Myocardite


Rédigé par Charline D. et publié le 5 février 2019

MyocarditeUne myocardite est une inflammation du muscle cardiaque appelé myocarde. Cette affection habituellement bénigne peut avoir diverses origines, et donc différentes manifestations. Aucun symptôme ne peut être ressenti, et auquel cas l’affection passe inaperçue et guérit spontanément, tout comme elle peut se traduire par une défaillance cardiaque sévère. Une surveillance médicale et une prise en charge adaptée sont nécessaires afin d’éviter toute complication plus grave.

Définition

Le cœur est principalement constitué d’un muscle, appelé myocarde, contenant des cellules spécifiques : les cardiomyocytes. Ces cellules ont la capacité de se contracter comme une cellule musculaire, mais aussi de conduire l’électricité permettant de déclencher une contraction. Bien que le cœur ne pèse que 300 grammes chez un adulte, cet organe consomme à lui seul 10% de l’oxygène nécessaire à notre corps. Le myocarde est un muscle creux de la taille d’un poing recouvert de 2 membranes protectrices : l’endocarde qui est interne, et l’épicarde qui est externe.

Le cœur est composé de 4 cavités qui fonctionnent par paire. On distingue alors le cœur droit et le cœur gauche. Chaque paire est constituée d’une première cavité, l’oreillette, qui réceptionne le sang puis se contracte pour se vider dans la seconde cavité : le ventricule. Le ventricule est plus volumineux et éjecte le sang dans une artère après contraction. A noter que chaque compartiment est séparé par des valves, on parle de « valves cardiaques », elles assurent une circulation sanguine à sens unique.

coeur

Finalement, la circulation sanguine générale est assurée par une bonne synchronisation des différentes contractions au niveau du cœur.

Ainsi, le sang pauvre en oxygène (qui a déjà servi à nourrir notre organisme en oxygène) arrive dans l’oreillette droite, qui l’envoie dans le ventricule droit avant d’être propulsé dans l’artère pulmonaire en direction des poumons afin d’être oxygéné. C’est au niveau de cette première oreillette que se trouve le signal nerveux à l’origine des impulsions électriques qui assure une contraction régulière du cœur.

Le cœur gauche permet quant à lui de propulser le sang oxygéné, arrivant au niveau de l’oreillette gauche après un passage dans les poumons, dans tout l’organisme via l’aorte.

 

Qu’est-ce qu’une myocardite ?

Une myocardite est une inflammation affectant le myocarde, c’est-à-dire le tissu musculaire au niveau du cœur. Cette inflammation peut avoir diverses causes, la plus fréquente d’entre elles reste l’infection virale (grippe, oreillons). Cependant, la myocardite peut aussi succéder à diverses affections telles que :

  • Certaines maladies infectieuses (la diphtérie, la typhoïde ou la maladie de Lyme par exemple) ;
  • Le rhumatisme articulaire aigu (complication grave d’une angine à streptocoques A) ;
  • Certains médicaments (par exemple certains anticancéreux), on parle alors de myocardite d’hypersensibilité ;
  • La radiothérapie ;
  • Certaines maladies auto-immunes (par exemple, le lupus érythémateux systémique) ;
  • Diverses substances toxiques dont l’alcool et la cocaïne.

Une myocardite peut se traduire par une défaillance cardiaque. En effet, une fois lésé, le cœur n’assure plus correctement sa fonction de pompe, et n’est plus en mesure de garantir une bonne circulation sanguine. A mesure qu’il se détériore, sa capacité à pomper le sang s’amenuise. Il en résulte un apport sanguin réduit pour l’ensemble des organes.

Symptômes

Chez certains patients, la myocardite peut être totalement silencieuse et ne provoquer aucun symptôme. D’autres peuvent présenter, au contraire, une insuffisance cardiaque qui progresse rapidement avec de graves troubles du rythme cardiaque. En fait, les symptômes dépendent essentiellement de l’origine de la myocardite et de l’étendue de l’inflammation. Cliniquement, une insuffisance cardiaque se traduit par de la fatigue, un essoufflement et des oedèmes. Des patients peuvent souffrir en plus de palpitations.

À savoir ! La myocardite peut se traduire d’emblée par un trouble grave du rythme cardiaque.

Plus fréquemment, en cas de myocardite infectieuse, d’autres symptômes (qui rappellent ceux de la grippe) peuvent être présents avant que la myocardite ne se déclare : fièvre, douleurs musculaires, maux de tête, maux de gorge, diarrhée, etc.

Par ailleurs, une myocardite d’hypersensibilité (ou d’origine médicamenteuse) peut s’accompagner d’une éruption cutanée.

Enfin, lorsque la myocardite est associée à une inflammation du péricarde (ou péricardite), une douleur thoracique plus ou moins importante peut se faire ressentir. Cette dernière peut irradier jusqu’au niveau du cou, du dos ou des épaules. La douleur est aggravée lorsque le thorax du patient bouge, lorsqu’il tousse ou avale des aliments, par exemple. A l’inverse, la douleur peut être atténuée en position assise ou lorsque le patient se penche vers en avant.

Dans les cas les plus sévères de myocardite, le patient peut souffrir d’arythmie (autrement dit des troubles du rythme cardiaque : les battements cardiaques sont trop rapides ou irréguliers), d’un essoufflement à l’effort voire au repos dans certains cas, d’œdème des membres inférieurs, et de fatigue.

À savoir ! La myocardite est l’une des causes de mort subite chez le sportif

Diagnostic

Le médecin évoque une myocardite après un interrogatoire et un examen minutieux de son patient. Comme dans tout diagnostic, l’examen clinique est le premier réalisé par le médecin. Ensuite, lorsque celui-ci soupçonne une myocardite, plusieurs examens pourront être demandés : un électrocardiogramme ou ECG, des prélèvements sanguins (pour mesurer le taux de certains marqueurs cardiaques), un échocardiogramme, un IRM cardiaque, une biopsie endomyocardique.

À savoir ! Une biopsie endomyocardique consiste à prélever un échantillon de tissus de la paroi cardiaque pour l’examiner au microscope. Cet examen permet de confirmer le diagnostic de myocardite. En raison des risques de complications graves, cet examen n’est pas systématiquement réalisé

Traitement

Dans la majorité des cas, une myocardite évolue spontanément vers la guérison. Cependant, certaines formes de l’affection peuvent être graves et occasionner des séquelles pour le patient. La prise en charge de cette affection repose avant tout sur le traitement de sa cause.

Les premières mesures pour traiter une myocardite sont le repos et l’arrêt de tout effort physique. Une hospitalisation est souvent nécessaire devant un risque accru de troubles du rythme cardiaque. Ensuite, une prise en charge médicamenteuse est envisagée. En cas de myocardite en lien avec une maladie auto-immune, un traitement immunosuppresseur et une corticothérapie sont envisagés. Le médecin peut prescrire des anti-arythmiques (dont les bétabloquants) en cas de troubles du rythme cardiaque. Quand les anomalies du rythme persistent, un stimulateur cardiaque peut être implanté. Lorsqu’une origine infectieuse est privilégiée, un traitement antibiotique peut être mis en place.

En cas d’échec des traitements, une transplantation cardiaque est proposée en dernier recours.

Enfin, lorsque le patient est sportif, la reprise de l’activité physique intense ne pourra être effective qu’après l’avis favorable d’un cardiologue. Celle-ci doit s’effectuer de manière progressive.

Prévention

Une myocardite peut avoir diverses origines, parmi elles certaines sont évitables. Par exemple, une vaccination contre la grippe ou la tuberculose permet de limiter un certain nombre de cas de myocardite. De la même manière, la consommation de certains produits toxiques comme la cocaïne est à proscrire.

Par ailleurs, il ne faut pas faire de sport intense en cas de fièvre ou dans la semaine qui suit un épisode grippal (fièvre associée à des courbatures).

Charline D., Docteur en pharmacie

– Le fonctionnement du cœur. Société française de cardiologie. Société française de cardiologie.Consulté le 24 janvier 2019.
– Myocardite. Larousse.Consulté le 22 janvier 2019.
– Myocardite. MSD Manuel.Consulté le 22 janvier 2019.
– Myocardite. Institut de cardiologie de Montréal.Consulté le 22 janvier 2019.

Lire nos autres dossiers Maladies