COVID-19, et si la génétique pouvait expliquer la variabilité des cas ?

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Rédigé par Marine T. et publié le 3 mai 2020

Parmi les cas confirmés de COVID-19, une large majorité des patients atteints par le nouveau coronavirus a une forme légère de la maladie. En France, les statistiques indiquent que seul 15% des patients sont hospitalisés et 5% d’entre eux nécessitent d’être pris en charge en réanimation. Les maladies associées, facteurs de risque supplémentaires, ne sont pas la seule explication. À ce jour, le corps médical se penche sur l’impact de la génétique, dont le lien avec des maladies infectieuses a déjà été prouvé par le passé.

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Le patrimoine génétique comme élément de réponse à la sévérité de la maladie

La sévérité de la maladie n’étant pas directement liée au virus, les chercheurs tentent d’établir les paramètres génétiques accentuant ou limitant la sévérité de l’infection par le SARS-CoV-2. Plusieurs études coexistent à ce jour. En France, l’équipe INSERM de l’institut IMAGINE a réalisé le séquençage du génome de patients atteints par le COVID-19 afin d’établir si des mutations ou particularités génétiques peuvent être à l’origine de la vulnérabilité de certains patients face au virus. En Belgique, l’équipe du Pr Joris Delanghe, de l’hôpital universitaire de Gand, étudie également l’impact du patrimoine génétique en se focalisant sur le polymorphisme d’un gène donné dans la population.

À savoir ! Le polymorphisme correspond à l’existence au sein d’une population de variations individuelles d’un caractère génétique n’entraînant pas de conséquences pathologiques.

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La variabilité du gène ACE explique en partie la prévalence de la maladie

Le coronavirus SARS-CoV-2 utilise des récepteurs présents à la surface des cellules humaines pour les infecter. Les chercheurs ont pris la décision de se focaliser sur le gène responsable de l’expression de ces récepteurs, à savoir le gène ACE (enzyme de conversion à l’angiotensine). Plus précisément, ils se sont intéressés au polymorphisme de l’allèle D du gène ACE, à travers des données présentes dans 33 pays (en Europe, Afrique du Nord et Moyen Orient). Un allèle étant une des versions possibles d’un gène. Les chercheurs ont couplé les données épidémiologiques telles que la prévalence et la mortalité aux données génétiques.

À savoir ! La prévalence correspond au rapport du nombre de cas à l’effectif total d’une population, sans distinction entre les cas nouveaux et les cas anciens, à un moment ou pendant une période donnée. La mortalité correspond au rapport entre le nombre de décès et l’effectif moyen de la population dans un lieu donné et pendant une période déterminée.

Les résultats obtenus montrent une corrélation de la prévalence et de la mortalité de la maladie avec la fréquence de l’allèle D dans la population. En effet, plus l’allèle D est exprimé moins il y a de formes sévères ou de décès. L’analyse des résultats indique qu’une fréquence faible de l’allèle D est décrite dans des populations d’Asie sévèrement touchées par le virus (Chine et Corée) alors qu’une fréquence élevée de l’allèle D se retrouve dans les pays scandinaves et des pays d’Europe de l’Est qui affichent des chiffres de prévalence et de mortalité plus bas.

Cependant on observe des pays comme la Belgique, pour lesquels il y a une prévalence élevée de la maladie alors que l’expression de l’allèle D est significativement faible dans la population. Le professeur Delanghe en conclut qu’environ 38% de la variabilité de la prévalence serait explicable par cette fréquence de l’allèle D.

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La fréquence de l’allèle D comme instrument du déconfinement ?

Reste maintenant à savoir comment utiliser cette information dans le contexte actuel. Sur le plan clinique, elle pourrait permettre de prédire l’évolution de la maladie et ainsi de surveiller les patients les plus à risques. Les chercheurs envisagent aussi d’utiliser cette information sur le plan épidémiologique, par exemple dans le but d’envisager un déconfinement en fonction de la susceptibilité de contracter la maladie. Une question reste toutefois en suspens, cela est-il envisageable à l’échelle mondiale ?

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Marine T., Chargée d’information médicale et scientifique

– Quand une maladie génétique rare aide à mieux lutter contre le Covid-19. INSERM. Consulté le 28 avril 2020.
– MALADIE COVID-19 (NOUVEAU CORONAVIRUS). INSERM. Consulté le 28 avril 2020.
– Les disparités de prévalence et de mortalité par COVID-19 sont-elles imputables à la génétique ? MEDSCAPE. Consulté le 28 avril 2020.

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