Résistance aux antibiotiques : un allié nommé canneberge ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 18 juin 2019

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la résistance aux antibiotiques est aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé humaine. L’une des stratégies est de découvrir de nouvelles molécules luttant contre les infections bactériennes. Récemment, des chercheurs viennent de montrer que des extraits de canneberge permettent de renforcer le rôle des antibiotiques. Retour sur les travaux publiés dans Advanced Science.

canneberge

Des bactéries plus sensibles aux antibiotiques

La canneberge, fruit emblématique de l’Amérique du Nord, fait souvent parler d’elles pour ses vertus antioxydantes et sa capacité à prévenir la survenue de certaines infections urinaires comme une cystite.

Pour sonder plus en détails le rôle antibactérien de ces baies rouges, les chercheurs de l’université McGill et de l’INRS (l’Institut national de la recherche scientifique) de Montréal ont décidé de mettre des bactéries pathogènes en contact avec différentes molécules issues de la canneberge pendant un traitement antibiotique.

Ces bactéries étaient notamment responsables d’infections urinaires (Proteus mirabilis) comme des lithiases rénales, de pneumonies (Pseudomonas aeruginosa) et de gastro-entérites (Escherichia coli).

Sans attendre, ils ont découvert que certaines de ces bactéries cultivées in vitro devenaient plus sensibles à un traitement antibiotique grâce à la présence d’extraits de canneberges.

À savoir ! Les antibiotiques utilisés dans ces travaux étaient le sulfaméthoxazole (SMX), la nitrofurantoïne (NIT), la gentamicine (GEN), la kanamycine (KAN), la tétracycline (TET) et l’ azithromycine (AZT).

Ici, les extraits de canneberge empêchent l’évolution de la résistance à la tétracycline chez Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa et potentialise l’activité, in vitro, d’une gamme de toutes les classes d’antibiotiques contre les agents pathogènes E. coli, P. mirabilis et P. aeruginosa.

« Quand on traite une bactérie avec un antibiotique pendant un certain temps en laboratoire, elle développe à coup sûr une résistance. Ici, les bactéries traitées à la fois avec un antibiotique et l’extrait de canneberge, n’ont pas développaient de résistance. Ce résultat nous a beaucoup surpris et nous y voyons une opportunité importante «  explique Nathalie Tufenkji, professeure à l’Université McGill et auteure principale de l’étude.

Lire aussiInfections urinaires : cranberry, un mythe ?

Des polyphénols qui rendent les bactéries plus perméables aux antibiotiques

Les chercheurs ont identifié le composé permettant de diminuer cette antibiorésistance et son mode d’action. L’activité d’antibiorésistance est portée par un groupe de molécules nommées proanthocyanidines, des molécules appartenant à la famille des flavonoïdes (polyphénols) ayant des propriétés antioxydantes très importantes.

Les observations ont révélé que ces proanthocyanidines rendaient les bactéries plus sensibles aux antibiotiques en les laissant entrer plus facilement à l’intérieur de la bactérie et en inhibant certains mécanismes d’évacuation de ces antibiotiques hors du microorganisme. Ces deux actions de rétention expliqueraient pourquoi la bactérie est plus sensible à des faibles concentrations d’antibiotiques.

Leurs premiers essais sur des insectes infectés par les bactéries montrent également l’effet bénéfique d’un extrait de canneberge sur la performance des antibiotiques et notamment sur l’antibiotique SMX (sulfaméthoxazole). Le taux de survie des animaux après infection a également était amélioré.

Cependant, le travail ne s’arrête pas là et les chercheurs doivent encore :

  • Identifier les synergies possibles entre les différentes proanthocyanidines ;
  • Quantifier, in vitro, l’action stimulante des combinaisons de proanthocyanines sur différentes thérapies antibiotiques ;
  • Vérifier l’innocuité et l’efficacité de ces extraits de canneberge sur les cellules humaines in vitro et, in vivo, sur des souris.

Nathalie Tufenkji confie, pleine d’espoir, dans un communiqué de presse « Nous sommes impatients de poursuivre cette recherche. Notre espoir est de réduire les doses d’antibiotiques nécessaires en médecine humaine et vétérinaire afin de combattre la résistance aux antibiotiques ».

Lire aussiLes fourmis, une nouvelle voie pour lutter contre la résistance aux antibiotiques ?

Julie P. Journaliste scientifique

– Proanthocyanidin Interferes with Intrinsic Antibiotic Resistance Mechanisms of Gram-Negative Bacteria ? Advanced Sciences. Consulté le 17 Juin 2019.

  • Très intéressant Ce serait bien qu’elle corrige les fautes d’orthographe surtout mises «en gras » ça ferait plus sérieux …

    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Nous nous efforçons de restituer une information médicale fiable et accessible à tous.
      Cependant, nous ne sommes pas à l’abri d’une petite erreur orthographique!
      Nous serons d’autant plus vigilant à l’avenir.
      Bonne journée.
      L’équipe Santé sur le Net

Ou

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