Selon l’INSEE, en 2017 en France, l’espérance de vie à la naissance était de 85,3 ans pour les femmes et de 79,5 ans pour les hommes. Face à ces moyennes, beaucoup de personnes aimeraient savoir jusqu’à quel âge elles peuvent espérer vivre. Une étude originale vient de révéler qu’il serait possible d’estimer l’espérance de vie en se penchant sur la force du poignet !
Longévité et espérance de vie
Connaître son espérance de vie est un souhait partagé par un grand nombre de personnes. De nombreuses études scientifiques se sont déjà penchées sur les facteurs capables d’influencer l’espérance de vie.
Au cours des dernières décennies, l’espérance de vie des hommes comme des femmes s’est considérablement améliorée. En deux siècles, elle a ainsi plus que doublé pour les femmes et pratiquement triplé pour les hommes. Mais depuis quelques années, l’espérance de vie a tendance à stagner.
Parmi les facteurs capables d’influencer l’espérance de vie moyenne, se retrouvent :
- La mortalité infantile ;
- L’amélioration des conditions d’hygiène et de l’alimentation ;
- Les progrès de la médecine ;
- Le niveau socio-économique ;
- Le mode de vie, en particulier la consommation d’alcool ou de tabac, ou encore la sédentarité.
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La force de préhension liée à la mortalité
De précédentes études ont établi un lien entre la force de préhension et la mortalité. Cette force pourrait-elle permettre d’estimer l’espérance de vie d’un individu ? Les muscles reflètent d’une manière générale la condition physique d’une personne. Ainsi, la masse musculaire corporelle est directement impactée dans de nombreuses maladies chroniques, comme les cancers, les maladies respiratoires, les maladies rénales, etc.
Les études menées précédemment montrent une association entre la force de préhension (mesure simple, rapide et fiable de la force maximale volontaire de la main) et :
- La mortalité toutes causes confondues ;
- La mortalité cardiovasculaire ;
- La mortalité non cardiovasculaire, sauf la mortalité liée aux maladies respiratoires ;
- L’incidence des cancers uniquement dans les pays à hauts revenus.
La force du poignet permettrait ainsi de mieux prédire l’espérance de vie d’un individu. Pour aller plus loin, des chercheurs ont réalisé une étude sur une très large cohorte de patients (502 293 personnes, dont 54 % de femmes) et pris en compte les variables de l’âge et du sexe, deux critères essentiels pour évaluer la longévité.
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La préhension essentielle pour estimer l’espérance de vie
Au cours de la période de suivi moyenne de 7,1 ans, 13 322 participants de l’étude sont décédés de diverses causes. Le risque de mortalité toutes causes confondues et de mortalité spécifique était plus élevé, lorsque la force de préhension diminuait de 5 kg, chez les hommes comme chez les femmes. Cette association a été mise en évidence pour la mortalité cardiovasculaire, la mortalité liée aux maladies respiratoires et la mortalité par cancer, en particulier le cancer colorectal, le cancer du poumon et du sein.
La faiblesse musculaire, définie par une force de préhension inférieure à 16 kg chez les femmes et 26 kg chez les hommes, était associée à un risque accru de mortalité toutes causes confondues et de mortalité spécifique, sauf dans certains cas particuliers (cancer du côlon chez la femme, cancer du poumon dans les deux sexes, cancer de la prostate chez l’homme).
Par ailleurs, une meilleure force de préhension améliorait l’évaluation de la longévité dans trois contextes :
- La mortalité toutes causes confondues ;
- La mortalité cardiovasculaire ;
- L’incidence des maladies cardiovasculaires.
En plus des critères habituellement retenus pour évaluer l’espérance de vie (l’âge, le sexe, le tabagisme, la pression artérielle, l’existence d’un diabète et l’indice de masse corporelle (IMC)), la force de préhension pourrait être un facteur important à considérer. Des conclusions qui inciteraient à considérer autrement la force de ses poignets !
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Prospective Urban Rural Epidemiology (PURE) Study investigators. Prognostic value of grip strength: findings from the Prospective Urban Rural Epidemiology (PURE) study. The Lancet. Leong, D.P. and al. 2015. 386:266-73.
– Associations of grip strength with cardiovascular, respiratory, and cancer outcomes and all cause mortality: prospective cohort study of half a million UK Biobank participants. The BMJ. C.A. and al. 2018.