L’apparition de nouveaux variants de la Covid-19 est-elle liée aux infections longues ?

Actualités Coronavirus (COVID-19)

Rédigé par Alexia F. et publié le 4 mai 2022

505 jours. C’est la plus longue durée d’une infection par la Covid-19 recensée à ce jour. Elle concerne un patient immunodéprimé. Ce type de patients présente un profil particulièrement à risque de forme grave et de décès suite à une infection par le SARS-CoV-2. Ainsi, des chercheurs britanniques se sont intéressés à l’évolution du virus chez ces patients. L’étude publiée récemment suggère que la persistance du virus dans l’organisme pourrait contribuer à la survenue de nouveaux variants.

Femme qui fait un test pour savoir si elle a la covid

Une durée d’infection exceptionnelle

Comment le SARS-CoV-2 évolue-t-il en divers variants ? C’est la question à laquelle les scientifiques tentent de répondre depuis bientôt deux ans. Une étude britannique suggère que la réponse pourrait se trouver dans l’évolution de l’infection chez les patients immunodéprimés. En effet, le virus persiste plus longtemps dans leur organisme. Le record de la plus longue infection par la Covid-19, de 505 jours, soit presque 1 an et demi, concerne un patient immunodéprimé. Ces malades présentent un profil particulièrement à risque face à une infection par le SARS-CoV-2. En effet, ils sont plus à risque de formes graves et de décès.

Cette durée exceptionnelle d’infection a interrogé les chercheurs du King’s College of London.Ils se sont alors lancés dans l’étude de l’évolution de l’infection par le SARS-CoV-2 chez 9 patients immunodéprimés, entre mars 2020 et décembre 2021. Malheureusement, seuls 5 d’entre eux ont survécu à l’infection. Les patients étaient porteurs du VIH, malades d’un cancer ou avaient récemment bénéficié d’une greffe d’organe. Chez les patients ayant survécu, l’infection a duré en moyenne 73 jours pour 3 patients et plus d’un an pour deux d’entre eux. A contrario, elle dure une dizaine de jours dans la population générale. Cette prolongation de l’infection pourrait s’expliquer par l’affaiblissement du système immunitaire de ces patients.

Les infections longues, alliées de l’émergence de nouveaux variants de la Covid-19

En plus de cette infection longue, les chercheurs ont mis en évidence l’apparition de plusieurs mutations du virus chez les patients étudiés. Si une mutation ne donne pas forcément lieu à l’émergence d’un variant, elle permet au virus de tester des changements de son matériel génétique sur le malade. De plus, il s’avère que ces mutations ont lieu durant toute la période de l’infection.

Ainsi, cette étude de cas multiples démontre que les patients gravement immunodéprimés peuvent subir une infection prolongée par le SARS-CoV-2. Celle-ci s’accompagne de symptômes mais d’une réplication virale persistante tout au long de la période d’infection. La survenue continue de mutations chez ces patients montre qu’une infection prolongée peut ouvrir la voie vers une évolution du virus. Elle pourrait être en partie responsable de l’apparition de nouveaux variants de la Covid-19. Ainsi, les auteurs soulignent l’importance de traiter le plus rapidement possible les infections par le SARS-CoV-2.

Seulement 20 jours avant une réinfection

L’émergence de nouveaux variants, plus contagieux, favorise la survenue de réinfections. On parle de réinfection par le SARS-CoV-2 lorsqu’il s’écoule une période durant laquelle la personne est asymptomatique et présente des tests de dépistage négatifs. En moyenne, une réinfection est possible plusieurs mois après la première.

Cependant, un cas a été rapporté d’une réinfection seulement 20 jours après la fin des symptômes et le dernier test négatif. Cette patiente avait été infectée une première fois par le variant Omicron et une seconde fois par le variant Delta.

Alexia F., Docteure en Neurosciences

Sources
– Yearlong COVID-19 Infection Reveals Within-Host Evolution of SARS-CoV-2 in a Patient With B-Cell Depletion. Nussenblatt, V. et al. 2022. The Journal of Infectious Diseases. academic.oup.com. Consulté le 4 mai 2022.