Des marqueurs génétiques pour prédire l’âge de la ménopause

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Rédigé par Morgane G. et publié le 13 septembre 2021

La ménopause représente la fin des cycles menstruels chez les femmes et est associée à l’interruption définitive des fonctions ovariennes. Elle apparait en général entre 47 et 52 ans, mais peut survenir chez 4% des femmes avant 45 ou même 40 ans. On parle dans ce cas de ménopause précoce, voire d’insuffisance ovarienne primitive. Alors que les femmes ont leur premier enfant de plus en plus tard, prédire l’âge de la ménopause pourrait aider les couples à anticiper le bon moment pour concevoir un enfant, en particulier pour les femmes à risque de ménopause précoce.

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Âge de la ménopause : influence de facteurs génétiques et non-génétiques

Une étude récente, publiée dans la revue Nature, montre que des marqueurs génétiques pourraient permettre de prédire l’âge de la ménopause. Les résultats pourraient notamment permettre de développer un traitement pour les cas de ménopause précoce.

L’âge naturel de la ménopause est déterminé par des interactions complexes entre des facteurs génétiques et non-génétiques. Souvent, les cas de ménopause précoce sont associés à des facteurs non-génétiques comme une malnutrition durant l’enfance ou le fait de fumer. À l’inverse, le surpoids est plutôt associé à une ménopause tardive. Du côté des facteurs génétiques, il semblerait que des processus moléculaires, nommés « réponse aux dommages de l’ADN » (DDR pour DNA-damage-response), intervenant dans la réplication des cellules, jouent un rôle important notamment pour la génération des cellules de l’ovule. Ils seraient également mis en œuvre pour la réparation de l’ADN endommagé par des causes environnementales, comme par la fumée de cigarette.

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Les gènes responsables de l’âge de la ménopause identifiés

Dans son étude, l’équipe de Katherine Ruth a mené une grande analyse génétique auprès de femmes atteintes de ménopause et âgées de 40 à 60 ans. Les chercheurs ont ainsi scruté leurs génomes à la recherche de potentielles associations entre l’âge de la ménopause et certains variants génétiques. Au total, ce sont 600 000 femmes qui ont ainsi été testées. L’étude a ainsi identifié de nombreux variants génétiques ayant un impact sur l’âge de la ménopause. Ces mutations génétiques expliquent 10 à 12% des variations observées dans l’âge de la ménopause. En se basant sur ces résultats, il est ainsi possible de prédire l’âge de la ménopause d’une femme, en fonction des variants génétiques qu’elle porte.

L’étude montre en particulier que la plupart des mutations génétiques identifiées affectent les gènes associés aux mécanismes de réponse aux dommages de l’ADN (DDR), dont certains sont connus pour affecter tout particulièrement l’âge de la ménopause.

Du côté des facteurs environnementaux (non-génétiques), des tests réalisés sur des souris suggèrent qu’un régime alimentaire riche en gras et en sucre durant la gestation induit une réduction de la réserve ovarienne chez les bébés femelles, en affectant notamment les capacités de réparation de leur ADN.

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Un traitement pour retarder l’âge de la ménopause ?

À partir de ces résultats, les chercheurs se sont également penchés sur un éventuel traitement qui pourrait permettre de retarder la ménopause. En introduisant un gène spécifique dont le rôle premier est d’assurer la réparation de dommages subis par l’ADN dans les cellules l’ovule, ils ont remarqué une augmentation de la réserve ovarienne chez de vieilles souris. Grâce à ce traitement, celles-ci ont ainsi pu donner naissance à plusieurs générations de souris, fertiles et en bonne santé. Un traitement pour retarder l’âge de la ménopause semble donc envisageable pour les femmes.

Mais y a-t-il des conséquences à retarder la ménopause ? Les études réalisées montrent que cette approche pourrait entrainer des effets néfastes pour la santé des femmes soumises à un tel traitement. En effet, pour chaque année génétiquement retardée, le risque de développer un cancer lié aux hormones augmente significativement : 5% de risque en plus pour le cancer de l’endomètre, 3,8% pour le cancer du sein. D’un autre côté, les variants génétiques ayant une action retardant l’âge de la ménopause sont connus pour augmenter la densité osseuse et réduire le risque de fractures. Ils n’affectent pas non plus le risque de développer une maladie cardiovasculaire ou Alzheimer et n’ont pas d’effet sur le poids ou la longévité. De plus amples investigations doivent donc être menées pour comprendre l’influence de chaque gène ayant un effet retardateur sur la ménopause.

Si le fait de pouvoir prédire l’âge de la ménopause représente une avancée majeure dans la gestion de la fertilité et de la conception d’un enfant, la mise au point d’un traitement retardant l’âge de la ménopause soulève plus de questions, notamment celle de la balance bénéfice-risque. C’est d’ailleurs déjà le cas pour les traitements hormonaux de substitution.

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Morgane Gillard, rédactrice scientifique

Sources
– Genetic insights into biological mechanisms governing human ovarian ageing. nature.com. Consulté le 30 août 2021.
– Genomic analysis identifies variants that can predict the timing of menopause. nature.com. Consulté le 30 août 2021.
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