Grippe : attention au risque cardiaque

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Rédigé par Julie P. et publié le 4 février 2019

Fièvre, fatigue générale, toux sèche… 2 à 8 millions de Français sont touchés, chaque année, par le virus de la grippe saisonnière. Elle peut entrainer, chez des personnes les plus vulnérables, des complications graves, voire un décès. Après son implication dans la survenue de pneumonie ou de septicémie (infection touchant la circulation sanguine), des chercheurs américains et canadiens ont montré que le virus de la grippe peut aussi être à l’origine de l’infarctus du myocarde.

médecin auscultant le coeur d'un patient atteint de grippe

Grippe : un virus qui touche aussi le coeur

Le risque d’infarctus du myocarde est multiplié par 6 durant la première semaine d’une grippe selon une étude canadienne publiée dans la revue New England Journal of Medicine.

Même si on sait, depuis les années 1930, que les infections virales (la grippe) ou bactériennes (la pneumonie) mettent le coeur en danger, l’association n’avait jusqu’ici pas été formellement démontrée.

« Nos résultats, joints aux précédentes études montrant qu’une vaccination antigrippale réduit les événements et la mortalité cardiovasculaires, viennent soutenir les directives internationales qui préconisent la vaccination grippale chez les personnes à risque cardiaque », souligne le Jeff Kwong, chercheur à l’université de Toronto et auteur principal de l’étude.

Pour montrer ce lien, les chercheurs ont suivi médicalement 150 000 habitants de l’Ontario de plus de 35 ans.

Parmi les 20 000 cas de grippe relevés entre 2009 et 2014, les auteurs ont identifié 364 hospitalisations pour infarctus du myocarde. Le risque était 6 fois plus élevé durant la première semaine de la grippe que durant la période de contrôle (un an avant et un an après la grippe). Cette observation était d’autant plus vraie chez les personnes de plus de 65 ans et en cas d’infection par le virus grippal du genre B.

Selon une étude clinique récente menée sur des anciens combattants américains, réalisée cette fois-ci par l’équipe de Daniel Musher de la faculté de médecine de Houston, le risque d’infarctus du myocarde est 48 fois plus élevé au cours de l’année suivant l’apparition de la pneumonie comparativement à l’année précédant l’infection.

À savoir ! Cette association entre infections pulmonaires et risque d’événements cardiovasculaires pourrait être due à l’interaction qui existe entre ces deux organes. Le foyer inflammatoire de l’infection pulmonaire se transmet rapidement à l’ensemble de l’organisme, et notamment à la paroi des vaisseaux sanguins. A ce niveau, et avec le concours d’un plus fort pouvoir de coagulation du sang, il est plus probable de voir une rupture des plaques d’athérosclérose qui va provoquer l’obstruction des artères coronaires responsable de l’infarctus.

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Mise en pratique de ces résultats

Sans attendre, ces résultats plaident en faveur de la nécessité de se faire vacciner contre la grippe et le pneumocoque.

À savoir ! L’assurance maladie prend en charge la vaccination d’environ 10 millions de personnes à risque dont les adultes de plus de 65 ans, les personnes atteintes de certaines maladies de longue durée, les personnes atteintes d’asthme ou de broncho-pneumopathie chronique (BPCO), les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées, les personnes obèses et celles séjournant dans un établissement de santé.

Et à plus fortes raisons pour les patients souffrant de maladies chroniques respiratoires (BPCO et l’asthme sévère) et de maladies cardiovasculaires (insuffisance cardiaque), neurologiques et toutes autres personnes dont l’immunité n’est pas optimale.

« Les personnes à risque cardiaque devraient prendre des précautions pour se préserver des infections respiratoires, et particulièrement de la grippe, en recourant à des mesures comme la vaccination et le lavage des mains » estime le Docteur Kwong.

Pour poursuivre ces recherches, il sera nécessaire de :

  • Caractériser la nature des relations entre les infections aiguës et d’autres événements cardiaques tels que les arythmies et les accidents vasculaires cérébraux ;
  • Mesurer les effets d’une administration d’anti-plaquettaires chez des patients infectés par la grippe.

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Julie P., Journaliste scientifique

– La Grippe-Améliorer les moyens de lutte contre une maladie pas si banale. Inserm. Consulté le 31 janvier 2019.
– La grippe, ça peut être dangereux pour le cœur ! Institut de cardiologie de Montréal. Dr M.Juneau. Consulté le 31 janvier 2019.
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