AVC : un surrisque de 30% chez les professionnels travaillant plus de 50 heures par semaine

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Rédigé par Julie P. et publié le 3 août 2019

Passer trop de temps à travailler impacte notre santé psychologique et physiologique. Cependant, dans quelles mesures le temps de travail influence-t-il le risque d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ? C’est en voulant répondre à cette question qu’une équipe internationale de chercheurs a suivi 143 600 travailleurs. Retour sur les conclusions de cette étude parue le 20 juin dernier dans la revue Stroke.

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Travailler plus de 10 heures par jour : un comportement à risque pour le cerveau des adultes âgés de 20 à 50 ans

Afin de réaliser cette étude, les chercheurs ont utilisé une partie des données de la cohorte CONSTANCES (Cohorte des consultants des centres d’examens de santé) regroupant 200 000 personnes âgées de 18 à 69 ans et réaliser un entretien médical en parallèle.

En analysant statistiquement l’ensemble des données portant sur l’âge, le sexe, la profession, le nombre d’heures travaillées dans l’année, les facteurs de risque cardiovasculaire (tabagisme, surpoids et obésité, hypertension artérielle par exemple), les chercheurs ont montré que :

  • Travailler plus de 10 heures par jour pendant 50 jours dans l’année est associé à un risque d’AVC augmenté de 29 % ;
  • Suivre un tel rythme de travail sur 10 ans augmenterait le risque d’AVC de 45 % ;
  • Être une femme ou un homme n’a pas d’incidence sur le lien établi entre temps de travail et le risque d’AVC ;
  • Les employés de bureau âgés de moins de 50 ans sont les plus exposés comparativement à ceux ayant dépassé la cinquantaine.

« Ce résultat semble plus important chez les jeunes professionnels de moins de 50 ans, probablement parce qu’il est relatif à leurs comportements de santé. Entre 20 et 50 ans, une personne qui travaille trop a tendance à modifier ses comportements alimentaires, à faire moins d’exercice physique et parfois à consommer plus de tabac, d’alcool ou de psychotropes, ce qui augmente son exposition au risque «  commente le Professeur Alexis Descatha, spécialiste des pathologies liées au travail au CHU Raymond-Poincaré de Garches qui a participé à cette étude.

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Quels sont les métiers à risques ?

Cette analyse très significative, puisque regroupant plus de 140 000 personnes, révèle l’association entre le risque de survenue d’un AVC et un rythme de travail trop soutenu. Elle montre que ce lien est d’autant plus important que le rythme de travail soutenu perdure sur une dizaine d’années.

Les professionnels les plus exposés sont ceux travaillant dans des secteurs à « flux tendus », les travailleurs de nuit ou en postes, les professionnels de santé (exposition aux risques psychosociaux), les professionnels de la logistique ou ceux travaillant dans les médias.

Cependant, les chercheurs se montrent rassurants en précisant que le surrisque d’apparition d’un AVC en travaillant plus de 10 heures par jour est mineur comparé au même risque lié au tabagisme ou  à l’hypertension artérielle.

À savoir ! Les facteurs de risque de survenue d’un AVC sont l’âge (plus de 65 ans), la présence de maladies cardiaques, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le diabète, la consommation de tabac et/ou d’alcool, la sédentarité, la survenue d’un premier accident vasculaire cérébral.

A ce stade des investigations, d’autres études cliniques et épidémiologiques sont encore nécessaires pour montrer le lien de cause à effet entre la surcharge de travail et la survenue d’une attaque cérébrale.

En attendant, cette découverte fera l’objet de réflexions auprès des instances de santé publique pour mener des campagnes d’informations auprès des travailleurs les plus exposés.

Pour rappel, en France, chaque année, 150 000 personnes subissent un AVC.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Association Between Reported Long Working Hours and History of Stroke in the CONSTANCES Cohort. Ahajournals. Consulté le 29 juillet 2019.