Arrêt cardiaque sur les pistes de ski = Meilleure chance de survie

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Rédigé par Estelle B. et publié le 11 janvier 2018

Les arrêts cardiaques sont responsables chaque année de 30 % des décès survenus en montagne et le risque de faire un arrêt cardiaque sur les pistes de ski est doublé chez les plus de 34 ans. Les arrêts cardiaques représentent ainsi une fraction importante des interventions des services de secours sur les pistes de ski. Selon les données collectées par le Réseau Nord Alpin des Urgences, le taux de survie des patients serait supérieur, lorsque l’arrêt cardiaque surviendrait sur les pistes de ski plutôt qu’ailleurs.

secouristes à la montagne pour un arrêt cardiaque

Le réseau alpin RENAU

Le réseau RENAU (Réseau Nord Alpin des Urgences) regroupe l’ensemble des hôpitaux publics, des cliniques privées et des médecins correspondants SAMU en station de ski de l’ensemble du territoire du Nord des Alpes.

Ce réseau coordonne actuellement six programmes d’études :

  • RESURCOR pour les urgences coronaires et rythmologiques, en particulier les infarctus du myocarde ;
  • RENAU-AVC pour les urgences neurovasculaires, notamment les victimes d’accident vasculaire cérébral ;
  • TRENAU pour les urgences traumatiques graves, un concept inédit en France avec un triage optimal des blessés ;
  • GRENAU pour les urgences gériatriques ;
  • Baby-RENAU pour les urgences pédiatriques ;
  • RENAU-AC pour les arrêts cardiaques.

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Meilleure survie après un arrêt cardiaque sur les pistes de ski

Les données du programme RENAU – Arrêt cardiaque ont été collectées et analysées entre 2004 et 2014. Sur cette période, les caractéristiques des 136 arrêts cardiaques survenus entre 8 heures et 16 heures entre décembre et avril de chaque année sur les pistes de ski ont été comparées avec celles des 12 500 arrêts cardiaques intervenus en dehors des pistes.

Les résultats de cette étude révèlent que l’arrêt cardiaque sur les pistes de ski concerne une population globalement plus jeune (56 ans en moyenne contre 66 ans dans les autres lieux) et plus masculine (89 % contre 70,5 %). Le taux de survie de ces arrêts à 30 jours est de 21,3 % lorsqu’il survient sur une piste de ski, contre 5,9 % dans les autres lieux, soit une chance de survie multipliée par 2,6.

Comment expliquer un tel écart de survie ? Sur les pistes, la réanimation cardio-respiratoire réalisée par un témoin s’avère plus fréquente, effectuée dans 43,4 % des cas, contre 26,8 % dans les autres lieux. Sur le plan médical, le pronostic est souvent plus favorable, avec un rythme cardiaque choquable dans 41,2 % des cas contre 20,1 % et une défibrillation externe possible pour 88 % des sujets. Le recours à l’héliportage est également important, avec 83,1 % de patients héliportés, et permet une diminution du temps de transport.

Ainsi, les patients pris en charge pour arrêt cardiaque sur les pistes de ski montraient un retour à une circulation sanguine spontanée et un taux de survie à 30 jours significativement plus élevés que dans les autres lieux.

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Prise en charge reconnue au niveau européen

Ces résultats mettent en évidence une organisation performante des urgences sur les pistes de ski, avec des caractéristiques essentielles, telles que :

  • La disponibilité d’un hélicoptère d’urgence ;
  • La présence de patrouilles équipées de défibrillateur automatique externe (DAE) et entraînées aux gestes de premiers secours ;
  • La cathétérisation en centres disponible 24heures/24.

Ainsi, d’une manière générale, la survie des arrêts cardiaques dans le Nord des Alpes est très largement supérieure au reste de la France et permet de sauver en moyenne 55 vies supplémentaires chaque année. Sur les pistes de ski, le taux de survie observé correspond même au record national ! Des résultats qui ont permis au réseau nord-alpin d’être choisi par les autorités de santé européennes pour représenter la France dans le registre européen des arrêts cardiaques.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Survival of cardiac arrest patients on ski slopes: A 10-year analysis of the Northern French Alps Emergency Network. Vigilino, D. and al. Resuscitation 119:43-47. doi:10.1016/j.resuscitation.2017.07.030.
– RE.NAU : Réseau Nord Alpin des Urgences. www.renau.org. Consulté le 3 janvier 2018.
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