Formes graves de Covid-19 : la mort programmée de cellules de l’immunité mise en cause

Actualités Coronavirus (COVID-19)

Rédigé par Alexia F. et publié le 4 février 2022

Mieux comprendre les mécanismes impliqués dans les formes graves de Covid-19 afin de mieux les prendre en charge. C’est le défi que tentent de relever les médecins et les scientifiques depuis le début de la pandémie de SARS-CoV-2. Une étude publiée en début d’année apporte une nouvelle piste intéressante. En effet, elle met en évidence que l’affaiblissement du système immunitaire chez les patients atteints de formes graves serait dû à la mort cellulaire programmée de certaines cellules de l’immunité. Un élément de réponse qui ouvre la voie vers de nouvelles pistes thérapeutiques.

   Covid-19 et mort cellulaire programmée

Covid-19 et mort cellulaire programmée

En France, la pandémie de SARS-CoV-2 a provoqué la semaine dernière plus de 31 000 hospitalisations dont 3 682 en unité de soins intensifs. Depuis le début de la crise sanitaire, les médecins font face à une grande hétérogénéité de manifestations suite à une infection par la Covid-19. Si la majorité des cas de contamination sont asymptomatiques, certains engendrent des syndromes de détresse respiratoire sévères allant jusqu’à l’inclusion dans un service de réanimation.

Un article publié en début d’année dans la revue Cell Death and Differenciation met en évidence un mécanisme cellulaire impliqué dans l’émergence de formes graves de Covid-19. Il s’avère que les formes graves sont caractérisées par une lymphopénie, c’est-à-dire une quantité trop faible de lymphocytes présents dans le sang. Les lymphocytes sont des cellules, créées par la moelle épinière, qui appartiennent au système immunitaire. Elles contribuent donc à la défense de l’organisme contre les agents pathogènes extérieurs.

Près de 60% des patients positifs à la Covid-19 et hospitalisés présentent une lymphopénie. Le phénomène de lymphopénie est également observé chez les patients infectés par le VIH. En particulier, ce sont les lymphocytes T qui sont présents en plus faible quantité chez ces patients. Ces globules blancs jouent un rôle dans la réponse immunitaire adaptative, c’est-à-dire apprise après l’exposition à un pathogène ou dans le cadre d’une vaccination. Les lymphocytes T, aussi appelés cellules T, reconnaissent les cellules infectées par un virus et déclenchent leur mécanisme de destruction. En s’inspirant des mécanismes mis en évidence par les recherches sur le VIH, les auteurs de l’étude formulent l’hypothèse que la lymphopénie causée par la Covid-19 serait due à une apoptose des lymphocytes T.

À savoir ! L’apoptose, ou mort cellulaire programmée, est un mécanisme enclenché par certains signaux qui provoquent l’autodestruction des cellules. Il s’agit d’un phénomène physiologique, génétiquement programmé nécessaire à la survie de l’organisme. En effet, elle peut être par exemple déclenchée dans le cas d’une altération de l’ADN contenu dans la cellule. Cela peut rendre la cellule cancéreuse ou totalement dysfonctionnelle, ce qui nécessite de planifier son élimination dans les meilleures conditions (sans abimer le tissu environnant et sans créer de nécrose). Cette mort cellulaire programmée se produit en équilibre avec la prolifération des cellules.

Les patients souffrant de formes graves ont moins de lymphocytes T dans leur sang

Pour mieux comprendre les mécanismes mis en jeu dans les formes graves de Covid-19, les chercheurs ont inclus 41 patients positifs au SARS-CoV-2 dont 11 admis en unité de soins intensifs à cause d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë et 30 hospitalisés en raison d’une dyspnée et/ou d’une détérioration de leur état général. En parallèle, 14 volontaires sains, appariés en âge et en sexe avec le groupe positif à la Covid-19, ont réalisé les mêmes analyses afin de servir de groupe contrôle. Les auteurs ont réalisé des analyses sanguines afin de mesurer le taux de certains signaux chimiques guidant les lymphocytes T vers la mort cellulaire programmée et compter le nombre de cellules T.

Les résultats obtenus par l’étude montrent que la lymphopénie présentée par les patients positifs à la Covid-19 est corrélée à la présence d’un plus grand nombre de marqueurs de l’apoptose des cellules T et un nombre plus faible de cellules T dans leur sang. Cela indique que la disparition des cellules T chez les patients atteints d’une forme grave est causée par le processus de mort cellulaire programmée.

Stopper la mort des lymphocytes T : une piste thérapeutique

Les chercheurs vont plus loin. En effet, ils ont pu démontrer que le processus de mort des cellules T peut être réversible. Grâce à l’utilisation d’un inhibiteur d’une certaine catégorie de molécules jouant un rôle central dans le processus de mort cellulaire programmée (appelées caspases) la mort des cellules T est arrêtée. Ainsi, une stratégie de blocage des caspases peut être envisageable pour limiter l’immunodéficience des patients positifs à la Covid-19. Il s’agit d’une piste thérapeutique prometteuse qui permettrait de traiter de manière précoce les patients présentant une lymphopénie afin d’éviter les formes graves.

Alexia F., Docteure en Neurosciences

Sources
– T cell apoptosis characterizes severe Covid-19 disease. nature.com. Consulté le 2 février 2022.
– Covid-19 : Un phénomène de « mort cellulaire programmée » chez les patients hospitalisé. presse.inserm.fr. Consulté le 2 février 2022.
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