Le syndrome métabolique n’est pas à proprement parler une maladie. Il correspond à l’association de plusieurs troubles physiologiques et métaboliques. Le syndrome métabolique touche de plus en plus de Français. Les dernières estimations font état de 22,5 % des hommes et de 18,5 % des femmes. De même, il est considéré comme un fléau pour la santé de la population mondiale. La prévention et la prise en charge du syndrome métabolique sont donc des enjeux majeurs de santé publique.
Qu’est-ce que le syndrome métabolique ?
Le syndrome métabolique, également appelé syndrome X ou syndrome dysmétabolique, n’est pas une maladie au sens propre, mais l’association chez une même personne de plusieurs troubles physiologiques et métaboliques :
- Un excès de poids, généralement associé à une obésité de type abdominale ;
- Des troubles lipidiques ;
- Des troubles glucidiques ;
- Des problèmes vasculaires.
Plusieurs définitions du syndrome métabolique ont successivement été données, depuis la première définition donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 1998. Aujourd’hui, la définition communément acceptée par la plupart des experts internationaux est celle de la Fédération Internationale du Diabète. Est considérée comme atteinte du syndrome métabolique, une personne qui présente simultanément les caractéristiques suivantes :
- Une obésité abdominale (tour de taille supérieur à 94 cm chez les hommes et 80 cm chez les femmes), avec une répartition androïde du tissu adipeux ;
- Au moins deux des critères suivants :
- Un taux élevé de triglycérides, supérieur ou égal à 1,7 mmol/l (150 mg/dl) ;
- Un faible taux de HDL-cholestérol (« le bon cholestérol »), inférieur à 1,03 mmol/l (40 mg/dl) chez l’homme et 1,29 mmol/l (50 mg/dl) chez la femme ;
- Une hypertension artérielle, supérieure à 13/8,5 ;
- Une hyperglycémie modérée à jeun, supérieure ou égale à 5,6 mmol/l (1 g/l), généralement comprise entre 1,10 et 1,26 g/l.
Ces critères ne sont pas indépendants les uns des autres, mais au contraire totalement interdépendants, d’où l’intérêt de considérer le syndrome métabolique comme une entité à part entière.
À noter ! La définition de certains de ces critères, notamment le tour de taille, peuvent être différents en fonction de l’origine ethnique des individus.
Depuis sa première description, le syndrome métabolique connaît un essor important, notamment dans les pays développés, et en particulier aux USA. Sa prévalence augmente également avec l’âge, même si un nombre croissant d’adolescents présentent les critères de définition du syndrome métabolique. Les deux sexes semblent apparemment touchés de manière identique. Il est souvent difficile de comparer les études sur le syndrome métabolique, compte tenu de la diversité des critères de définition retenus. Une harmonisation internationale serait nécessaire pour mieux définir l’épidémiologie du syndrome métabolique.
Les conséquences du syndrome métabolique
Considéré comme un véritable fléau pour la santé de la population mondiale, le syndrome métabolique suscite l’inquiétude des autorités de santé publique, en raison des risques qui y sont associés. En effet, le syndrome métabolique augmente le risque de développer des pathologies graves, comme :
- Le diabète de type 2, car le syndrome métabolique engendre souvent une insulinorésistance, l’un des mécanismes à la base du diabète de type 2 ;
- Des maladies cardiovasculaires, en particulier de cardiopathies ischémiques comme l’angor, car les troubles lipidiques et glucidiques altèrent progressivement les parois des vaisseaux sanguins et favorisent le développement de caillots. Le syndrome métabolique peut également perturber les paramètres cardiaques, comme le volume d’éjection des ventricules, ou encore altérer les structures cardiaques (développement anormal du ventricule gauche) ;
- Des accidents cardiovasculaires, comme l’accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde;
- Des troubles du sommeil, comme le syndrome d’apnée du sommeil;
- Une insuffisance rénale, en lien avec l’hyperuricémie et les problèmes vasculaires ;
- Une grave atteinte hépatique à long terme, voire une augmentation du risque de cancer du foie.
Parallèlement aux troubles biochimiques qui définissent le syndrome métabolique, son existence entraîne souvent d’autres perturbations des dosages biologiques, et notamment :
- Une augmentation des protéines de l’inflammation, et en particulier de la protéine C réactive (CRP) ultrasensible. Ce trouble témoigne d’un état d’inflammation chronique associée à l’obésité;
- Une microalbuminurie pathologique (présence d’albumine (une protéine) dans les urines), supérieure ou égale à 20 mg/l sur une miction ou 30 mg/24 heures ;
- Une élévation de l’inhibiteur du plasminogène, ayant un effet sur la coagulation sanguine en altérant la fibrinolyse ;
- Une hyperuricémie, c’est-à-dire une élévation du taux sanguin d’acide urique ;
- D’autres troubles lipidiques, impliquant notamment le LDL-cholestérol (« mauvais cholestérol ») ;
- Une modification de la numération formule sanguine (NFS), marquée par une augmentation du taux de globules blancs ;
- Des troubles hépatiques, caractéristiques d’une stéatose hépatique non alcoolique;
- Des troubles endocriniens, notamment une perturbation de la synthèse du cortisol induisant chez les femmes un syndrome des ovaires polykystiques, susceptible d’altérer la fertilité de manière importante.
Quelle prise en charge face au syndrome métabolique ?
En premier lieu, il est possible de prévenir le syndrome métabolique. Les deux principaux facteurs de prédisposition au syndrome métabolique sont l’insulinorésistance et l’obésité abdominale. L’hygiène de vie, en particulier l’alimentation et l’activité physique, est donc au cœur de la prévention du syndrome métabolique. De récentes études semblent par ailleurs indiquer qu’il existe une prédisposition génétique au syndrome métabolique, ce qui pourrait permettre de mieux cibler les stratégies de prévention.
Compte tenu des perturbations associées au syndrome métabolique et des risques pour la santé à moyen et long terme, il est fortement recommandé de détecter et de prendre en charge au plus tôt ce syndrome. La prise en charge repose principalement sur l’adoption et le maintien d’un mode de vie sain, basé sur plusieurs aspects principaux :
- Une alimentation saine, équilibrée, riche en fruits et légumes frais, pauvre en graisses saturées, en sels et en sucres ;
- La pratique d’une activité physique régulière et adaptée, au moins 30 minutes par jour 5 fois par semaine ;
- La lutte contre la sédentarité pour réduire la durée quotidienne de temps passé à être assis ;
- La perte de poids, puis le contrôle du poids corporel, si besoin en limitant les apports caloriques et en instaurant un régime adapté ;
- Limiter voire stopper la consommation d’alcool ou de tabac.
Parfois, des médicaments peuvent être prescrits, en plus de la modification des habitudes de vie. Il s’agit généralement :
- De médicaments améliorant la sensibilité à l’insuline ;
- De médicaments destinés à normaliser les taux sanguins de lipides ;
- De médicaments antihypertenseurs pour baisser la tension artérielle.
Lorsque l’obésité est sévère, une prise en charge spécifique peut être nécessaire et peut impliquer des traitements médicamenteux, voire le recours à une chirurgie bariatrique.
Une surveillance médicale régulière est également conseillée pour dépister le plus rapidement possible toute pathologie liée au syndrome métabolique. En cas de besoin, un suivi nutritionnel ou un coaching sportif peuvent être indiqués.
Si une complication apparaît, le médecin prescrit les traitements adaptés au cas spécifique de chaque patient.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Le syndrome métabolique : définition, épidémiologie, complications. Bonnet, Fabrice et Laville, Martine. 2005. Spectra Biologie 145 : 27-29.
– Le syndrome métabolique. Boursier, V. 2006. Journal des Maladies Vasculaires 31(4) : 190-201.