017.
– Le tabagisme passif. INPES. – Consulté le 02 novembre 2017.
– Le tabagisme passif chez les enfants. Fondation contre le cancer. – Consulté le 02 novembre 2017.
Ou

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