Syndrome de Wiskott Aldrich


Rédigé par Charline D. et publié le 15 octobre 2020

coronavirus cellules humaines

Le syndrome de Wiskott Aldrich est un déficit immunitaire primaire affectant les lymphocytes impliqués dans l’immunité et les plaquettes assurant le contrôle des saignements. La forme classique de la maladie se traduit par une tendance accrue aux saignements, aux infections et à l’eczéma. Le diagnostic repose sur les résultats des analyses sanguines, et il est confirmé par l’analyse génétique. Une greffe de cellules souches est nécessaire à la survie du patient. Les autres traitements visent à prévenir les infections et les saignements.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que le syndrome de Wiskott Aldrich ?

genou d'un enfant avec un pansement et un hématomeEn 1937, le docteur Wiskott a observé pour la première fois le syndrome sur 3 frères avec une thrombocytopénie (diminution du nombre de plaquettes), des diarrhées sanglantes, de l’eczéma et des otites à répétition. Dix sept ans plus tard, le docteur Aldrich démontre l’origine génétique du syndrome.

Le syndrome de Wiskott Aldrich est un déficit immunitaire qui touche les lymphocytes B et T, et les plaquettes.

Un déficit immunitaire est caractérisé par un dysfonctionnement du système immunitaire qui engendre des infections sévères, récidivantes ou persistantes. Il existe deux types de déficits immunitaires :

  • Les déficits immunitaires primaires, d’origine héréditaire, qui sont présents dès la naissance, et dont fait parti le syndrome de Wiskott Aldrich ;
  • Les déficits immunitaires secondaires qui se développent plus tard et sont généralement liés à l’administration de certains médicaments ou à une pathologie (diabète, VIH, etc.).

L’incidence exacte du syndrome de Wiskott Aldrich est méconnue. Elle est estimée à moins d’une naissance sur 100 000. Cette maladie n’affecte que les garçons.

La transmission est récessive et liée à l’X.

Pour rappel, un chromosome est un élément microscopique constitué de molécules d’ADN. Il contient donc les gènes, supports de l’information génétique qui sont transmissibles à la descendance. Les chromosomes vont par paire. Tout individu sain dispose de 23 paires de chromosomes. La paire 23 contient les chromosomes sexuels qui déterminent le sexe de l’individu qui les porte : XX chez une femme, et XY chez un homme. Enfin, les chromosomes d’une même paire sont identiques, autrement dit, ils portent les mêmes gènes. Ainsi, il n’existe pas une version d’un même gène, mais deux, on parle d’allèle.

On parle de transmission récessive lorsque l’anomalie génétique responsable de la maladie affecte les deux copies du gène impliqué. Autrement dit, un individu peut être porteur de l’anomalie (sur l’une des deux copies du gène) sans que celle-ci ne s’exprime. La maladie se manifeste uniquement lorsque les deux copies sont anormales. Ainsi, un individu porteur risque de transmettre la maladie à sa descendance si son partenaire est également porteur de l’anomalie.

Enfin, c’est le chromosome X qui est porteur de l’anomalie. La maladie se déclare donc exclusivement chez les individus de sexe masculin (n’ayant qu’un chromosome X), tandis que les femmes (qui ont deux chromosomes X, le chromosome sain peut donc s’exprimer à la place du chromosome porteur de l’anomalie) peuvent seulement être porteuses de la maladie. Autrement dit, les femmes n’ont pas de symptôme, mais ont une chance sur deux de transmettre la maladie à leur descendance.

La maladie est causée par des mutations, ou anomalies, dans le gène WASP contrôlant la protéine WASP. La majorité des mutations sont dites « uniques », autrement dit chaque famille de patient à sa propre mutation caractéristique. Lorsque cette dernière est sévère et bloque pratiquement entièrement la production de la protéine WASP, le patient souffre de la forme classique mais grave du syndrome. En revanche, lorsqu’une production suffisante de la protéine reste possible, les symptômes de la maladie seront atténués.

Quels symptômes ?

Classiquement, le syndrome de Wiskott Aldrich se présente par :

  • Une forte tendance aux saignements cutanés à cause de la réduction du nombre de plaquettes ;
  • Des infections (bactériennes, virales et fongiques) récidivantes ;
  • Un eczéma.

Les manifestations du syndrome de Wiskott Aldrich varient d’un patient à un autre. Ils peuvent se déclarer peu après la naissance ou se développer dans la première année de vie. Certains vont présenter les trois signes caractéristiques, tandis que d’autres ne présenteront qu’une faible numération des plaquettes et des saignements.

Par ailleurs, les patients atteints du syndrome ont un risque augmenté de développer un lymphome, une leucémie ou une maladie auto-immune.

  • 1 – Les saignements

La réduction du nombre de plaquettes est une caractéristique commune à tous les patients atteints du syndrome de Wiskott Aldrich. C’est ce qui permet de diagnostiquer la maladie.

Les saignements au niveau de la peau forment des points rouges appelés pétéchies. Parfois, elles sont plus grosses et sont assimilables à des bleus. Les patients peuvent aussi présenter des selles sanglantes, des saignements des gencives et du nez. La complication la plus grave est l’hémorragie cérébrale, certains médecins recommandent le port d’un casque afin de prévenir les blessures crâniennes.

  • 2 – Les infections

A cause d’un déficit en lymphocyte B et T, les infections de tous types (bactériennes, fongiques et virales) sont fréquentes chez ces patients. Les infections contractées peuvent affecter les voies respiratoires supérieures et inférieures, les oreilles, les sinus ou les poumons. Heureusement, les infections plus graves comme la septicémie et la méningite sont plus rares. septicémie

  • 3 – L’eczéma

L’eczéma est fréquent dans les formes classiques. Au plus jeune âge, l’eczéma peut prendre la forme de croûte de lait, d’érythème fessier ou se généraliser à l’ensemble du corps ou des membres.

Chez les garçons plus âgés, l’eczéma peut se limiter aux plis de la peau au niveau du coude, du poignet, du cou et à l’arrière des genoux. Parfois, il peut recouvrir une grande partie de la peau.

Les démangeaisons en cas d’eczéma sont très importantes. Les patients se grattent souvent à sang, même dans leur sommeil.

A noter ! L’eczéma peut aussi être absent ou très atténué.

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

tubes à essai dans une centrifugeuse Le diagnostic du syndrome de Wiskott Aldrich repose sur l’étude des antécédents familiaux, l’examen clinique et la mise en évidence d’une thrombocytopénie et des désordres immunologiques sur une analyse de sang.

Un test génétique peut être réalisé pour identifier la mutation et confirmer le diagnostic.

Une fois le diagnostic établi, les patients doivent régulièrement réaliser des analyses de sang afin de surveiller l’éventuelle survenue d’une leucémie ou d’un lymphome.

Quel traitement ?

L’unique traitement curatif pour les jeunes patients est la greffe de cellules souches hématopoïétiques. Elle doit être réalisée le plus tôt possible avec un donneur compatible. Sans greffe, la majorité des patients décèdent généralement avant leur 15ème anniversaire.

Pour prévenir les infections, des antibiotiques et des immunoglobulines (ou anticorps) sont administrés en continu. Concernant les infections virales, elles sont limitées grâce à la prise d’aciclovir, un médicament antiviral, en prévention.

Des transfusions plaquettaires sont réalisées afin de limiter les troubles hémorragiques. Lorsque les troubles sont trop sévères, une ablation de la rate est proposée. Cependant, cette dernière est évitée au maximum, car elle accroît les risques de septicémie.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources

– Syndrome de Wiskott-Aldrich. Le manuel MSD. Consulté le 3 octobre 2020.
– Syndrome de Wiskott-Aldrich. Orphanet. Consulté le 3 octobre 2020.
– Syndrome de Wiskott-Aldrich. IPOPI. Consulté le 3 octobre 2020.


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