Décès maternels : Quelles causes et quels moyens de les éviter ?

Une récente enquête de Santé Publique France révèle qu’entre 2016 et 2018, un décès maternel est survenu tous les 4 jours en France d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou au post-partum. Qu’est-ce que le décès maternel ? Quelles en sont les causes ? Existe-t-il des moyens de l’éviter ? On fait le point.

Qu’appelle-t-on le décès maternel ?

Le décès maternel désigne le décès de la mère au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après la fin de la grossesse. Le décès maternel n’est ni accidentel, ni fortuit et peut être lié à une cause déterminée, ou une cause aggravée par la grossesse voire une cause aggravée par les soins nécessités par la grossesse.

On distingue deux catégories de décès maternels :

1. Les décès par cause obstétricale directe qui font suite à des complications obstétricales (grossesse, travail et suites de couches), à des interventions ou à l’omission d’un traitement voire un traitement inadéquat.
2. Les décès par cause obstétricale indirecte qui sont la conséquence d’une maladie préexistante ou d’une affection apparue au cours de la grossesse aggravée par les effets physiologiques de la grossesse.

D’après un récent rapport de de Santé publique France, de 2016 à 2018, on a déploré en France un décès maternel tous les 4 jours d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou au post-partum.

À savoir ! Publié le 3 avril dernier, ce rapport s’appuie sur les données de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM).

Décès maternel : des causes et des facteurs de risques identifiés

Plus précisément, durant cette période, 272 décès maternels sont survenus pendant la grossesse ou dans l’année suivant la fin la grossesse. 197 de ces décès répondent à la définition internationale de décès maternels, c’est-à-dire qu’ils ont eu lieu dans la limite des 42 jours après la fin de la grossesse.

Parmi les principales causes de mortalité maternelle jusqu’à un an, citons les suicides qui occupent désormais la première place (17%) devant les maladies cardiovasculaires (14%). Les maladies cardiovasculaires restent néanmoins la première cause de mortalité au cours des 42 jours après la fin de la grossesse. Quant aux hémorragies obstétricales, si elles représentaient il y a dix ans la première cause de mortalité maternelle à un an, elles sont passées en 5^e position et affichent un niveau stable sur la période 2016-2018.

Cette étude a également pris en compte les caractéristiques sociodémographiques des femmes décédées. Par exemple, le risque de mortalité s’est avéré ainsi plus élevé :

• Chez les femmes de 35 ans à 39 ans: avec un risque de mortalité multiplié par 2,6 par rapport aux femmes de 20 à 24 ans.
• Chez les femmes de plus de 40 ans: avec un risque de mortalité multiplié par 5 par rapport aux femmes de 20 à 24 ans.
• Chez les femmes souffrant d’obésité: avec un risque doublé par rapport à la population générale des femmes enceintes.
• Chez les femmes habitant les départements et régions d’Outre-mer : avec un risque doublé par rapport à la moyenne métropolitaine.

Vers une baisse du nombre de décès maternels ?

Pour les auteurs de cette étude, faire baisser le nombre de décès maternels est possible puisque 60 % des décès maternels sont « probablement » (17 %) ou « possiblement » (43 %) évitables. Parmi les facteurs le plus souvent impliqués dans ces décès évitables, citons :

• L’inadéquation des soins prodigués.
• Un défaut d’organisation des soins.
• Un manque d’interaction entre la femme et le système de soins.

Sur la base de ces observations, les experts en charge de cette étude en ont extrait 30 messages clés dans le but d’améliorer la prévention, le dépistage et la coordination des soins. Ils soulignent l’importance de rechercher et d’identifier les éventuels facteurs de risque de dépression périnatale des femmes enceintes ainsi que la nécessité de les surveiller jusqu’au post-partum.

Déborah L., Dr en Pharmacie