Aide au sevrage tabagique : Bye bye la cigarette électronique !

Actualités Addiction Santé au quotidien (maux quotidiens)

Rédigé par Deborah L. et publié le 17 janvier 2022

Presque six ans après son dernier avis sur le sujet, le Haut Conseil de la Santé Publique fait un virage à 180 degrés en déconseillant l’usage de la cigarette électronique dans le cadre d’une aide au sevrage tabagique. Explications.

Aide au sevrage tabagique

La cigarette électronique : un sujet qui divise

La cigarette électronique désigne un « système électronique de délivrance de la nicotine » (Seden). Depuis le début de sa commercialisation il y a vingt ans, la cigarette électronique est présentée comme une aide au sevrage tabagique. Il faut dire que ce dispositif n’est pas considéré comme un produit du tabac vu qu’il ne produit aucune fumée mais de la simple vapeur d’eau. En 2016, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) publiait même un avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique en la présentant comme une aide à l’arrêt du tabac.

La communauté scientifique s’est cependant toujours montrée divisée quant aux potentiels effets néfastes de l’e-cigarette sur la santé. En 2020, dans un rapport de l’OMS, certains spécialistes ont en effet mis en garde contre les dangers liés à son utilisation. Selon eux, ses effets à long terme restent encore mal connus. En Europe, c’est la Commission Européenne qui demande un durcissement de la réglementation des produits de vapotage suite au tout dernier rapport qu’elle vient de publier sur les dangers de la cigarette électronique.

Dans ce contexte, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) publie à son tour un nouvel avis, presque six ans après le précédent. Et c’est un véritable virage à 180 degrés qu’il prend en déconseillant à présent l’usage de la cigarette électronique dans le cadre d’un sevrage tabagique.

Une alternative désormais déconseillée pour le sevrage tabagique

Cette actualisation de l’avis du HCSP intervient au terme d’un travail de synthèse de la littérature existante. Les experts ont finalement conclu que les preuves étaient « insuffisantes pour proposer les Seden comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs ».

Les professionnels de santé en charge d’accompagner les fumeurs dans leur démarche de sevrage tabagique devront dès lors proposer des traitements ayant prouvé leur efficacité, qu’ils soient médicamenteux ou non. Seuls les personnes vulnérables souffrant de co-addictions ou de comorbidités et à forte dépendance nicotinique, pourront continuer à se voir proposer les Seden si elles les préfèrent ou présentent une faible adhésion aux traitements validés.

À savoir ! La cigarette électronique est déconseillée chez les femmes enceintes par précaution, du fait d’un manque d’informations sur les risques encourus.

Ce travail de synthèse a par ailleurs permis au HCSP d’émettre 13 recommandations générales sur le sujet. Parmi elles, une attention particulière doit ainsi être accordée à la prévention auprès des jeunes adolescents non consommateurs de tabac. L’objectif étant de retarder leur initiation à la cigarette électronique. Les études ont effectivement mis à jour le lien existant entre initiation aux Seden et initiation au tabac. Le HCSP recommande donc de maintenir l’interdiction de vente d’e-cigarettes aux mineurs et de renforcer les contrôles. Autre recommandation avancée : l’élaboration d’un système de « vapovigilance » et des campagnes d’information auprès du grand public.

L’avis du HCSP met enfin l’accent sur la nécessité de mettre en place des études comparatives documentées entre cigarette électronique, placebo et traitements validés dans le cadre du sevrage tabagique. Sans doute permettront-elles d’identifier les solutions les plus à-mêmes d’accompagner les fumeurs dans leur démarche d’arrêt du tabac.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique. hcsp.fr. Consulté le 12 Janvier 2022.