Maladie de Lyme : vers un nouveau diagnostic sanguin plus précis et plus rapide ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 12 septembre 2019

La maladie de Lyme, transmise par des tiques infectées, reste compliquée à diagnostiquer avec les examens sérologiques classiques. Pour améliorer le parcours médical du patient, des chercheurs américains ont mis au point, grâce à des essais réalisés sur le modèle animal, une méthode ne cherchant plus un seul marqueur biologique de la maladie infectieuse, mais six. Retour sur ces travaux parus dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology.

Test de la maladie de lyme positive

Un diagnostic sanguin qui reste encore trop imprécis

Lorsqu’une personne présente des symptômes cliniques typiques de la maladie de Lyme ou borréliose de Lyme (érythème autour de la piqûre, fièvre, fatigue, douleurs musculaires et/ou articulaires), le médecin va rechercher un marqueur biologique attestant de la présence de la bactérie Borrelia burgdorferi dans le sang du patient.

À savoir ! 5% à 10% des tiques porteraient la bactérie borrélia. Une tique infectée ne transmet pas obligatoirement la bactérie lors d’une piqûre et le risque se situe autour de 3% à 15%. En Europe, 65 000 personnes sont infectées chaque année et particulièrement dans les zones forestières et sous des climats humides.

Lorsque l’on parle de « marqueur biologique » ou « biomarqueur », on parle ici les anticorps (immunoglobulines) produits par le corps et dirigés contre la bactérie Borrelia burgdorferi.

Cependant, aujourd’hui, l’identification de la présence de la bactérie dans l’organisme du patient par des techniques indirectes (Test Elisa puis test Western Blot si les résultats sont positifs et/ou douteux) est souvent mise en péril pour plusieurs raisons :

  • Une faible concentration en anticorps dans le sérum du patient (au début de l’infection ou chez les personnes immunodéprimées) ;
  • Les échantillons de sang peu chargés peuvent générer des résultats faussement négatifs ;
  • Les tests sérologiques ne font pas la distinction entre les infections actives et les infections précédemment traitées (les anticorps sont toujours présents dans le sérum).

Concrètement, l’interprétation des résultats sérologiques reste compliquée et le test est souvent négatif dans la première phase de la maladie tout en étant quelques fois aussi négatifs dans les phases 2 et 3 de la maladie. De plus, il arrive que le résultat soit positif alors que la maladie a été contractée précédemment et qu’elle soit non évolutive le jour de l’examen sanguin.

Pour éviter les antibiothérapies inutiles et ne pas passer à côté d’un diagnostic de la maladie de Lyme, la HAS (Haute Autorité de Santé a reconnu, en juin 2018 qu’il était nécessaire de disposer de nouveaux outils diagnostiques de la maladie de Lyme et des autres infections transmises par les tiques.

Lire aussiMaladie de Lyme : vers la fin des controverses sur la prise en charge des patients ?

Prendre en compte 6 biomarqueurs microbiens pour obtenir un diagnostic précis et rapide

Dans ces travaux, l’équipe de chercheurs encadrés par David Aucoin de la faculté de médecine de Reno de l’université du Nevada et de la société DxDiscovery Inc, ont mis au point une nouvelle stratégie d’évaluation des biomarqueurs détectés dans des échantillons d’hôtes infectés par Borrelia burgdorferi.

Pour développer ce nouveau diagnostic sérologique plus sensible, faisant appel à des méthodes de détection directe (avec la technique de spectrométrie de masse) et indirecte (immunoprécipitation des protéines), les chercheurs ont travaillé avec le modèle macaque de la maladie humaine.

Les protéines microbiennes qui ont été identifiées plus d’une fois ont été classées comme biomarqueurs potentiels et celles identifiées trois fois ou plus ont été classées comme biomarqueurs à potentiel élevé. Au total, six biomarqueurs ont été intégrés.

Cette approche multiplateforme définie dans cette étude, est actuellement utilisée pour définir des biomarqueurs antigéniques attestant de la présence, chez l’hôte, de la bactérie Francisella tularensis (responsable de la tularémie) et Burkholderia pseudomallei (bactérie responsable de la mélioïdose).

Prochaine étape pour les chercheurs ? Valider cette méthode sur des sujets humains et évaluer sa faisabilité, en routine, dans les laboratoires rattachés aux services hospitaliers.

Lire aussiLa maladie de Lyme, une épidémie ?

Julie P., Journaliste scientifique

– Maladie de Lyme : un diagnostic fiable et rapide grâce à une nouvelle technique. Futura sciences. J.Hernandez. Consulté le 9 septembre 2019.
– Multi-platform Approach for Microbial Biomarker Identification Using Borrelia burgdorferi as a Model. Frontiers in Cellular and Infection Microbiology. K.J.Pflughoeft et al. Consulté le 9 septembre 2019.
– DOSSIER DE PRESSE. Lyme et maladies transmissibles par les tiques : dépasser les controverses et proposer une solution à chacun. HAS. K.J.Pflughoeft et al. Consulté le 9 septembre 2019.
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