Du nouveau sur les effets potentiels d’une exposition précoce aux écrans

De nos jours, qui pourrait encore se passer de l’utilisation de smartphones, tablettes et autres ordinateurs ? Que ce soit pour une utilisation professionnelle ou personnelle, ces différents écrans nous facilitent grandement la vie au quotidien. Et nos enfants l’ont bien compris puisqu’ils sont les premiers à savoir comment les utiliser ! Or, ces trésors d’innovation ne sont pas si anodins pour la santé de nos bambins. C’est ce que suggère une récente étude japonaise qui détaille les effets d’une exposition précoce aux écrans sur le développement des enfants. On fait le point.

Encadrer l’usage des écrans : une nécessité absolue

Selon le Haut Conseil de la Santé publique, il est indispensable de respecter certaines règles de base quant à l’usage des écrans par les enfants :

• Pas d’écran avant 3 ans.
• Pas d’écran 3D avant 5 ans.
• Pas d’écran pendant les repas ou avant le coucher.
• Pas d’écran dans la chambre à coucher de l’enfant.

Dès 3 ans, il est impératif que les parents contrôlent l’usage des écrans de leur enfant en fixant un temps d’utilisation déterminé à ne pas dépasser et en surveillant les contenus qu’il visionne. Ils doivent également s’assurer que le temps passé sur les écrans ne nuise pas à ses autres activités comme les activités sportives ou artistiques. Le rôle des parents est ici fondamental : ce sont eux qui doivent montrer à leur enfant la bonne conduite à adopter en n’étant pas eux-mêmes accaparés par les écrans en présence de leurs enfants.

L’enjeu est de taille et relève d’une vraie question sanitaire. Il faut dire que la littérature scientifique regorge d’études sur les effets supposés de l’usage des écrans sur l’organisme. Mais qu’en est-il vraiment de l’impact d’une exposition précoce aux écrans sur le développement des enfants ? C’est ce qu’ont cherché à savoir des scientifiques japonais à travers une nouvelle étude.

Quid de l’impact sur la santé des enfants d’une exposition précoce aux écrans ?

Pour mener à bien cette étude, les scientifiques japonais se sont appuyés sur les données d’une cohorte de 7 097 paires mère-enfant recueillies entre juillet 2013 et mars 2017. Parmi les enfants participant à cette étude, à l’âge d’un an :

• 48,5 % étaient exposés à moins d’une heure d’écran par jour.
• 29,5 % étaient exposés à 1 à 2 heures d’écran par jour.
• 17,9 % étaient exposés à 2 à 4 heures d’écran par jour.
• 4,1 % étaient exposés à 4 heures ou plus de 4 heures d’écran par jour.

Les compétences de ces enfants ont ensuite été mesurées à l’âge de 2 ans et de 4 ans dans cinq domaines différents :

1. Communication
2. Motricité globale
3. Motricité fine
4. Résolution de problèmes
5. Compétences personnelles et sociales.

Les scientifiques ont ainsi pu observer un lien entre le temps passé devant un écran à l’âge d’un an et le risque de retard de développement à l’âge de 2 ans avec :

• Retard de développement du langage pour 5,1 % des enfants.
• Retard de développement moteur pour 5,6 % des enfants.
• Trouble de la motricité et de la motricité fine chez 4,6 % des enfants.
• Retard dans le développement de capacité de résolution de problèmes chez 4,2 % des enfants.
• Retard dans le développement de compétences personnelles et sociales chez 5,5 % des enfants.

Par ailleurs, cette étude révèle qu’en comparaison aux enfants ayant un temps d’écran quotidien inférieur à une heure, les enfants de la cohorte présentaient un risque de retard de développement :

• Accru de 61 % pour ceux exposés entre une et 2 heures d’écran chaque jour.
• Multiplié par plus de deux pour ceux exposés entre 2 et 4 heures d’écran par jour.
• Multiplié par 4,78 au-delà de 4 heures d’exposition par jour.

Un impact marqué des écrans sur les compétences en communication et résolution de problèmes

Publiés dans le JAMA Pediatrics, les résultats de cette étude mettent en évidence une association dose-réponse entre un temps d’écran plus long à l’âge d’un an et des retards de développement de compétences de communication et de résolution de problèmes chez les enfants à l’âge de 2 ans et 4 ans. Ce constat est particulièrement vérifié lorsque l’exposition aux écrans est supérieure à 4 heures d’écran par jour.

En revanche, de telles associations n’ont pu être constatées dans le domaine des compétences personnelles et sociales à l’âge de 4 ans. Pour les auteurs de cette étude, il semble donc judicieux d’approfondir les recherches. L’idée serait d’analyser les effets sur les enfants du temps passé devant les écrans en distinguant les différents domaines de développement. Affaire à suivre !

Déborah L., Dr en Pharmacie