Près d’une femme sur 12 dans le monde développera un cancer du sein au cours de sa vie. Les progrès thérapeutiques permettent d’améliorer d’année en année le pronostic et de réduire le risque de récidive. Une récente étude met en garde contre le risque d’associer de la vitamine E avec l’un des traitements les plus prescrits en hormonothérapie contre le cancer du sein. Explications.
Cancer du sein, hormonothérapie et vitamine E
Le cancer du sein est le premier cancer féminin, à la fois en termes d’incidence et de mortalité. Parmi les traitements prescrits, figurent des traitements d’hormonothérapie, classiquement utilisés lorsque la tumeur est sensible à l’action des hormones. Le traitement par hormonothérapie fait généralement suite à la chirurgie et à la radiothérapie. Seul ou associé à une chimiothérapie, il peut être prescrit sur de longues périodes (entre 5 et 10 ans) pour réduire le risque de récidive du cancer.
Parallèlement, les compléments alimentaires et suppléments vitaminiques à base de vitamine E se multiplient dans les pharmacies et les parapharmacies. Cette vitamine E, connue pour son potentiel antioxydant, est naturellement présente dans les huiles et graisses d’origine végétales. Les apports alimentaires en vitamine E sont essentiels pour protéger l’organisme des effets délétères des radicaux libres. Elle se retrouve donc présente dans de nombreux compléments alimentaires notamment ceux destinés à stimuler l’immunité, redonner de l’énergie ou prévenir les effets du stress oxydant.
La vitamine E impacterait négativement l’hormonothérapie contre le cancer du sein
Quel est le lien entre cancer du sein, hormonothérapie anticancéreuse et vitamine E ? Plusieurs études ont montré que la supplémentation en vitamines antioxydantes pouvait nuire à l’efficacité des traitements anticancéreux (hormonothérapie et chimiothérapie) en protégeant les cellules tumorales des effets des radicaux libres. Pour aller plus loin, des chercheurs ont récemment mené une revue de littérature pour évaluer l’effet d’une supplémentation en vitamine E sur l’efficacité de l’hormonothérapie contre le cancer du sein.
L’analyse de l’ensemble des données publiées révèle des résultats parfois contradictoires sur l’effet de la supplémentation en vitamine au cours de la prise en charge d’un cancer du sein. Si certaines études suggèrent un effet bénéfique de la vitamine E sur la prise en charge, d’autres études mettent en évidence des effets négatifs :
- Une stimulation de certaines lignées cellulaires tumorales ;
- Une baisse de l’efficacité de certains médicaments d’hormonothérapie ;
- Une modification des taux sanguins de vitamine E et de médicament d’hormonothérapie ;
- Une fonction hépatique anormale.
Ne pas prendre de suppléments de vitamine E pendant l’hormonothérapie
Les études in vitro suggèrent ainsi une interaction possible entre les suppléments de vitamine E et les médicaments d’hormonothérapie contre le cancer du sein. Cette interaction pourrait nuire à l’efficacité de l’hormonothérapie et donc au pronostic de la patiente. Elle pourrait aussi altérer la fonction hépatique. Malheureusement, le manque de données in vivo, chez l’animal ou chez l’homme, rend complexe l’interprétation des données. Des études cliniques complémentaires sont nécessaires pour conclure.
Néanmoins, dans l’intervalle, selon les chercheurs, il convient de ne pas conseiller de supplémentation à base de vitamine E chez les femmes sous hormonothérapie contre le cancer du sein. Les femmes doivent également veiller à préciser quels médicaments elles prennent pour éviter de se voir conseiller des compléments alimentaires inadaptés. Une nouvelle preuve de l’importance du conseil d’un professionnel de santé avant de débuter une supplémentation nutritionnelle !
Estelle B., Docteur en Pharmacie