Agoraphobie : La solution dans la réalité virtuelle immersive ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 16 février 2023

Et s’il était désormais possible de réduire l’anxiété liée à l’agoraphobie grâce à la réalité virtuelle immersive ? C’est ce que suggère une étude menée par des scientifiques de l’Université d’Oxford. L’utilisation de la réalité virtuelle immersive pourrait révolutionner le traitement de l’agoraphobie.

Foule : La réalité virtuelle contre l'agoraphobie

Agoraphobie : quelle prise en charge ?

L’agoraphobie désigne un trouble psychique caractérisé par l’anxiété de se trouver dans des endroits ou bien des situations dont il pourrait être difficile ou gênant de sortir. Touchant 1,7% de la population européenne, ce trouble survient généralement entre 20 et 30 ans. Il se manifeste par des crises de panique imprévisibles et récurrentes accompagnées de divers symptômes (peur intense, palpitations, sensation de chaleur, étourdissement, vertiges).

Face une agoraphobie, plusieurs pistes thérapeutiques peuvent être envisagées comme :

  • un traitement médicamenteux de courte durée (à base d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques) : pour aider le patient à gérer le trouble panique
  • ou une psychothérapie pour aider le patient à gérer une attaque de panique.

Dans ce second cas, les thérapies cognitives comportementales peuvent donner de bons résultats. Elles consistent en effet à exposer le patient de manière progressive aux sensations physiques redoutées afin de développer des méthodes à-mêmes de le relaxer. Cette exposition progressive peut se faire concrètement sur le terrain ou alors au moyen de techniques de réalité virtuelle immersive.

À savoir ! La réalité virtuelle désigne une technologie numérique capable d’immerger l’individu dans un environnement entièrement virtuel. Cet environnement peut être la reproduction du monde réel ou un lieu complètement imaginaire.  Visuelle et auditive, cette expérience nécessite l’utilisation d’un casque de réalité virtuelle qui permet à l’utilisateur d’interagir intuitivement avec le monde virtuel.

Or, force est de constater que jusqu’à présent, peu d’étude cliniques se sont penchées sur l’intérêt de la réalité virtuelle immersive chez des patients souffrant de troubles psychiques. Dans ce contexte, une équipe de scientifiques britanniques a souhaité savoir si des sessions de réalité virtuelle pouvaient aider à combattre la détresse et l’évitement des patients souffrant d’agoraphobie.

Réduire l’anxiété liée à l’agoraphobie grâce à la réalité virtuelle immersive ?

Pour mener à bien leur étude, les scientifiques de l’Université d’Oxford ont mis au point un programme précis intitulé gameChange. Muni d’un casque de réalité virtuelle et guidé par un thérapeute virtuel, le patient doit effectuer des exercices dans différentes situations (dans un bus, un café, une boutique) pendant une séance de 30 minutes. Chaque exercice est doté de cinq niveaux de difficultés et le patient peut choisir de réaliser l’exercice de manière complètement autonome, sans l’aide du thérapeute virtuel.

Pour Daniel Freeman, professeur de psychologie clinique et auteur de ce programme de thérapie en réalité virtuelle, cette étude démontre que « six séances de thérapie automatisée aident les personnes souffrant de psychose à retourner à des activités sociales du quotidien et à surmonter leur anxiété». Selon lui, ce programme se révèle particulièrement efficace pour les patients les plus anxieux et les bénéfices peuvent être ressentis jusqu’à six mois plus tard. Grâce ce programme, les patients parviennent à effectuer des tâches qu’ils avaient l’habitude de fuir dans la réalité et se débarrassent ainsi de leurs pensées angoissantes qui deviennent moins prenantes. Autre avantage de cette méthode, l’absence d’effets secondaires sévères. Seuls quelques effets mineurs comme des maux de tête ou le mal de mer ont été rapportés, mais sans incidence sur les résultats de la thérapie.

Limites et précisions

Il faut préciser par ailleurs que les bénéfices de cette thérapie se sont révélés moins francs pour les patients souffrant moins fortement de ce type de troubles. Pour le professeur de psychologie, cela s’explique par le fait que le programme est moins adapté à leurs besoins. Conçu initialement pour aider les personnes ne parvenant pas à entrer dans un café ou une boutique, il ne répond pas exactement aux besoins des personnes souffrant de problèmes d’interaction sociale par exemple. Mais l’auteur de l’étude est convaincu qu’en apportant des ajustements au programme, cette thérapie pourrait également aider ces patients à résoudre leurs difficultés spécifiques.

Prochaine étape pour le psychologue ?  Démocratiser l’utilisation de ces thérapies au sein d’établissements de santé ou d’associations par exemple. Les équipements de réalité virtuelle sont d’ailleurs aujourd’hui moins onéreux qu’il y a vingt ans et plus simples à utiliser. Le professeur insiste néanmoins sur la nécessité de superviser et d’accompagner les patients dans l’utilisation de ce matériel. En mettant en lumière les bénéfices apportés par la réalité virtuelle immersive, cette étude ouvre ainsi de nouvelles perspectives prometteuses de thérapie psychologique !

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Automated virtual reality therapy to treat agoraphobic avoidance and distress in patients with psychosis. thelancet.com. Consulté le 1er février 2023
– Des thérapies de réalité virtuelle pour combattre l’agoraphobie. lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 1er février 2023