A l’heure où les écrans font partie intégrante de notre quotidien et sollicitent nos yeux en permanence, il devient indispensable de protéger sa vue. De ce fait, des lunettes anti-lumière bleue ont vu le jour sur le marché. Leurs promesses ? Réduire la fatigue oculaire, améliorer l’acuité visuelle lors de l’utilisation d’écrans voire améliorer la qualité du sommeil. Aussi séduisantes soient-elles, ces allégations de santé ne sont pourtant pas soutenues par les données de la littérature d’après les conclusions d’une récente revue Cochrane. On fait le point.
Qu’est-ce que la lumière bleue ?
Avez-vous déjà entendu parler de la lumière bleue ? Très souvent utilisée par les écrans de smartphones et d’ordinateurs, elle permet à la rétine de l’œil de percevoir des contrastes et des couleurs. Or, une forte exposition à la lumière bleue peut se révéler néfaste pour la rétine voire même accélérer la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
À savoir ! La lumière bleue correspond à une partie du spectre visible dont les longueurs d’onde sont comprises entre 380 et 450 nanomètres.
A l’heure où les écrans font partie intégrante de notre quotidien et sollicitent nos yeux en permanence, il devient donc indispensable de protéger sa vue. De ce fait, des lunettes anti-lumière bleue ont vu le jour sur le marché. Leurs promesses ? Réduire la fatigue oculaire, améliorer l’acuité visuelle lors de l’utilisation d’écrans voire améliorer la qualité du sommeil. Face à ces allégations séduisantes, des chercheurs de la revue Cochrane ont souhaité mettre en place une revue systématique de la littérature pour vérifier si elles s’appuyaient sur de réelles preuves scientifiques.
Des études incomplètes sur les lunettes filtrant la lumière bleue
Pour mener à bien leur enquête, les experts de la revue Cochrane ont analysé 17 essais randomisés enrôlant des participants adultes et comparant des lentilles filtrant la lumière bleue à des lentilles classiques. Parmi les paramètres mesurés, citons :
- Le score de fatigue visuelle.
- Le score d’acuité visuelle corrigée.
- La sensibilité aux contrastes.
- Le seuil critique de fusion du papillotement.
- L’impression d’inconfort.
- La fatigue en journée.
- Le taux sérique de mélatonine.
- La qualité subjective du sommeil.
À savoir ! Le seuil critique de fusion du papillotement désigne le seuil de fréquence au-delà duquel un signal lumineux clignotant est perçu comme un signal lumineux continu. De ce fait, un seuil faible est associé à une forte fatigue oculaire et/ou une moins bonne acuité visuelle.
Cependant, les membres de la Cochrane n’ont pu que constater la qualité discutable des données disponibles avec :
- Des études de petite taille (avec seulement 5 à 156 participants)
- Des périodes de suivi très variables (de moins d’une journée à cinq semaines).
- 65 % des études considérées comme étant à haut risque de biais méthodologiques car non réalisées en double aveugle.
- Absence d’anonymat des participants et des médecins dans plus de la moitié des études (59 %).
Lunettes filtrantes : une efficacité qui reste à démontrer
S’agissant du seuil critique de fusion du papillotement, les auteurs soulignent la quasi absence de différence entre les utilisateurs de lunettes filtrant la lumière bleue et les utilisateurs de lunettes classiques après un jour de suivi. Quant à un éventuel effet des lunettes filtrant la lumière bleue sur la qualité du sommeil, il reste à démontrer de même que celui sur la capacité à distinguer les contrastes, la sensibilité aux couleurs et les taux de mélatonine. En bref, aucune allégation revendiquée ne peut à ce jour s’appuyer sur des preuves scientifiques tangibles. De plus, trois études ont révélé des effets indésirables plus fréquents avec des lunettes filtrantes. Il s’agissait de symptômes dépressifs, d’inconfort, de maux de tête, de troubles de l’humeur…. Mais là encore, ces effets restent à prouver.
Forts de ces observations, les auteurs de cette enquête concluent quant à l’efficacité peu probable des lunettes filtrantes sur la réduction de la fatigue oculaire. Les effets potentiels des lunettes filtrantes sur la qualité du sommeil restent également à déterminer. Ces résultats peu probants incitent à mener de nouvelles recherches plus complètes et de meilleure qualité.
Déborah L., Dr en Pharmacie
