2018 : les 10 menaces sur la santé mondiale

Maladies infectieuses Santé au quotidien (maux quotidiens) Santé en voyages Urgences Vaccins

Rédigé par Julie P. et publié le 23 mars 2018

Virus Zika, nouveaux cas d’Ebola, peste, épidémie de rougeole en Europe… ces dernières années ont été synonymes de situations sanitaires d’urgence. Comment l’année 2018 est-elle envisagée par les instances de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) spécialisées dans les prévisions liées à la santé ? Focus sur les 10 principales menaces pesant sur la santé mondiale et l’allocution du Directeur Général de l’OMS qui précise que face à l’imprévisibilité de ces menaces sanitaires, une préparation optimale est nécessaire pour organiser une riposte rapide.

épidemie et santé mondiale

Vers une pandémie liée au virus de la grippe ?

Compte tenu de la mondialisation qui nous permet de nous déplacer facilement d’un bout à l’autre de la planète, les experts de l’OMS estiment que la survenue d’une grippe d’ampleur mondiale est très probable.

Selon leur scénario le plus pessimiste, cette pandémie sévère pourrait entraîner des millions de décès.

C’est d’ailleurs dans l’objectif d’éviter ce drame sanitaire que l’OMS recommande la vaccination pour protéger les populations de la grippe saisonnière.

Actuellement, plus de 150 institutions de santé publique dans 110 pays collaborent à la surveillance des différents virus de la grippe mais aussi à des agents pathogènes respiratoires comme celui du MERS CoV (le Coronavirus du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient) détecté pour la première fois en 2016 en Arabie Saoudite.

Lire aussi11 vaccins obligatoires pour 2018 ?

Paludisme : relever le défi de la résistance au traitement

L’OMS estime à plus de 200 millions le nombre de cas de paludisme dans le monde avec plus de 400 000 décès.

Neuf décès sur 10 se produisent en Afrique subsaharienne. Le reste de la mortalité se répartit entre l’Asie du Sud Est, l’Amérique du Sud, le Pacifique occidental et la Méditerranée orientale.

« En République centrafricaine et au Soudan du Sud, le paludisme fait plus de victimes que la guerre » selon l’OMS.

La stratégie de lutte contre le paludisme 2016-2030 de l’OMS a pour objectif de diminuer la prévalence et le taux de mortalité de la maladie de 90 %.

Pour relever le défi de la résistance au traitement, de nouvelles stratégies thérapeutiques sont à l’étude comme les thérapies combinées, la vaccination et la mise en place de moyens plus efficaces pour lutter contre le vecteur de la maladie, le moustique anophèle femelle.

Lire aussiPaludisme : un nouveau vaccin en perspective

Choléra et sécurité sanitaire de l’eau

Chaque année, 100 000 personnes décèdent par suite d’une contamination par la bactérie Vibrio cholerae. Le pays le plus touché est la République Démocratique du Congo (RDC).

En 2018, l’OMS mènera des campagnes de vaccination, comme celle de 2017 qui a permis à plus de 4 millions de personnes de bénéficier du vaccin anticholérique.

Autre objectif : favoriser l’accès à une eau sans risque sanitaire en poursuivant et développant de nouveaux projets en lien avec les autorités administratives, les associations, les entrepreneurs et les porteurs de projets.

Sans oublier que 2,1 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’alimentation en eau potable et plus du double, soit 4,5 milliards ne disposent pas de services d’assainissement sécuritaires.

Lire aussiPartir au bout du monde sans revenir malade

Diphtérie : 14% des enfants dans le monde ne sont pas protégés

Même si le vaccin antidiphtérique a permis d’éradiquer cette maladie respiratoire infectieuse dans la majorité du monde, la bactérie Corynebacterium diphtheriae a fait un retour alarmant en 2017 au Venezuela, en Indonésie, au Bangladesh et au Yémen.

En 2017, l’OMS a constaté que la diphtérie se propageait rapidement chez les réfugiés Rohingyas dans le district de Cox’s Bazar au Bangladesh.

Même si l’administration d’antibiotiques avec des antitoxines peut sauver la vie des personnes déjà infectées, des moyens supplémentaires doivent être mis en œuvre pour assurer une couverture vaccinale mondiale plus importante.

L’OMS estime que 86% des enfants du monde reçoivent les 3 doses recommandées de vaccin contre cette bactérie et que les 14% restants sont non vaccinés ou vaccinés partiellement.

Lire aussiUn enfant sur 10 dans le monde ne recoit aucune vaccination

Méningite C : pénurie de vaccins

Une nouvelle souche virulente de méningite à méningocoque C circule le long de la ceinture africaine englobant 26 pays. Le risque d’épidémie à grande échelle est dangereusement élevé et plus de 34 millions de personnes pourraient être touchées. Les survivants, 90% des cas, sont confrontés à des séquelles neurologiques sévères.

L’OMS et ses partenaires financent une réserve mondiale d’urgence de vaccins : 2,5 millions de doses. Cependant, les experts de l’OMS estiment que 10 millions de doses supplémentaires seront nécessaires pour éviter une épidémie majeure avant 2019.

Lire aussiMéningites à méningocoques

Fièvre jaune : risque accru au Brésil et Nigéria

Des campagnes de vaccination de masse ont fait reculer considérablement la maladie. Cependant, dès l’année 2000, une résurgence de cette maladie hémorragique virale aiguë a été observée en Afrique et dans les Amériques. En 2016, des rebonds de fièvre jaune en Angola et en RDC n’ont pu être contenues que par l’intermédiaire d’une campagne de vaccination auprès de 30 millions de personnes. En 2018, le Nigéria et le Brésil font face à des flambées majeures, qui menacent les zones urbaines.

Parmi les autres fièvres hémorragiques virales, une surveillance accrue sera appliquée pour les infections à virus Ebola et Marburg, la fièvre hémorragique de Crimée Congo, la fièvre de la Vallée du Rift, la fièvre de Lassa, les maladies à hantavirus et la dengue.

Lire aussiL’OMS prépare un plan de gestion de crise sanitaire

Conflits : des accès aux soins anéantis, un chaos propice à la crise sanitaire

Les guerres actuelles continuent de ravager les systèmes de santé (infrastructures et personnels) en place à travers le monde.

« Plus de personnes sont mortes de maladies traitables et évitables ou de pathologies chroniques que sous les balles et les bombes », selon l’OMS.

Sans oublier que la guerre en elle-même est source de risques sanitaires : attaques chimiques et biologiques, amputations, stress, résurgence de virus ou de bactéries compte tenu des conditions sanitaires déplorables (accès à l’eau, intoxications alimentaires, sous-alimentation, pénurie de médicaments et matériels de premiers soins).

Lire aussiUne recherche exclusive sur les traumatismes dû aux attentats

Amplification des catastrophes naturelles et santé mondiale

Tout comme dans les situations de conflits, les catastrophes naturelles entrainent une insécurité sanitaire très importante. Tempêtes, inondations, ouragans, sécheresses et autres tremblements de terre provoquent des conséquences sanitaires très graves pour des millions de personnes.

En 2017, les moussons ont touché plus de 40 millions de personnes au Bangladesh, en Inde et au Népal et en Sierra Leone. Les sécheresses débouchent sur l’insécurité alimentaire (eau et aliment) tandis que les vagues de chaleur sont à l’origine d’excès de mortalité, en particulier chez les personnes âgées et/ou ayant une santé fragile.

Lire aussiImpacts du réchauffement climatique sur la santé humaine

Menaces liées à l’alimentation : malnutrition et l’intoxication alimentaire

Un enfant qui décède sur 2, décède en raison de la dénutrition. Pour l’OMS, les pénuries alimentaires resteront un grave défi dans la Corne de l’Afrique en 2018 (Soudan du Sud, Yémen).

Du côté de l’intoxication alimentaire, l’OMS déplore que près d’une personne sur 10 dans le monde est malade après avoir consommé des aliments contaminés et 420 000 personnes en meurent chaque année. L’Afrique du Sud se bat actuellement contre la plus grande flambée de listériose jamais enregistrée.

Lors de son allocution du 12 février dernier lors du sommet mondial des gouvernements à Dubaï, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a pris la parole pour répondre à cette question : Pouvons-nous créer un monde exempt de pandémies ?

Selon lui : « Il n’existe pas de garantie mais, avec une préparation méticuleuse et une riposte rapide, nous pouvons éviter que la plupart des flambées échappent à tout contrôle et nous pouvons limiter l’impact de celles qui se propagent au niveau international. » En ajoutant également que « ce travail n’est pas réservé à nous qui sommes dans le secteur de la santé. Chacun a un rôle à jouer, de ceux qui assurent la sécurité sanitaire des aliments à ceux qui luttent pour la sécurité dans le monde ».

Lire aussiNorovirus, salmonelles, etc. : bilan annuel des infections d’origine alimentaire

Julie P., Journaliste scientifique

– Pouvons-nous créer un monde exempt de pandémies ? WHO Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Consulté le 22 mars 2018.
  • Cirhakarhula Crispin says:

    La santé mentale reste oubliée et pourtant nous le ferons notre cheval de bataille. Merci.

Ou

Les commentaires sont fermés.