Les infections nosocomiales, contractées au cours d’un séjour hospitalier, sont la cause directe de 4 000 décès chaque année en France. Le lavage des mains du chirurgien avant l’intervention joue-t-il un rôle dans la survenue de ces infections ? Et comment optimiser cette étape cruciale ? Une étude américaine répond à ces questions.
Antisepsie et infections nosocomiales
Selon l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS), environ 5 % des patients hospitalisés contractent une infection au cours de leur séjour à l’hôpital, ce qui représente chaque année environ 750 000 infections et 4 000 décès. Ce type d’infection est désigné sous le terme d’infection nosocomiale. Ce risque infectieux dépend de plusieurs facteurs :
- L’état de santé du patient (âge, la présence de maladies chroniques, l’existence d’un déficit immunitaire, …) ;
- Le niveau d’hygiène du patient et du personnel soignant ;
- La durée de l’hospitalisation ;
- Les soins médicaux pratiqués sur le patient, en particulier les soins invasifs.
La majorité des infections nosocomiales est liée à la réalisation d’actes médicaux invasifs, tels que la mise en place de sonde (urinaire, trachéale) ou de cathéter veineux, les interventions chirurgicales et les examens d’endoscopie. Les infections du site opératoire représentent 13,5 % de l’ensemble des cas.
D’où viennent les bactéries responsables de telles infections ? Le plus souvent du patient lui-même et trois bactéries sont majoritairement représentées : Escherichia coli, Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) et Pseudomonas aeruginosa. D’autres bactéries peuvent être retrouvées, ainsi que des virus, des parasites ou des champignons. Comment prévenir le plus efficacement possible ces infections ?
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Antisepsie et hygiène des mains
Pour lutter contre les infections nosocomiales, les établissements de santé ont mis en place des règles d’hygiène et de prévention, à partir des recommandations nationales des autorités de santé. En particulier, le personnel soignant doit respecter scrupuleusement des protocoles précis avant, pendant et après chaque geste invasif ou chirurgical.
Parmi les règles fondamentales, le lavage des mains du personnel soignant représente un élément capital. Depuis les années 2000, l’utilisation des solutions hydro-alcooliques a permis de limiter la transmission des agents pathogènes par les mains. Il est demandé au personnel soignant d’utiliser ces solutions dans les services hospitaliers, avant et après chaque soin, chaque manipulation ou chaque visite dans une chambre.
Au bloc opératoire, l’antisepsie des mains du personnel soignant, et donc du chirurgien, est également soumise à des règles strictes. L’hygiène des mains du chirurgien est en effet un élément important pour éviter les infections nosocomiales, liées à la contamination du site opératoire. Mais comment le chirurgien doit-il se laver les mains pour les désinfecter de manière optimale ? Une récente américaine s’est penchée sur cette question capitale.
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Quelle est la meilleure antisepsie ?
L’Organisation Mondiale de la Santé recommande l’utilisation des solutions antiseptiques alcooliques (la substance antiseptique est dissoute dans un solvant alcoolique) plutôt qu’aqueuses (la substance antiseptique est dissoute dans un solvant aqueux). Dans cette étude, les auteurs ont comparé les infections du site opératoire sur deux périodes :
- Entre 2007 et 2009, où seules des solutions antiseptiques aqueuses ont été utilisées : 4 051 cas analysés, avec 1,8 % d’infections du site opératoire ;
- Entre 2013 et 2014, où des solutions antiseptiques aqueuses et alcooliques ont été utilisées alternativement : 2 293 cas analysés, avec 1,5 % d’infections du site opératoire.
D’après les résultats, le type de nettoyage des mains ne semble pas influencer le taux d’infections nosocomiales, contrairement à d’autres facteurs tels que le tabagisme du patient, ses antécédents médicaux ou encore la durée et la nature de l’intervention chirurgicale.
Cependant, ces observations ont révélé des lacunes dans l’antisepsie des mains des chirurgiens :
- Un temps d’application parfois trop court des solutions antiseptiques ;
- Une méconnaissance des spécificités des deux types de solutions antiseptiques.
Par ailleurs, les chirurgiens montrent souvent une préférence pour tel ou tel type de solution antiseptique, pour diverses raisons (facilité d’utilisation, nombre d’effets indésirables).
Quelle que soit la solution antiseptique utilisée, l’important est donc que le chirurgien se lave et se désinfecte correctement les mains, avant l’intervention pour minimiser le risque infectieux. Une première étape incontournable pour réduire l’importance des infections nosocomiales et leurs conséquences parfois dramatiques sur les patients.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie
– The impact of surgical hand antisepsis technique on surgical site infection. Oriel Brad S, and al. 2017. Am J Surgery; 213: 24-29.