Dépistage et vaccination dans la prévention du cancer du col de l’utérus

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Rédigé par Deborah L. et publié le 28 janvier 2022

Les formes invasives du cancer du col de l’utérus touchent chaque année en France près de 3000 nouvelles patientes et plus d’un millier en décède. L’Organisation mondiale de la santé estime pourtant qu’il serait possible d’éradiquer complètement cette maladie grâce à deux stratégies efficaces et complémentaires : le dépistage et la vaccination. En cette semaine européenne de prévention du cancer du col de l’utérus, Santé publique France fait le point sur la couverture nationale du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus ainsi que sur les couvertures vaccinales.

Prévention du cancer du col de l'utérus

Prévention du cancer du col de l’utérus : De l’importance du dépistage

Dans la prévention du cancer du col de l’utérus, le dépistage constitue une première stratégie de taille. L’objectif affiché ? Détecter des lésions précancéreuses et les traiter suffisamment tôt pour empêcher qu’elles n’évoluent en cancer. Le dépistage permet également de détecter et de traiter des cancers à un stade précoce pour en améliorer les chances de guérison.

À savoir ! Le dépistage s’inscrit depuis 2018 dans le cadre d’un programme national organisé dont l’objectif est de sensibiliser les femmes ne réalisant pas ou pas assez régulièrement un dépistage.

Entre 2018 et 2020, Santé publique France estime que 59% des femmes de 25 à 65 ans ont été dépistées. Si le recours au dépistage a fortement baissé au cours des mois de mars, avril et mai 2020 en raison de l’épidémie de COVID-19, le rattrapage opéré les mois suivants a fait en sorte qu’il n’y ait pas d’impact notable sur la couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus.

Il est intéressant de remarquer que la couverture du dépistage varie fortement selon l’âge. Si elle avoisine les 65% entre 25 et 45 ans, elle diminue ensuite sensiblement à partir de 50 ans pour chuter à 45% chez les femmes de 60 à 65 ans. Les disparités de couvertures de dépistage s’observent également selon les territoires. Les couvertures les plus élevées (>67%) concernent en effet le Rhône, la Haute Garonne, l’Isère et le Haut-Rhin. Mais globalement, la couverture de dépistage est loin d’atteindre l’objectif des 70% préconisés par l’Union européenne et demeure insuffisante à tous les âges et sur l’ensemble du territoire national. Or, un dépistage régulier de toutes les femmes concernées permettrait de réduire significativement le nombre de cas de cancers du col de l’utérus.

A noter ! Depuis sa mise sur le marché, le test HPV s’est intégré rapidement dans le programme national de dépistage organisé. Chez les femmes âgées de 30 à 65 ans, le test HPV représentait en effet moins de 1% des tests de dépistage en 2019, 25% en 2020 et 65% au cours des 6 premiers mois de 2021 !

À savoir ! S’ils  nécessitent tous deux un prélèvement cervico-utérin réalisé par un clinicien, le test de détection des HPV présente cependant une meilleure sensibilité que l’examen cytologique (frottis). En pratique, les cliniciens peuvent désormais demander le test adapté à l’âge de leurs patientes : un examen cytologique avant 30 ans et un test HPV après 30 ans.

De l’importance de la vaccination

Autre stratégie de prévention du cancer du col de l’utérus : la vaccination contre les HPV. Elle est aujourd’hui recommandée chez les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans (avec un rattrapage vaccinal possible jusqu’à 19 ans). Son objectif ? Prévenir les infections génitales à HPV qui sont à l’origine d’environ 90% des cancers du col de l’utérus et d’autres cancers des voies génitales et de la sphère ORL.

Si elle progresse depuis plusieurs années, la couverture vaccinale contre les HPV chez les adolescentes demeure néanmoins insuffisante. Ainsi, ce sont seulement un tiers des jeunes filles de 16 ans qui ont reçu un schéma complet de vaccination contre les HPV en 2020. Dans ce contexte, la vaccination des garçons, elle-même recommandée depuis 2021, devrait permettre de réduire la transmission des papillomavirus et de protéger les jeunes contre les maladies liées aux HPV.

À savoir ! La vaccination contre les HPV ne remplace pas le dépistage du cancer du col de l’utérus par frottis cervico-utérin qui reste primordial à partir de 25 ans, que l’on soit vaccinée ou non. Seul le frottis permet de détecter la présence d’une anomalie au niveau du col de l’utérus après une infection par les virus HPV et de la prendre en charge rapidement.

De l’importance de la sensibilisation

Selon l’Institut national du cancer, il est fondamental d’informer et de sensibiliser le plus grand nombre au bénéfice de la prévention des cancers du col de l’utérus. L’Institut national du cancer a donc développé pour les professionnels de santé en charge du suivi gynécologique un outil interactif leur permettant de visualiser les étapes de leur intervention dans ce dépistage. Cet outil leur donne également accès aux examens recommandés en fonction du profil des patientes, aux référentiels ainsi qu’à de la documentation.

S’agissant de l’accès à l’information, le grand public n’est pas en reste puisque l’Institut national du cancer a également développé un programme de chroniques sonores qu’il propose à plus de 1 000 radios, web radios et sites internet en métropole et dans les territoires d’outre-mer. Ces programmes sonores sont l’occasion de rappeler à la population les points clés de ce dépistage.

Autre outil de sensibilisation ciblée, un courrier adressé aux femmes n’ayant pas réalisé le dépistage dans les intervalles de temps recommandés. Ce courrier,  accompagné d’un dépliant d’information, les invite à réaliser l’examen en précisant les enjeux de ce dépistage et en les orientant vers différents professionnels de santé.

Le grand public trouvera enfin une mine d’informations sur le sujet sur le site institutionnel de référence sur la vaccination « Vaccination-info-service » dans l’espace dédié à la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV). Ce site dispose également d’un « Espace Pro », auquel les professionnels de santé pourront se référer.

Espérons que ces efforts de dépistage et de vaccination, soutenus par des efforts de communication et de sensibilisation de la population, permettront de lutter efficacement contre ce cancer féminin.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Cancer du col de l’utérus : la couverture du dépistage et de la vaccination doivent progresser pour une meilleure prévention. santepubliquefrance.fr. Consulté le 27 janvier 2021.