Le myélome multiple, aussi connu sous le nom de maladie de Kahler, est un cancer de la moelle osseuse affectant certaines cellules du système immunitaire. 5 000 nouveaux cas sont répertoriés chaque année en France.
Définition et symptôme d’un Myélome multiple
Qu’est-ce qu’un myélome multiple ?
Le myélome multiple est une maladie affectant la moelle osseuse, et caractérisée par une multiplication anormale de certains globules blancs, les plasmocytes.
À savoir ! On parle de myélome multiple parce que la moelle de plusieurs os peut être touchée
Les plasmocytes sont des cellules immunitaires. Ils sont produits au niveau de la rate par d’autres cellules immunitaires bien connues : les lymphocytes B. Les plasmocytes se répartissent ensuite dans l’ensemble du corps, et particulièrement dans la moelle osseuse. Les plasmocytes ont pour fonction de protéger l’organisme via la sécrétion d’anticorps (substance capable de reconnaître un élément étranger à éliminer) qui circulent dans le sang. D’ordinaire, les plasmocytes sont en nombre limité dans la moelle osseuse et n’ont pas la capacité de se multiplier.
Pour des raisons encore inconnues aujourd’hui, un plasmocyte va subir une transformation lui octroyant la capacité de se multiplier de façon anormale et anarchique. Ainsi, le plasmocyte anormal va se multiplier à l’identique en très grande quantité : on parle de clone de plasmocytes malins. Ces cellules vont donc produire massivement le même anticorps appelé « immunoglobuline monoclonale », ce qui va induire pour l’organisme, quelques changements :
- L’immunoglobuline monoclonale produite en grande quantité par les clones du plasmocyte anormal n’est pas fonctionnelle, et les anticorps normaux sont moins produits en raison d’un nombre restreint de plasmocytes normaux. Le système immunitaire s’en trouve donc affaibli, il sera moins apte à faire face aux infections ;
- L’accumulation de ce même type d’anticorps va perturber la production d’autres types cellulaires comme les globules rouges, entraînant alors une anémie (diminution de la concentration sanguine en globules rouges) ;
- Le plasmocyte anormal va également stimuler la destruction osseuse en perturbant la production du tissu osseux de remplacement, se traduisant par un risque plus important de fractures et des douleurs osseuses ;
À savoir ! Le tissu osseux est un tissu vivant renouvelé en permanence, on parle de remodelage osseux. Ce processus complexe permettant à l’os d’être résistant et solide fait intervenir deux types de cellules chargées pour les unes (Ostéoclastes) de la destruction osseuse et pour les autres (Ostéoblastes) de la reconstruction du nouveau tissu.
- La destruction osseuse est accompagnée d’une libération importante de calcium dans le sang. On parle d’hypercalcémie.
- La grande quantité d’immunoglobuline anormale circulant dans le sang est responsable d’une augmentation de la viscosité sanguine pouvant altérer le fonctionnement des reins. En effet, l’insuffisance rénale est une complication fréquente du myélome multiple.
Dans 54% des cas, la maladie touche un homme. L’âge moyen du diagnostic est de 70 ans pour les hommes et 74 ans pour les femmes. Cependant, 40% des patients ont moins de 65 ans lors du diagnostic et la maladie peut également se déclarer chez les moins de 40 ans (2.8% des cas).
Souvent le myélome multiple est précédé d’une phase asymptomatique (sans symptôme) appelée « gammapathie monoclonale de signification indéterminée » ou MGUS. Elle est caractérisée par une élévation du taux d’anticorps dans le sang. Cette condition est observée chez 3 à 4 % de la population des moins de 50 ans et augmente avec l’âge. Le risque de développer un myélome multiple par la suite, impose un suivi médical régulier chez les personnes concernées, cependant le MGUS peut ne jamais évoluer en myélome et rester silencieux toute la vie.
Quels symptômes ?
20% des patients atteints d’un myélome multiple n’ont aucun symptôme, et découvre donc la maladie à l’occasion d’un bilan sanguin ou d’une radiographie osseuse.
Concernant les patients qui présentent des symptômes, les plus fréquents sont les douleurs osseuses résistantes aux antalgiques (traitement contre la douleur), particulièrement au niveau des vertèbres.
Les fractures dites pathologiques (survenant suite à un traumatisme minime) des os longs (fémur), des côtes et des vertèbres (pouvant provoquer la compression d’un nerf ou de la moelle épinière à l’origine de douleurs, troubles de la sensibilité ou des mouvements) sont assez fréquemment observées également.
D’autres symptômes peu spécifiques peuvent être observés :
- Troubles de la vision, maux de tête, confusion, etc. en raison d’une viscosité sanguine trop importante ;
- Bouche sèche, nausées, vomissements, etc. sont provoqués par un taux de calcium dans le sang trop élevé ;
- Infections à répétitions (bronchopneumonies, cystites, etc.) liées à la diminution de production des cellules immunitaires ;
- Anémie (fatigue, essoufflement, etc.) ;
- Troubles du rythme cardiaque, sensations douloureuses dans les pieds et les mains, douleurs dans les poignets, etc. en raison de l’accumulation d’anticorps.
En 2005, en France, le taux de survie à 5 ans des patients atteints de myélome multiple était estimé à 40 %. Les nouveaux traitements ont certainement augmenté ce chiffre, mais les données manquent.
La majorité des patients (60 à 70%) souffrent de complications rénales en raison de l’accumulation de trop grandes quantités d’anticorps dans le sang, difficiles à filtrer par les reins. Ainsi, une insuffisance rénale aiguë peut être observée, dans les cas les plus sévères, se traduisant par de la fatigue, une hyper ou hypo production d’urine, un gonflement des jambes et des pieds, etc. Il convient donc de prévenir ce risque en limitant les médicaments à risque et en évitant la déshydratation.
Par ailleurs, les risques de cancer (côlon, sein) sont légèrement augmentés.
Diagnostic et traitement d’un Myélome multiple
Quel diagnostic ?
Le diagnostic de la maladie est souvent évoqué suite à des examens sanguins ou radiologiques anormaux. Un myélome multiple est suspecté lorsque :
- La vitesse de sédimentation du sang est anormalement élevée sans cause identifiée (indiquant une viscosité anormale) ;
- Les lésions osseuses révélées à la radiographie sont évocatrices.
À savoir ! La vitesse de sédimentation sanguine désigne le temps nécessaire aux cellules sanguines pour se déposer au fond du tube. Elle s’exprime en millimètres de cellules sédimentés au bout d’une heure. La valeur normale chez l’adulte est < 7 mm en 1h. Cette valeur augmente dans certaines conditions, notamment avec l’âge ou lors d’infections ou certaines maladies
Le diagnostic est confirmé par deux examens :
- L’électrophorèse des protéines sanguines ou urinaires qui permet de séparer les différentes protéines présentes. En cas demyélome multiple, un anticorps (ou immunoglobuline) est présent en très grande majorité au détriment des autres. C’est l’immunoglobuline monoclonale ;
- Un myélogramme est un examen microscopique des cellules de la moelle osseuse suite à un prélèvement réalisé sous anesthésie locale. En présence de la maladie, on observe un nombre anormalement élevé de plasmocytes dans la moelle.
Des radiographies ou scanners peuvent éventuellement venir compléter le diagnostic.
Quel traitement ?
Un traitement n’est pas nécessaire dès le diagnostic lorsque le patient ne présente aucun symptôme. En effet, aucun bénéfice n’a été démontré à traiter un patient asymptomatique dans l’évolution de la pathologie. Une simple surveillance est de rigueur.
En revanche, en présence de symptômes, un traitement doit être instauré. Celui-ci repose essentiellement sur la chimiothérapie. En fonction des symptômes, d’autres traitements peuvent être associés pour : soulager la douleur, prévenir les infections, traiter ou prévenir l’anémie, protéger l’os.
De manière générale :
- Pour les patients de moins de 65 ans, le traitement débute par une chimiothérapie d’induction permettant la collecte de cellules souches (cellules indifférenciées à l’origine des cellules sanguines). Puis la phase de chimiothérapie intensive suit dans le but d’éliminer un maximum de cellules cancéreuses. Mais elle entraîne rapidement une aplasie (diminution très importante des cellules normales sanguines) rendant l’organisme vulnérable aux infections. L’autogreffe des cellules souches prélevées précédemment permet de reconstituer les cellules sanguines. Une hospitalisation de plusieurs semaines est indispensable.
- Pour les patients de plus de 65 ans, la chimiothérapie couplée à l’autogreffe est trop risquée. Ainsi, la chimiothérapie est administrée seule sur une période plus longue (12 à 18 mois).
Deux types d’associations de chimiothérapie existent :
- Melphalan + prednisone + thalidomide;
- Melphalan + prednisone + bortezomib, option pour les patients non éligibles à la chimiothérapie intensive associée à une greffe de moelle osseuse (autogreffe de cellules souches).
À savoir ! En raison des risques de malformation fœtale, la thalidomide ne doit pas être utilisé chez les femmes ayant un projet parental ou susceptible d’être enceinte. Une contraception est impérative<
Les traitements permettent généralement d’obtenir une rémission (absence des symptômes de la maladie et diminution de l’immunoglobuline monoclonale) avec possibilité d’interrompre les traitements, tout en conservant une surveillance régulière.
Cependant, les traitements actuellement disponibles ne permettent généralement pas d’obtenir la guérison du patient. Le myélome multiple, avec des délais variables selon les patients, finit par réapparaître, nécessitant l’instauration d’un nouveau traitement.
Publié le 30 juin 2017. Mis à jour par Charline D, Docteur en pharmacie, le 10 janvier 2022.