Supplémentation des enfants en vitamine D : Quel intérêt ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 18 avril 2024

Bien que l’Association française de pédiatrie ambulatoire préconise à l’heure actuelle une supplémentation systématique en vitamine D pour les enfants de 0 à 18 ans, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) émet d’autres recommandations. Son conseil scientifique conseille en effet maintenir la supplémentation en vitamine D uniquement avant 1 an et en cas d’allaitement et de facteurs de risque de carence en vitamine D. On fait le point.

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Rachitisme et supplémentation en vitamine D

Le rachitisme désigne une maladie infantile due à une carence en vitamine D. Cette carence est liée à un manque d’exposition au soleil ou à une carence alimentaire. Cette carence en vitamine D entraîne un défaut de maturation des os qui durcissent de manière anormale. Le rachitisme se manifeste par des déformations variables du squelette survenant essentiellement entre 6 mois et 4 ans.

À savoir ! La vitamine D est produite par la peau si elle est suffisamment exposée aux rayons du soleil. La vitamine D a pour rôle de favoriser l’absorption et la fixation du calcium et du phosphore sur les os.

En France, le rachitisme carentiel a quasiment disparu (incidence de 3 pour 100 000 enfants par an tous âges confondus). C’est notamment grâce à l’instauration de la supplémentation en vitamine D dans les années 60. La commercialisation de laits artificiels enrichis en vitamine D depuis 1992 y est aussi pour quelque chose. Cette maladie devenue très rare affecte désormais les enfants allaités n’ayant pas bénéficié d’une supplémentation vitaminique avant l’âge de 5 ans ainsi que les enfants présentant des facteurs de risque de carence en vitamine D (obésité, peau noire, absence d’exposition au soleil, diminution de l’apport).

Le sujet de la supplémentation en vitamine D au sein de la population générale a mobilisé de nombreux experts s’accordant sur la nécessité d’une supplémentation chez les très jeunes enfants. Les recommandations actuelles de l’Association française de pédiatrie ambulatoire prévoient ainsi une supplémentation systématique des enfants de 0 à 18 ans. Devant la multiplicité des posologies selon les âges et facteurs de risque, le CNGE a examiné les données de la littérature existantes et relatives aux enfants.

À savoir ! Les doses recommandées en vitamine D entre 0 à 18 ans oscillent entre 400 et 800 UI par jour pour un enfant en bonne santé et sans facteur de risque. Chez les nourrissons, l’administration quotidienne de vitamine D se fait généralement sous forme de gouttes. Les enfants plus grands se voient proposer des ampoules à prendre de manière plus espacée en fonction du dosage.

Supplémentation en vitamine D chez les enfants : quel intérêt ?

L’objectif des travaux de ces scientifiques ? Synthétiser les études sérieuses menées sur le sujet afin d’évaluer la balance bénéfices/risques de cette supplémentation chez les nourrissons, les enfants et les adolescents.

S’agissant des bébés de moins d’un an, une supplémentation en vitamine D de 400 UI/j semble suffisante pour atteindre des concentrations de vitamine D sérique considérées comme « normales ». Mais des posologies supérieures n’ont quant à elles pas amélioré la densité osseuse et augmentent le risque d’hypercalcémie. En l’absence de facteurs de risque de rachitisme, le niveau de preuve est donc insuffisant pour conclure à une efficacité clinique de la supplémentation en vitamine D sur la santé osseuse d’après une revue de la littérature menée en 2020.

À savoir ! Un apport excessif en vitamine D risque d’entraîner un taux excessif de calcium dans le sang, à l’origine d’une hypercalcémie sévère. Cette manifestation peut s’accompagner d’une atteinte rénale (lithiase ou néphrocalcinose) nécessitant dans certains cas une hospitalisation.

S’agissant des enfants âgés de 1 à 13 ans et des adolescents, les résultats des études menées sur les bénéfices osseux de la supplémentation en vitamine D se sont révélés soit peu fiables soit négatifs, soit discordants. Dans les faits, le CNGE estime donc que l’indication de supplémentation en vitamine D s’appuie sur une observation épidémiologique historique de la réduction de l’incidence du rachitisme.

Vers de nouvelles recommandations ?

Suite à cette analyse de la littérature, le CNGE dresse donc les conclusions suivantes :

  • Pour les nourrissons avant l’âge de 1 an : bien que le bénéfice clinique individuel ne soit pas clairement démontré, il semble raisonnable de maintenir une supplémentation systématique de 400 à 800 UI/jour en cas d’allaitement maternel ou en présence de facteurs de risque de carence.
  • Pour tous les autres enfants et adolescents : les études ne sont en revanche pas assez fiables pour pouvoir conclure à un intérêt de la supplémentation en vitamine D.

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Faut-il continuer à supplémenter en Vit D les enfants en bonne santé ?www.cnge.fr. Consulté le 8 avril 2024.