En 2022, on comptait en France presque un tiers d’adultes fumeurs contre 20% à l’échelle mondiale. C’est ce que révèle une récente enquête de Santé Publique France selon laquelle les inégalités sociales restent très prononcées quand il s’agit du tabac. Santé sur le net fait le point.
Etat des lieux du tabagisme en France
Comme chaque année, Santé Publique a conduit une enquête visant à faire un état des lieux du tabagisme en France. Menée par Ipsos auprès de 3 230 personnes, entre mars et juillet 2022, ses résultats ont été publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Il en ressort que si la prévalence du tabagisme a connu une baisse conséquente entre 2016 et 2019, elle a ensuite eu tendance à se stabiliser en 2022. L’an dernier, on comptait ainsi en France 31,8% d’adultes fumeurs de 18 à 75 ans contre 20% à l’échelle mondiale.
Cette enquête a également révélé :
- Une surreprésentation des hommes parmi les fumeurs (35 % des hommes contre 28 % des femmes).
- Une baisse du nombre de fumeurs et fumeuses cherchant à arrêter de fumer en 2022 (25% contre 30 % en 2019).
- Une baisse du nombre de fumeurs et de fumeuses s’inscrivant à la campagne du « Mois sans tabac ».
Ces chiffres pourraient s’expliquer par la pandémie de Covid 19, qui a pu avoir un impact sur la consommation de tabac de la population ainsi que par la faible augmentation des prix du tabac en 2021 et 2022. Pour autant, la politique de prix pourrait faire partie de la stratégie de lutte du prochain plan de lutte anti-tabac. Une augmentation de 50 centimes du prix du paquet est en effet prévue en 2023, ainsi qu’une augmentation de 35 centimes en 2024.
Pas tous égaux face au tabagisme
Autre observation de cette enquête : les inégalités sociales restent très prononcées quand il s’agit du tabac. 26% des actifs se déclarent ainsi fumeurs contre 42% des chômeurs. Et la prévalence du tabagisme demeure la plus élevée parmi le tiers de la population dont les revenus sont les plus bas (33,6 %). Pour la présidente de la Société francophone de tabacologie, ces différences pourraient s’expliquer par le fait que les politiques de lutte contre le tabac semblent avoir un impact plus important au sein des classes sociales plus favorisées. D’où l’intérêt de mener des actions ciblées auprès des personnes plus modestes en leur proposant par exemple un accompagnement personnalisé ainsi qu’une aide au sevrage tabagique.
À savoir ! Trois indicateurs permettent d’analyser les inégalités sociales relatives au tabagisme : le diplôme, les revenus et la situation professionnelle.
Quant au vapotage, sa prévalence augmente constamment depuis 2016. C’est ainsi qu’en 2022, 42 % des adultes de 18 à 75 ans ont déjà testé la cigarette électronique contre près de 39 % en 2021.
Un nouveau programme national de lutte contre le tabac est actuellement en préparation et sera lancé cette année. L’objectif affiché par le ministère de la Santé ? Parvenir à une première génération sans tabac en 2032. Pour y arriver, il s’agira de mieux prévenir l’entrée dans le tabagisme et de dissuader les fumeurs actuels tout en les accompagnant vers le sevrage. Une attention particulière devra donc être portée sur les jeunes ainsi que sur la baisse des inégalités sociales liées au tabac. Un challenge de taille mais qui en vaut la peine quand on sait que le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France !
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Un tiers des Français fumeurs : le tabagisme cesse de reculer, touchant les plus défavorisés. www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 5 juin 2023.
