Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les MICI, ont une incidence croissante. La recherche des causes de cette évolution amène les chercheurs à s’intéresser à des facteurs environnementaux, entre autres l’exposition aux antibiotiques. Une récente étude s’est ainsi penchée sur le lien possible entre la prise d’antibiotiques et le risque de développer une MICI. Résultats.
Prise d’antibiotiques et risque de MICI
Les données restaient jusque-là contradictoires sur le lien entre la prise d’antibiotiques et le développement de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Des chercheurs danois ont récemment mené une étude pour évaluer l’impact de l’exposition aux antibiotiques sur le risque de développer ces maladies intestinales.
Les chercheurs ont utilisé les données d’une cohorte danoise composée de 6 104 245 sujets âgés d’au moins 10 ans, recrutés et suivis entre 2000 et 2018. Plusieurs paramètres ont été déterminés et suivis : la relation dose-réponse, le moment de la prise d’antibiotiques, la classe d’antibiotiques utilisée et le risque de MICI. Sur l’ensemble de la cohorte, 52 898 nouveaux cas de MICI ont été recensés au cours de l’étude.
Un risque majoré surtout après 40 ans
Les résultats de l’étude révèlent que l’exposition aux antibiotiques était associée à un risque majoré de développer une MICI, par rapport à l’absence d’antibiotiques, et ce quelle que soit la classe d’âge. Néanmoins, l’association entre l’exposition aux antibiotiques et le risque de MICI était plus forte pour les deux classes d’âge les plus âgées, à savoir les sujets âgés de 40 à 60 ans et les sujets âgés de plus de 60 ans.
Par ailleurs, les données montrent que plus l’exposition aux antibiotiques est importante, plus le risque de MICI augmente, à la fois pour la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Le risque de développer une MICI était maximal :
- Une à deux années après l’exposition aux antibiotiques ;
- Après le recours à des antibiotiques généralement utilisés pour traiter des infections gastro-intestinales.
Moins d’antibiotiques pour préserver la santé intestinale
Cette nouvelle étude, menée sur une large cohorte, vient apporter de nouvelles preuves à l’existence d’un lien entre consommation d’antibiotiques et risque de MICI, sans pour autant démontrer formellement le lien de causalité. De plus, les résultats permettent de préciser la nature et la force de ce lien, en ce qui concerne :
- Les classes d’antibiotiques les plus à risque ;
- L’influence de l’âge (inférieur ou supérieur à 40 ans) ;
- L’ancienneté de la prise d’antibiotiques ;
- La MICI la plus impactée (maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique).
Ces nouvelles données apportent un nouvel éclairage sur les causes environnementales possibles des MICI et sur la nécessaire limitation des prescriptions d’antibiotiques. La lutte contre la résistance aux antibiotiques n’est pas le seul objectif d’un usage plus raisonné des antibiotiques. Il permettrait également de préserver sa santé intestinale. Les mécanismes sous-jacents, par exemple l’impact des antibiotiques sur le microbiote, restent à explorer.
Estelle B., Docteur en Pharmacie