L’empathie, une manière originale de gérer la douleur !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 25 septembre 2019

L’empathie est largement reconnue comme une qualité chez les professionnels de santé. Elle permet entre autres une meilleure prise en charge de la douleur. Une observation suggestive, qui vient d’être confirmée scientifiquement par des chercheurs français. Explications.

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Empathie et douleur

Implicitement, l’empathie est reconnue comme une qualité chez un médecin ou un autre professionnel de santé. Elle favorise l’instauration d’un lien de confiance entre le patient et le soignant, et peut contribuer à une meilleure gestion de la douleur. Si dès leur formation, les soignants sont sensibilisés à l’intérêt de l’empathie, il restait à confirmer son importance sur le plan physiologique.

Récemment, des chercheurs lyonnais en neurosciences ont entrepris d’étudier l’impact de l’empathie sur la douleur, en observant ses effets sur le cerveau grâce à des techniques d’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) fonctionnelle.

En pratique, l’empathie dans la relation entre le soignant et le patient peut agir à deux niveaux sur la douleur :

  • Une meilleure évaluation de la douleur ressentie par le patient et donc une meilleure prise en compte et une meilleure adaptation des traitements antalgiques ;
  • Une influence positive sur la perception de la douleur par le patient, grâce à une meilleure reconnaissance de la douleur.

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Plusieurs zones cérébrales activées par l’empathie

Au niveau du cerveau, quels sont les effets précis de l’empathie ? Les chercheurs ont d’abord émis l’hypothèse que l’empathie pourrait moduler la perception douloureuse, en modifiant l’activité des neurones recevant les signaux sensoriels.

Ils ont soumis 30 participants en bonne santé à des stimulations thermiques sur leur main gauche induisant une douleur de 60 sur une échelle de 100. Parallèlement, les participants écoutaient avec un casque des commentaires :

  • Neutres ;
  • Non empathiques ;
  • Empathiques.

Les stimulations douloureuses ont entraîné l’activation des aires corticales du cerveau impliquées dans la perception de la douleur. Mais la perception douloureuse variait de manière significative, en fonction de la nature des messages écoutés par les participants. Les commentaires empathiques permettaient de réduire de 12 % la douleur perçue, par rapport aux commentaires neutres ou non empathiques.

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Une douleur réduite, mieux vécue et mieux gérée

Sur le plan fonctionnel, l’empathie durant la stimulation douloureuse entraînait une activation des aires corticales cérébrales, alors que les commentaires non empathiques ou neutres étaient associés à une diminution de l’activité de ces mêmes zones. Les chercheurs ont pu précisément déterminer les zones cérébrales impliquées dans la diminution de l’intensité douloureuse grâce à l’empathie.

La modulation de la perception douloureuse grâce l’empathie mobilise les aires cérébrales impliquées dans la réception des signaux douloureux, mais aussi celles impliquées dans l’attention à soi, la mémoire autobiographique, la conscience de soi ou encore l’exploration du contexte. L’empathie offre ainsi au patient une autre forme d’appréciation de sa douleur, et une meilleure capacité de contrôle de la douleur. Ces résultats établis à partir de techniques d’imagerie médicale confirment l’importance capitale de l’empathie chez les soignants !

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Brain activity sustaining the modulation of pain by empathetic comments. Fauchon, C. and al. 2019. Sci Rep. 9(1):8398. doi: 10.1038/s41598-019-44879-9.Nature. Consulté le 24 septembre 2019.