Intertrigo

L’intertrigo est une inflammation des plis de la peau. Il atteint tout type de pli : aussi bien les plus grands, comme par exemple le pli de l’aine, que les plus petits, comme par exemple la commissure des lèvres. L’intertrigo peut avoir une origine infectieuse ou non. C’est une affection cutanée fréquente et bénigne, qu’il convient toutefois de traiter correctement pour éviter d’éventuelles complications. En parallèle, quelques mesures simples d’hygiène et de soin limitent le risque de récidive.

Définition, symptômes et causes de l’intertrigo

Rappels physiologiques

Les plis cutanés sont nombreux, et de toutes les tailles :

• Petits plis cutanés : pli inter-orteil, pli rétro-auriculaire (derrière l’oreille), nombril… ;
• Grands plis cutanés : pli sous-mammaire, pli de l’aine aussi appelé pli inguinal, pli inter-fessier…

Les plis cutanés sont des zones très particulières du corps pour lequelles il existe un risque de frottement, d’irritation et de macération.

Qu’est-ce que l’intertrigo ?

L’intertrigo est l’inflammation des plis de la peau.

On distingue plusieurs types d’intertrigo :

• En fonction de leur localisation : petit pli ou grand pli (voir ci-dessus). Les intertrigos prennent parfois des noms spécifiques selon leur localisation. Ainsi l’intertrigo situé entre les orteils prend le nom particulier de pied d’athlète. De même, l’intertrigo de la commissure des lèvres est couramment appelé perlèche.
• En fonction de leur origine : les intertrigos d’origine infectieuse sont très courants. Ils sont essentiellement dus à des champignons comme les dermatophytes et les levures. Ils peuvent également être dus à des bactéries mais cela reste plus rare. Les intertrigos d’origine non infectieuse sont surtout représentés par les dermatoses inflammatoires chroniques que sont l’eczéma et le psoriasis ou par d’autres maladies, cutanées ou non.

À savoir ! L’eczéma des plis est très courant, il concerne de nombreux plis dont celui du coude, du genou, le cou, le pli rétro-auriculaire… Le psoriasis des plis est aussi appelé psoriasis inversé car il touche des zones généralement épargnées par le psoriasis. De plus, il est peu squameux et volontiers suintant, à la différence du psoriasis en plaques.

Qui est concerné ?

L’intertrigo peut toucher tout le monde, et ce dès la naissance. En effet, les bébés sont souvent dodus et potelés. Certains de leurs plis, comme ceux du cou ou ceux situés sous les couches, peuvent rapidement faire l’objet d’une macération et conduire à un intertrigo.

Certaines personnes sont plus à risque que les autres, du fait de la présence d’un ou plusieurs facteurs favorisants comme la transpiration, l’humidité et les frottements. Ainsi, les sportifs sont particulièrement concernés par les intertrigos. Une autre catégorie de personnes régulièrement touchées par l’intertrigo est celle des personnes souffrant d’obésité.

À savoir ! Certaines pathologies chroniques entrainent une immunodépression et augmentent le risque d’intertrigo. C’est notamment le cas du diabète.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes de l’intertrigo sont de nature et d’intensité variable selon la localisation, l’origine et le degré de gravité :

• La peau devient rouge ou au contraire plutôt blanchâtre ;
• Elle peut se mettre à peler, à se fissurer ou même à suinter ;
• Le patient ressent une gêne, des picotements, une sensation de brûlure voire de douleur ;
• Des démangeaisons sont souvent présentes et fragilisent un peu plus la peau ;
• Dans certains cas, une mauvaise odeur peut se dégager des lésions.

Quelles sont les complications possibles ?

Les intertrigos sont des affections cutanées bénignes. Cependant, si la personne ne les traite pas correctement et continue à les toucher ou à les gratter, il existe un risque de surinfection des lésions.

De plus, si l’intertrigo est d’origine infectieuse, alors il peut non seulement participer à la contamination d’autres personnes (transmission inter-humaine), par exemple par du linge de toilette, mais aussi s’étendre et toucher d’autres zones du corps (auto-infestation). Par exemple, un intertrigo situé entre les orteils (ou pied d’athlète) peut conduire à l’apparition d’une mycose des ongles (onychomycose) voire à un intertrigo d’un grand pli (par exemple le pli de l’aine).

L’intertrigo constitue également une porte d’entrée pour des pathologies plus sérieuses comme l’érysipèle. L’intertrigo inter-orteil favorise l’apparition d’un érysipèle des membres inférieurs, tandis que l’intertrigo au niveau du pli de l’oreille contribue à l’apparition d’un érysipèle de la face.

À savoir ! L’intertrigo est bénin mais peut altérer la qualité de vie et le quotidien du patient en raison des symptômes gênants, des éventuelles complications et récidives.

Quelles sont les causes de l’intertrigo ?

Les causes infectieuses des intertrigos sont essentiellement représentées par des champignons et parfois par des bactéries.

Les principaux champignons responsables d’intertrigo sont d’une part les dermatophytes et d’autre part les levures. Au lieu d’intertrigo, on peut alors parler de mycose des plis, qui est une forme particulière de mycose cutanée.

À savoir ! Les dermatophytes sont des champignons filamenteux microscopiques qui se nourrissent de kératine (on dit qu’ils sont kératinophiles). Ils sont présents dans l’environnement et se développent en milieu chaud et humide.

À savoir ! Les levures responsables d’intertrigo appartiennent surtout au genre Candida et à l’espèce Candida albicans. Celle-ci est présente à l’état normal dans le tube digestif et les muqueuses vaginales mais peut dans certains cas s’installer sur la peau et devenir pathogène.

Diagnostic et traitement

Comment poser le diagnostic d’intertrigo ?

Généralement, le diagnostic d’intertrigo est purement clinique et ne nécessite pas d’examen complémentaire.

Dans certains cas, des prélèvements sont effectués mais cela reste rare.

À savoir ! Il arrive que le psoriasis des plis, ou psoriasis inversé, soit d’abord confondu avec un intertrigo infectieux.

Quels sont les traitements de l’intertrigo ?

Le traitement de l’intertrigo dépend de la cause. Dans le cas d’un intertrigo dû à un champignon, la prise en charge repose sur des antifongiques administrés par voie locale et/ou orale, pour décontaminer les lésions et obtenir une guérison.

Les antifongiques locaux sont disponibles sous différentes formes galéniques pour s’adapter à chaque situation. Ainsi, les crèmes sont réservées aux lésions sèches, les formes plus fluides comme les émulsions ou les laits sont bien adaptées aux lésions suintantes. Les poudres sont très souvent utilisées dans les chaussures et les chaussettes.

Les antifongiques oraux sont généralement prescrits dans les cas les plus sévères ou en cas d’échec des soins locaux.

En parallèle, quelques mesures strictes d’hygiène s’imposent :

• Laver les lésions tous les jours avec un savon doux ;
• Sécher les lésions avec une serviette dédiée, qu’il faudra laver tous les jours ;
• Nettoyer régulièrement la douche, la baignoire, le tapis de bain, le sol de la salle de bain ;
• Changer tous les jours de sous-vêtements et de chaussettes, en privilégiant les matières naturelles et respirantes.

À savoir ! Un intertrigo disparait rarement tout seul. Il nécessite un traitement rigoureux et relativement long. Ainsi, il est essentiel d’être observant et de se conformer à la prescription médicale.

Quelle prévention ?

Pour éviter de développer une mycose des plis, il est recommandé de :

• Bien sécher les plis en sortant de la douche ;
• Lutter contre la transpiration, qui est source de macération ;
• Ne pas partager son linge de toilette.

Concernant plus particulièrement les intertrigos inter-orteils, éviter de marcher pieds nus à la piscine, au spa ou dans les vestiaires.