La 1ere édition du « Dry January » ou « Mois de janvier sans alcool » a été lancée en France en 2020. Santé publique France a mené une enquête sur ce challenge afin d’en identifier les facteurs de motivation et les obstacles. Zoom sur les résultats de cette étude.
Consommation d’alcool : une habitude risquée
Premier facteur de risque de mortalité prématurée et d’incapacité chez les 15-49 ans au niveau mondial, la consommation d’alcool représente en France le 2e facteur de risque de cancer lié au mode de vie ou à l’environnement, après le tabac. Elle est ainsi responsable de 41 000 décès et d’environ 30 000 cancers par an. Ces chiffres sont liés aux habitudes de consommation des Français. En 2020, ce sont en effet 23,7 % des adultes français de 18 à 75 ans qui ont dépassé les repères de consommation d’alcool en 2020 selon une récente étude de Santé Publique France. Les hommes étant davantage concernés que les femmes (33,5 % contre 14,9 %).
À savoir ! Les repères d’une consommation d’alcool à moindre risque pour la santé sont 2 verres maximum d’alcool par jour, une consommation non quotidienne et 10 verres d’alcool maximum par semaine.
Mais il faut savoir que même à faible dose, l’alcool induit des risques pour la santé. Sa consommation représente donc un enjeu de santé publique majeur. C’est sans compter l’image très positive dont ce produit bénéficie auprès des Français ainsi que la place importante qu’il occupe dans leur quotidien et dans la société. Synonyme de convivialité, de festivités et de lien social, l’alcool n’en reste pas moins nocif pour la santé et ne doit surtout pas être banalisé.
Dans ce contexte, il semble essentiel d’aider la population à préserver sa santé en favorisant les campagnes d’information sur les risques liés à l’alcool, et en proposant des outils pour l’aider à adopter une consommation éclairée et mieux maîtrisée. Parmi ces outils, on peut citer les dispositifs de marketing social, tels que le « Dry January » ou « Mois de janvier sans alcool » qui consiste à inviter la population à s’abstenir de consommer pendant un mois. Importé du Royaume-Uni où il a vu le jour en 2013, cet évènement a pour objectif d’évaluer les effets sur la santé d’une période sans alcool.
À savoir ! Le « Dry January » représente aujourd’hui un mouvement international : chaque année pendant tout le mois de janvier, des millions de personnes font une pause dans leur consommation d’alcool.
Une enquête sur le « Dry January » français riche en enseignements
Le lancement de l’édition française en 2020 a ainsi été l’occasion pour Santé publique France de mener l’enquête sur ce dispositif afin d’en identifier les facteurs de réussite et les obstacles. 47 participants au défi et 24 non-participants ont ainsi été interrogés. Il en ressort que les motivations d’engagement sont multiples. Certains se sont lancés dans le challenge par simple curiosité, d’autres pour son aspect ludique et d’autres encore pour accompagner un proche ayant une consommation jugée excessive.
Par ailleurs, les participants ont révélé que la flexibilité dans le mode de participation constituait un réel atout pour pouvoir s’engager dans le défi. Chacun a ainsi pu se fixer son propre objectif, qu’il s’agisse d’abstinence complète, d’une simple réduction de sa consommation ou d’une réorganisation de ses activités sociales. Dans tous les cas, la participation à ce challenge a permis aux participants de prendre conscience de la place prépondérante de l’alcool au sein de la société ainsi que de la pression sociale qui entoure sa consommation.
L’étude a en revanche révélé plusieurs obstacles à la participation au défi comme la peur de l’échec, le fait de ne pas se sentir concerné ou encore le manque de couverture médiatique de l’évènement. Des profils types de participants ont toutefois pu être identifiés, ce qui permettra d’affiner leur accompagnement pour les prochaines éditions.
D’autres actions pour promouvoir la « dénormalisation » de l’alcool
Outre la mise en place de ce type d’enquêtes, Santé publique France poursuit de nombreuses autres actions pour accompagner le mouvement de « dénormalisation » de l’alcool en France.
C’est ainsi qu’en novembre dernier, l’instance s’est associée à l’Assurance Maladie pour promouvoir une campagne d’information sur les repères de consommation d’alcool. Intitulée « Et si vous faisiez le point sur votre consommation d’alcool ? », cette campagne visait à inciter les Français à évaluer leurs habitudes de consommation d’alcool grâce à un tout nouvel outil appelé alcoomètre. Tout l’enjeu de ce type d’actions consiste à favoriser la diminution des consommations d’alcool chez les jeunes ou les adultes et d’éviter, limiter ou retarder l’accès des plus jeunes à celle-ci.
A noter ! Santé Publique France gère le dispositif d’aide à distance « Alcool info service ». Véritable mine d’informations sur le sujet, le site internet propose également différents services : forums, chat et ligne d’appel téléphonique pour échanger avec des professionnels ainsi qu’un annuaire répertoriant les structures d’aide existantes. Tout ceci en complément de spots radio et télévisuels visant à alerter le grand public sur les dangers d’une consommation excessive d’alcool.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Évaluation qualitative du Défi de Janvier – Dry January 2020. sfalcoologie.asso.fr. Consulté le 3 mars 2022.
– Dry January – Le Défi de Janvier. lien.source.fr. Consulté le 3 mars 2022.