Méningites à méningocoques


Rédigé par Pierre M. et publié le 3 février 2017

La méningite à méningocoques est une infection bactérienne grave causée principalement par la bactérie Neisseria Meningitis (sérogroupe A, B, C, W et Y). Elle est caractérisée par une inflammation des méninges (membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière). Il s’agit d’une pathologie rare en France, qui touche principalement les enfants et les jeunes adultes de moins de 24 ans, mais dont le pronostic vital peut être fatal (10% des cas).

À savoir ! Le sérogroupe est un groupe de bactéries avec plusieurs variétés possédant un facteur caractéristique en commun.

bactérie Neisseria Meningitis

Les méningites

Définition

La méningite est une inflammation des méninges (les 3 enveloppes qui protègent le système nerveux) provoquée par différents micro-organismes : virus, bactéries ou champignons. Après avoir réussi à passer la barrière hémato-encéphalique (groupement de cellules bloquant le sang au niveau du cerveau, afin d’avoir un rôle protecteur du système nerveux contre les agents pathogènes, toxiques et hormones présents dans le sang), ils se retrouvent dans le liquide céphalo-rachidien dans lequel baigne de la moelle épinière et du cerveau, où ils se multiplient.

schéma cerveau

La maladie est dite « aiguë » lorsqu’elle dure moins d’un mois (cas général) en opposition aux méningites chroniques beaucoup plus rares.

Causes

Les méningites infectieuses peuvent avoir plusieurs origines : virales, bactériennes ou fongiques.
Les méningites virales, les plus fréquentes, sont le plus généralement bénignes chez les patients non immunodéprimés, avec un rétablissement spontané, sans séquelle et en quelques jours.

À savoir ! Les personnes immunodéprimées ont un système immunitaire qui n’est plus capable de les protéger correctement contre les microbes.

Les méningites fongiques sont moins fréquentes mais très sévères. Le principal champignon à l’origine de ce type de méningite est le Cryptococcus neoformans. Il est présent, entre autres, dans les fientes de pigeons et est responsable d’infections opportunistes, principalement chez les patients atteints du SIDA. Ces méningites sont surveillées par le Centre National de Référence des Mycoses invasives et Antifongiques de l’Institut Pasteur.

À savoir ! Les infections opportunistes sont le plus souvent observées chez les individus immunodéprimés. Elles profitent de la faiblesse des défenses immunitaires pour s’installer, alors qu’habituellement elles sont peu susceptibles d’entraîner une maladie.

Les méningites bactériennes peuvent être graves, voire mortelles dans 10% des cas malgré un traitement antibiotique adapté. Les espèces responsables de méningites varient avec l’âge :

  1. de 0 à 6 mois : streptocoques du groupe B (bactéries présentes dans l’intestin et les organes génitaux féminins), Escherichia coli et Listeria monocytogenes ;
  2. de 6 mois à 5 ans : Haemophilus influenzae, Neisseria meningitidis (méningocoque, germe dans le rhinopharynx uniquement présent chez les humains) et Streptococcus pneumoniae (pneumocoque, bactérie qui appartient au genre des streptocoques) ;
  3. après 5 ans : Neisseria meningitidis (méningocoque) et Streptococcus pneumoniae (pneumocoque) ;
  4. chez les personnes âgées : Haemophilus influenzae ou Streptococcus pneumoniae ;
  5. chez les immunodéprimés : Listeria monocytogenes et Mycobacterium tuberculosis (agent de la tuberculose).

Épidémiologie

Les méningites à méningocoques sont les seules méningites bactériennes responsables d’épidémies. Régulièrement, des épidémies de grande ampleur, dues à la bactérie N. meningitidis, sont observées dans les pays qui forment la « ceinture de la méningite africaine » (s’étendant du Sénégal à la Somalie), avec une mortalité supérieure à 10% selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé.

En France, l’Institut National de Veille Sanitaire recense en moyenne 400 cas par an depuis 10 ans, avec une recrudescence saisonnière (hiver et printemps), et un taux de mortalité entre 8-10 %, concernant surtout des enfants et des adolescents. Ces infections sont soumises à une déclaration obligatoire.

La bactérie responsable des méningites à méningocoques

La bactérie Neisseria meningitidis, communément appelée méningocoque, constitue la cause majeure de méningites et de septicémies en France. On parle d’infections invasives lorsque le méningocoque provoque une méningite, une septicémie, un choc septique ou un purpura.

Une septicémie est une infection grave et généralisée qui se propage dans l’organisme par voie sanguine. Elle est, le plus souvent, d’origine bactérienne, mais peut aussi être provoquée par des champignons, parasites ou virus.

Un choc septique est déclenché par la présence de toxines bactériennes dans le sang. Il diminue brutalement la circulation sanguine et représente une urgence médicale.

Un purpura est une lésion hémorragique de couleur pourpre de la peau ou des muqueuses. Il s’agit d’une accumulation de globules rouges des vaisseaux sanguins. Il peut avoir deux origines : une inflammation des vaisseaux sanguins ou un déficit en plaquettes sanguines.

Réservoir

Le méningocoque est présent principalement dans le nasopharynx (nez et fond de la gorge) chez environ 10% de la population. L’homme est le seul réservoir de cette bactérie, très fragile en dehors de son environnement naturel. Elle ne peut survivre que quelques minutes en dehors du corps humain.

À savoir ! On nomme espèce-réservoir, toute espèce qui accueille dans son organisme un agent pathogène proliférant de manière importante, sans nuire à sa santé, tout en étant le point de départ d’une infection. Par exemple, la chauve-souris est l’espèce-réservoir du virus de la rage, même s’il peut se transmettre à d’autres populations comme les canidés et les humains.

Mode de transmission

La bactérie se transmet par un contact étroit, à courte distance, direct et prolongé (d’une durée supérieure à une heure) à partir des sécrétions respiratoires et salivaires des malades et des porteurs sains : salive, baiser, toux ou encore postillons. La période de contagion débute 10 jours avant les signes cliniques et se termine 24h après le début du traitement antibiotique. La période d’incubation (délai entre la contamination par la maladie et l’apparition des premiers symptômes) est de 2 à 10 jours.

Symptômes

Le plus souvent la présence de N. meningitidis au niveau du rhinopharynx est asymptomatique. De nombreuses personnes sont dites « porteuses saines ».

À savoir ! Un porteur sain est un individu qui héberge un agent infectieux sans qu’il ne provoque de symptômes visibles.

fièvre enfantLes signes cliniques surviennent généralement chez les moins de 5 ans, les adolescents et les jeunes adultes de moins de 25 ans. Un syndrome infectieux est souvent associé à un syndrome méningé avec différentes manifestations dont :

  1. une fièvre plus ou moins élevée ;
  2. des maux de tête violents (céphalées) ;
  3. des nausées ou vomissements ;
  4. une intolérance à la lumière (photophobie) ou au bruit (phonophobie) ;
  5. une raideur de la nuque (absent chez les nourrissons) ;
  6. une léthargie (sensation de lenteur), fatigue, courbatures intenses ;
  7. des troubles de la conscience ;
  8. une agitation, convulsion, voire coma ;
  9. un teint gris, marbré ;
  10. des taches rouges violacées hémorragiques sous la peau (purpura).

Complications de la méningite

L’évolution vers des complications graves comme l’état de choc, le coma ou la mort, peut être très rapide (en quelques heures). Entre 9 et 12% des personnes atteintes d’infection à méningocoque en meurent, même avec un traitement antibiotique approprié. Parmi ceux qui survivent, jusqu’à 20% souffrent de séquelles, comme une surdité, des lésions cérébrales, la perte d’un membre ou un retard mental.

L’apparition de taches rouges, violacées hémorragiques sous la peau (purpura), s’étendant progressivement (purpura extensif), est un critère de gravité de l’infection. Cette complication est appelée « purpura fulminans » et provoque un choc septique mortel une fois sur trois.

Méningite Chez le nourrisson

Chez les nouveau-nés et nourrissons, les symptômes sont généralement moins marqués. Une méningite doit être suspectée devant un comportement inhabituel, un refus de s’alimenter, un teint gris ou marbré et une posture « molle ». L’accès brutal de fièvre est parfois accompagné de convulsions ou vomissements.

Vigilance
Une méningite doit être suspectée devant l’un des deux signes suivants :

  1. une fièvre mal supportée,
  2. l’apparition de taches rouges, violacées (purpura) sur la peau.

Face au moindre doute : contactez en urgence le 15.

Une surveillance, même nocturne, doit être effectuée pour éviter toutes complications et apparitions de nouveaux signes. Il est important d’examiner attentivement la peau du malade à la recherche de taches rouges sur tout le corps.

Diagnostic et examens complémentaires

Le diagnostic s’effectue en réalisant une ponction lombaire : prélèvement du liquide céphalo-rachidien (où le cerveau évacue tous ses déchets). Son analyse permet d’identifier la présence d’agents infectieux et la bactérie responsable. Ce diagnostic est indispensable pour l’instauration du traitement antibiotique. Il faut savoir que le malade a 1 chance sur 10 de mourir lorsque le traitement est reçu 1 à 2 jours après l’apparition des premiers signes cliniques. Les infections à méningocoques sont relativement rares en France et, malheureusement, leurs symptômes peuvent être confondus avec ceux d’autres maladies, pouvant retarder le diagnostic et donc le traitement.

Si les symptômes persistent malgré le traitement, le médecin peut prescrire un bilan complémentaire (scanner, IRM ou nouvelle ponction lombaire) pour rechercher une éventuelle complication.

Traitement de la méningite

Pour le patient

La gravité et le risque d’évolution rapide des méningites à méningocoques imposent une hospitalisation d’urgence pour confirmer le diagnostic et mettre en place un traitement antibiotique le plus tôt possible.

Le plus souvent, le traitement antibiotique est rapidement efficace, les symptômes disparaissent et la méningite guérit. Chez les enfants, une surveillance particulière est mise en place, sur plusieurs années après la guérison.

Pour l’entourage du malade

Pour les personnes ayant été en contact direct, étroit ou prolongé avec une personne malade (généralement vivant sous le même toit), un traitement préventif (prophylaxie) doit être mis en place :

  1. un traitement antibiotique, ou antibioprophylaxie, dans les 10 jours qui précèdent le dernier contact et plus particulièrement dans les 48 heures qui suivent le diagnostic ;
  2. pour les sérogroupes A, C, Y ou W, la prévention par la vaccination permet de compléter le traitement antibiotique instauré et peut être proposée à tous les sujets ayant eu des contacts proches et répétés avec un malade et des enfants en bas âge vivant en collectivité, où la promiscuité est grande.

Cette prise en charge permet de protéger les personnes à risque d’empêcher la contamination entre les individus et la circulation de la bactérie. Des mesures préventives étendues à une population plus large ne sont pas recommandées et pourraient faire émerger des résistances du méningocoque à l’antibiotique utilisé pour la prévention.

Prévention de la méningite

Une maladie à déclaration obligatoire

En France, la déclaration de ces infections à méningocoques est obligatoire. Elle a pour but la mise en place en urgence de mesures de prévention. Chaque année, en France, 400 à 600 cas sont déclarés.

Maladies à déclaration obligatoire.

En France, en 2017, 33 maladies sont à déclaration obligatoire (31 maladies infectieuses et 2 maladies non infectieuses). Ce sont des maladies qui nécessitent une intervention urgente locale, nationale ou internationale et/ou une surveillance pour la conduite et l’évaluation des politiques publiques.

La déclaration se fait auprès des Agences Régionales de santé (ARS) et de l’INVS. Elle repose sur la transmission de données entre différents acteurs de la santé publique, en garantissant l’anonymat du patient. Les objectifs de ce dispositif de surveillance sont :

  1. prévenir les risques d’épidémie ;
  2. analyser l’évolution dans le temps de ces maladies ;
  3. adapter les politiques de santé publique aux besoins de la population.

Vaccination contre la méningite

Quatre types de vaccins sont disponibles en France :

  1. le vaccin contre le méningocoque du groupe C : depuis 2010, le calendrier vaccinal le recommande pour tous les nourrissons à l’âge de 12 mois (remboursé à 65% par l’Assurance Maladie). La vaccination pour tous les enfants et adolescents de moins de 24 ans est également recommandée. Ce rattrapage est essentiel pour ce groupe particulièrement exposé ;
  2. le vaccin A-C-Y-W1 est obligatoire pour les voyageurs se rendant à La Mecque et en Arabie Saoudite en raison de la promiscuité résultant de l’ampleur du rassemblement et des contraintes liées aux divers rituels ;
  3. le vaccin contre les méningocoques A et C est recommandé pour les militaires et voyageurs qui se rendent dans les zones à risques d’Afrique ;
  4. le vaccin contre les infections à méningocoques B est utilisé dans le cadre particulier de l’endémie sévissant en Haute-Normandie et Picardie.

À savoir ! La vaccination est efficace (supérieure à 85 %) et bien tolérée, mais ne protège pas à 100 % contre une infection ;
Aucun vaccin ne protège contre tous les groupes de méningocoques ;
Si vous avez déjà contracté une infection à méningocoques, vous êtes immunisé uniquement contre la souche qui vous a infecté.

vaccination du nourrisson

À quoi sert la vaccination ?
La vaccination stimule le système immunitaire contre une maladie en particulier. Elle peut être préventive (elle vise à déclencher une réaction immunitaire en administrant à un sujet en bonne santé une forme atténuée ou inactivée d’un agent infectieux, de manière à éviter une contamination ultérieure) ou thérapeutique (elle reconnaît les agents infectieux, les détruits et empêche le retour de la maladie).

La vaccination sauve chaque année des milliers de vies à travers le monde. Elle est le moyen de prévention le plus efficace aujourd’hui pour lutter contre certaines maladies infectieuses dont la méningite. Le bénéfice est individuel comme collectif. Une augmentation du nombre de personnes vaccinées induit une diminution de la transmission de la maladie, voire son élimination. Grâce à une campagne de vaccination contre la méningite à méningocoques dans la « ceinture de la méningite africaine » réalisée par l’OMS, le nombre de malades est passé de plus de 15 000 malades en 2010 à 6 000 en 2014 dans cette zone du globe (le taux le plus faible depuis 10 ans).

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Marie B., Pharmacienne ; Charline D., Pharmacienne

Sources
– MÉNINGITES À MÉNINGOCOQUES. pasteur.fr. Consulté le 3 février 2017.
– Méningite. www.who.int. Consulté le 3 février 2017.

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