Codéine en vente libre : deux décès d’adolescents

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Rédigé par Isabelle V. et publié le 17 juin 2017

Depuis le début de l’année 2017, l’Agence Nationale du Médicament (ANSM) a enregistré deux décès sur des mineurs qui avaient surconsommé de la codéine. Ce médicament, souvent associé à un anti-inflammatoire, possède des effets psychotropes qui peuvent être recherchés par certains jeunes. Problème : la codéine est en vente libre.

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La codéine : un médicament

La codéine est une molécule issue de l’opium. Dans l’organisme, sous l’action d’enzymes, elle se transforme en morphine.

A savoir ! L’opium est issu du latex du pavot. Ses propriétés sédatives et antalgiques sont connues depuis l’antiquité. La morphine est extraite du pavot pour la première fois en 1805. C’est toujours son mode de production actuel.

La codéine agit sur le système nerveux en diminuant la douleur. Son action est cependant 10 fois moins puissante que celle de la morphine. Elle agit aussi sur les centres respiratoires bloquant le réflexe de la toux. Les deux grandes indications de la codéine sont donc la douleur et la toux.

On la retrouve en association avec le paracétamol ou l’ibuprofène pour traiter les pathologies douloureuses pour lesquelles les anti-inflammatoires classiques ne suffisent pas. Elle est également disponible, seule ou en association, en sirop contre la toux sèche. Quelque 200 spécialités sont délivrées dans les officines. Certaines sont en vente libre : la dose de codéine remise au public ne doit alors pas excéder 300 mg par boite et 20 mg par prise.

Ces médicaments sont très largement consommés dans la population française ; en 2015, 22 millions de boites de doliprane-codéiné (en vente libre) ont été dispensées.

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La codéine : une drogue

Les propriétés médicales de la codéine sont liées à sa transformation en morphine. Cette dernière est bien connue pour ses puissantes propriétés antidouleur, mais aussi pour ses usages détournés par les consommateurs de drogues et ses propriétés addictogènes.

La toxicomanie liée à l’usage de codéine n’est pas nouvelle. Des cas de dépendances sont fréquemment rapportés. Cependant, récemment, un usage « festif » ou « récréatif » semble prendre de l’ampleur et s’étendre aux plus jeunes. Les effets recherchés sont un sentiment de bien-être, voire une euphorie.

Il s’agirait d’un phénomène de mode, amplifié par les réseaux sociaux, et ayant pris ses origines dans le milieu des rappeurs américains.

A savoir ! Le « Purple drank » est un mélange de sirop codéiné et de soda. Cette boisson est très appréciée des adolescents. Suite à de nombreux signalements, elle est sous la surveillance de l’ANSM.

Depuis le début de l’année, 5 cas graves d’intoxication par la codéine chez des mineurs ont été rapportés à l’ANSM. On déplore 2 décès par arrêt cardiaque.

De plus, la codéine étant souvent associée au paracétamol, les overdoses peuvent déclencher des hépatites aiguës, un effet redoutable du surdosage de cet anti-inflammatoire.

Face au danger, l’ANSM devrait prendre prochainement des mesures réglementaires de dispensation et délivrance. En attendant, les parents peuvent alerter leurs ados et faire un tour dans la pharmacie familiale. Histoire de ne pas tenter le diable.

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Isabelle V., journaliste scientifique.

– Alerte aux intoxications à la codéine en vente libre chez les adolescents – legeneraliste – Linda Situk. Le 9 juin 2017.
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