Alcaptonurie


Rédigé par Charline D. et publié le 20 décembre 2019

alcaptonurie

L’alcaptonurie est une maladie extrêmement rare, d’origine génétique, causée par un déficit enzymatique en acide homogentisique oxydase ou HGO. Cette anomalie engendre une dégradation incomplète et donc l’accumulation de certains acides aminés, constituants de base des protéines. Elle se traduit par une coloration foncée des urines et des douleurs articulaires. La présence d’acide homogentisique dans les urines permet d’évoquer le diagnostic, ensuite confirmer par des tests génétiques. Actuellement, aucun traitement n’est capable de guérir l’alcaptonurie.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que l’alcaptonurie ?

alcaptonurie-symptomesL’alcaptonurie est très rare, elle affecterait seulement 1 à 9 individus sur 1 million.

Cette maladie, d’origine génétique, est le résultat d’un mauvais fonctionnement d’une enzyme de l’organisme impliquée dans le métabolisme de la tyrosine et la phénylalanine, des acides aminés : l’acide homogentisique oxydase ou HGO.

À savoir ! Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines

A cause du manque ou du mauvais fonctionnement de cette enzyme, l’acide homogentisique n’est pas utilisé et s’accumule dans l’organisme. Une partie est éliminée dans les urines, ce qui explique leur coloration caractéristique chez les patients, mais l’autre partie reste, se dépose dans les tissus et devient toxique pour le corps. Les patients atteints d’alcaptonurie accumulent près de 2000 fois plus d’acide homogentisique qu’un individu sain. On parle d’ochronose lorsque les tissus, à savoir le tissu conjonctif, les os, le cartilage et la peau, se colorent en bleu foncé à cause des dépôts d’acide homogentisique.

A noter !A noter que l’espérance de vie des patients atteints d’alcaptonurie n’est pas réduite, bien qu’une perte de mobilité et un handicap dans les tâches quotidiennes puissent être présents.

Pour rappel, un chromosome est un élément microscopique constitué de molécules d’ADN. Il contient donc les gènes, supports de l’information génétique qui sont transmissibles à la descendance. Les chromosomes vont par paire. Tout individu sain dispose de 23 paires de chromosome. La paire 23 contient les chromosomes sexuels qui déterminent le sexe de l’individu qui les porte : XX chez une femme, et XY chez un homme.  Enfin, les chromosomes d’une même paire sont identiques, autrement dit, ils portent les mêmes gènes. Ainsi, il n’existe pas une version d’un même gène, mais deux, on parle d’allèle.

L’alcaptonurie est une maladie dite « autosomique récessive ».

Le terme autosomique signifie que le gène impliqué n’est pas porté par un chromosome sexuel, mais par l’une des 22 autres paires de chromosomes. Ainsi, les deux sexes sont concernés de la même manière par la maladie.

On parle de transmission récessive lorsque l’anomalie génétique responsable de la maladie affecte les deux copies du gène impliqué. Autrement dit, un individu peut être porteur de l’anomalie (sur l’une des deux copies du gène) sans que celle-ci ne s’exprime. La maladie se manifeste uniquement lorsque les deux copies sont anormales. Ainsi, un individu porteur risque de transmettre la maladie à sa descendance si son partenaire est également porteur de l’anomalie.

Quels symptômes ?

Dans de très nombreux cas, l’alcaptonurie est une pathologie asymptomatique jusqu’à l’âge adulte, bien que la coloration foncée des urines soit parfois visible dès l’enfance.

Dès la vingtaine, des symptômes musculo-squelettiques peuvent se manifester : une douleur et une raideur dans le dos. Plus tard, une atteinte des grosses articulations peut être associée et nécessiter une prise en charge chirurgicale. On parle d’arthropathie.

La mobilité articulaire est généralement diminuée. Une ankylose peut aussi être présente, ainsi que des troubles cardiaques.

Enfin, une pigmentation cutanée peut être observée après l’âge de 30 ans.

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

alcaptonurie-diagnosticLe diagnostic de l’alcaptonurie repose sur l’identification de l’acide homogentisique dans les urines. Les tests génétiques permettent de confirmer le diagnostic par la mise en évidence de la mutation sur le gène HGD en cause dans la maladie.

Quel traitement ?

Il n’existe pas de traitement permettant de guérir cette maladie. Plusieurs approches avec la vitamine C, par exemple, ont été étudiées sans grand succès.

La prise en charge est multidisciplinaire, et vise à réduire le risque de complications articulaires et cardiovasculaires, et à soulager les symptômes présents.

Pour les patients plus âgés, une chirurgie du rachis, de la hanche ou du genou peut être nécessaire.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Alcaptonurie. Orphanet. Consulté le 27 novembre 2019
– Alcaptonurie. . Association pour la lutte contre l’alcaptonurie. Consulté le 27 novembre 2019

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