La neurotensine, une hormone capable de prédire l’évolution du poids chez le sujet obèse ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 20 avril 2023

En France comme dans le reste du monde, le surpoids et l’obésité ne cessent d’augmenter chez les enfants, les adolescents et les adultes. Pour tous les individus concernés, la perte de poids est l’objectif principal. Comment prédire le maintien de la perte de poids ou au contraire la reprise de poids ? Selon une récente étude, une hormone spécifique, la neurotensine, pourrait permettre d’anticiper l’évolution du poids. Explications.

neurotensine, hormone prédictive du poids chez les sujets obèses

La neurotensine, une hormone liée à l’évolution du poids corporel ?

La neurotensine est une hormone sécrétée à la fois au niveau du cerveau et de l’appareil digestif. Ses fonctions ne sont pas encore précisément toutes connues, mais elle semble jouer un rôle dans les capacités d’adaptation aux différentes situations vécues. De récentes études ont mis en évidence son action anorexigène, qui suscite donc l’intérêt des scientifiques étudiant le surpoids et l’obésité.

D’après les données déjà connues, la neurotensine serait davantage sécrétée après une chirurgie bariatrique (chirurgie de l’obésité), ce qui contribuerait à la forte perte de poids observée après l’intervention chirurgicale. En se basant sur ce constat, des chercheurs se sont interrogés sur l’évolution de la neurotensine après une perte de poids induite par un régime alimentaire restrictif. L’objectif de l’étude était de suivre l’évolution de la neurotensine après la perte de poids, et de corréler cette évolution avec une éventuelle reprise de poids. Le principal enjeu dans la prise en charge de l’obésité reste en effet de maintenir la perte de poids sur le long terme, après une perte de poids significative.

Suivre la neurotensine pour prédire la reprise de poids après un régime

L’étude a été menée en premier lieu sur des modèles de souris obèses. Sur une durée totale de 9 jours, un groupe de souris était nourri à volonté, tandis qu’un autre groupe était soumis à un régime alimentaire restrictif (correspondant à 40 – 60 % de l’apport alimentaire moyen). Parallèlement, un essai clinique a été mené chez l’homme, sur 42 participants atteints d’obésité, ayant suivi un régime hypocalorique sur une période de 8 semaines.

Chez la souris et chez l’homme, les chercheurs ont étudié l’impact de la perte de poids induite par le régime sur l’évolution des taux de neurotensine. Chez l’homme, ils ont analysé si l’évolution des taux de neurotensine était capable de prédire l’évolution du poids corporel après la phase de perte de poids initiale. Des dosages radioimmunologiques ont été utilisés pour déterminer la sécrétion totale de neurotensine chez les souris et chez l’homme.

Un nouvel outil pour suivre l’évolution du poids en cas d’obésité

Les données collectées révèlent que la perte de poids induite par le régime alimentaire (évaluée à 14 % du poids initial) chez les souris était associée à une baisse de 64 % des taux de neurotensine plasmatique à jeun. Cette réduction de la neurotensine dans la circulation sanguine était corrélée à une baisse de la neurotensine dans les tissus digestifs de la souris. Au niveau cérébral, cette baisse de la neurotensine circulante était liée à une augmentation de la faim. Ainsi, l’application d’un régime alimentaire aux souris entraînait une perte de poids, une baisse de la neurotensine à jeun et une augmentation de la faim, susceptible de provoquer une reprise de poids à la fin du régime.

Chez l’homme, à l’image de ce qui se passe chez la souris, un régime alimentaire restrictif provoque une perte de poids (en moyenne de 13 %) et une baisse des taux de neurotensine à jeun de l’ordre de 40 %. Sur une période d’une année, les chercheurs ont observé que la libération de neurotensine au moment des repas (pics de neurotensine) était supérieure chez les sujets ayant maintenu ou poursuivi leur perte de poids, par rapport aux sujets ayant repris du poids. Cette nouvelle étude semble indiquer que l’évolution des taux de neurotensine chez les sujets en surpoids ou obèses pourrait permettre de prédire l’évolution du poids corporel à moyen terme et notamment d’anticiper une éventuelle reprise de poids.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Increased meal-induced neurotensin response predicts successful maintenance of weight loss www.metabolismjournal.com. Consulté le 19 avril 2023
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