Le mode d’accouchement conditionnerait le comportement de l’enfant

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Rédigé par Estelle B. et publié le 26 novembre 2020

Naître par césarienne ou par un accouchement par voie basse influence-t-il le développement cérébral et le comportement de l’enfant ? Une récente étude menée par des chercheurs américains le suggère, mettant en cause les effets de la présence ou de l’absence de certaines hormones au moment de la naissance. Des travaux publiés dans la revue scientifique Journal of Neuroendocrinology.

Mode d’accouchement : Césarienne vs voie basse

En France, depuis quelques années, la proportion de naissances par césarienne se stabilise autour de 20 %, soit environ une naissance sur cinq. Ces césariennes peuvent être pratiquées dans deux types de circonstances :

  • Une césarienne en urgence, lorsque le déroulement de l’accouchement par voie basse nécessite une intervention rapide pour préserver la santé de la mère et de l’enfant ;
  • Une césarienne programmée, lorsque l’accouchement par voie basse représente un risque pour la mère et/ou pour le bébé.

Les effets à long terme d’un accouchement par césarienne, par rapport à un accouchement par voie basse, restent encore mal connus. Le mode d’accouchement a-t-il un impact sur le développement cérébral de l’enfant à naître ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre récemment des chercheurs américains.

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La césarienne pourrait impacter la santé de l’enfant à long terme

D’après les études antérieures, l’accouchement par césarienne est associé à un risque accru pour l’enfant de développer plusieurs problèmes de santé, notamment :

  • Une obésité (augmentation de 55 % du risque d’obésité chez l’enfant à l’âge de 5 ans) ;
  • Des allergies et en particulier de l’asthme ;
  • Des troubles du spectre de l’autisme.

Les chercheurs ont alors posé l’hypothèse que l’influence du mode d’accouchement sur la santé de l’enfant dépendait des hormones libérées ou non au moment de la naissance. Ils ont alors découvert que les hormones du stress étaient libérées en quantités très différentes, en fonction du mode d’accouchement. L’accouchement par voie basse provoque une forte libération de ces hormones. Celles-ci sont produites en quantités moindres en cas de césarienne en urgence, et en quantité très faible voire nulle en cas de césarienne programmée.

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Une libération d’hormones capitale pour le développement cérébral

Ces hormones du stress remplissent différentes fonctions :

  • La stimulation du travail et donc l’accouchement ;
  • L’adaptation de la vie du bébé au monde extérieur (respiration aérienne, régulation de la température corporelle, réaction au microbiote maternel, …).

Mais au-delà, ces hormones pourraient conditionner le développement cérébral de l’enfant, et ce sur le long terme.

L’absence de cette exposition aux hormones chez les enfants nés par césarienne, en particulier par césarienne programmée, pourrait avoir des conséquences durables sur le développement cérébral et le comportement de l’enfant. Les chercheurs suggèrent d’envisager l’administration d’hormones de la naissance, en particulier l’ocytocine, pour stimuler le développement cérébral des enfants nés par césarienne. Cette stratégie serait à rapprocher d’une part de l’administration du cortisol pour favoriser le développement pulmonaire chez les nourrissons prématurés, et d’autre part, des études suggérant une administration de prébiotiques aux nourrissons nés par césarienne et donc non exposés au microbiote maternel.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

Source
– Birth signalling hormones and the developmental consequences of caesarean delivery. Journal of Neuroendocrinology. Consulté le 23 novembre 2020.