Vers une augmentation des cas de paludisme suite à la COVID-19 ?

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Rédigé par Suzanne L. et publié le 25 juin 2020

Les moustiques sont vecteurs de nombreux agents pathogènes, dont le parasite Plasmodium, responsable du paludisme, autrement appelé malaria. La lutte contre le paludisme en Afrique est un travail de longue haleine, le moindre relâchement provoquant rapidement une augmentation du nombre de malades la saison suivante. A cause de la crise due à la COVID-19, l’OMS craint une flambée de paludisme, ainsi que de nombreux décès qui auraient pu être évités.

Bébé ausculté

Une augmentation des cas de paludisme

L’Afrique subsaharienne comptait en 2018 plus de 90% des cas de malaria au niveau mondial, et 94% des décès. Au Gabon par exemple, 15% des enfants de moins de 5 ans meurent du paludisme. Cependant, si le traitement est pris à temps, il s’agit d’une maladie non mortelle.

Déjà à cause d’une saison 2019 propice au développement des moustiques (hiver très doux suivi de nombreuses pluies, favorisant les marécages et les points d’eau, réservoirs de reproduction des moustiques), le mois de mai a vu une très forte augmentation des foyers épidémiques de paludisme.

A Madagascar, on comptait déjà presque autant de décès dus à la malaria en 6 mois que ceux pour l’année 2019.

Avec la crise générée par la COVID-19, l’OMS craint un doublement du nombre de décès, pour atteindre plus de 700 000, correspondant aux chiffres du début des années 2000.

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La peur du coronavirus fait fuir les hôpitaux

A cause de la COVID-19, les personnels de santé ainsi que les infrastructures sont détournés et saturés pour traiter les cas de COVID-19. Ils sont donc moins disponibles pour accueillir les patients atteints de paludisme. Ces derniers ne fréquentent plus les hôpitaux, de peur de contracter le coronavirus.

De plus, les deux maladies peuvent provoquer certains symptômes similaires : fièvre, migraine, douleur musculaire et atteinte respiratoire. Les patients ont également peur, par manque de test de dépistage, d’être traités et isolés pour la COVID-19.

Autre conséquence de la crise sanitaire : de nombreuses personnes ont perdu leur travail, et n’ont plus de revenus suffisants leur permettant de se soigner contre le paludisme.

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Un problème d’approvisionnement

Trois freins majeurs viennent impacter la prévention et la prise en charge de la malaria, à cause de la COVID-19 :

  • La majorité des financements des campagnes de prévention vient de pays étrangers. Ainsi, de nombreuses campagnes ont été interrompues : les distributions de moustiquaires imprégnées d’insecticide ainsi que de médicaments ont été arrêtées.
  • La grande majorité des traitements anti-paludéens est fabriquée en Asie, et particulièrement en Inde, où de nombreuses usines ont été arrêtées, provoquant des manques importants dans l’approvisionnement des médicaments et des ruptures de stock. Le problème de l’hydroxychloroquine, testée dans de nombreux essais contre le coronavirus, n’a cependant pas trop impacté l’Afrique, où elle n’est pas principalement utilisée.
  • La quantité de tests de dépistage rapide pour le paludisme est fortement diminuée et ces tests viennent à manquer dans certaines régions. En effet, de nombreux laboratoires ont modifié leur chaine de production en favorisant la fabrication de tests de dépistage pour la COVID-19.

La crise liée au coronavirus génère ainsi la peur de revenir en arrière quant à la prévention et le traitement du paludisme.

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Suzanne L., Pharmacienne & Rédactrice scientifique

– Coronavirus: le Covid-19 va-t-il causer une hausse du nombre de décès dus au paludisme? BBC. Consulté le 25 juin 2020.
– Covid-19 et paludisme, la double peine pour le continent africain. LE POINT. Consulté le 25 juin 2020.
– Covid-19 : sans mesure urgente, le nombre de décès dus au VIH, à la tuberculose et au paludisme pourrait doubler en un an. ONU INFO. Consulté le 25 juin 2020.
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